Depuis quelques semaines, les producteurs de vanille s’activent à récolter leurs gousses sur les orchidées. Jusqu’à la mi-juillet, la saison de récolte bat son plein. Ce mercredi matin, l’heure était à la collecte et à la pesée de la vanille dans les hauteurs de Dzoumogné par l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte.
L’association Saveurs et Senteurs de Mayotte a d’ores et déjà collecté une tonne de vanille verte depuis mi-mai, période du lancement de la saison de la récolte auprès des producteurs. A Dzoumogné, ce mercredi matin, plusieurs d’entre eux avaient rendez-vous avec l’association, pour la collecte et la pesée des gousses, fruit de la récente récolte. Cette année, les gousses sont triées par producteur et toujours séparées par tailles – grandes et petites. En plus d’être plus parfumées, les grandes gousses « vont être beaucoup plus riches en vanilline et beaucoup plus souples aussi », note Julie Moutet, la coordinatrice de l’association.
Neuf mois avant de récolter la gousse
Récoltée une fois par an, entre mi-mai et mi-juillet, la vanille demande beaucoup de temps aux producteurs. À partir de la floraison, il faudra compter plusieurs mois avant que la simple fleur ne devienne la gousse à l’odeur si particulière. Le vanillier est une orchidée, qui a besoin d’un tuteur pour grandir et qui se multiplie uniquement par bouturage, « on ne sème pas les graines de vanille », précise la coordinatrice. Après deux ou trois ans d’attente pour voir arriver les premières fleurs, celles-ci « vont s’ouvrir tous les jours entre août et novembre et à ce moment-là, il faudra les féconder manuellement, tous les matins ». Une fois la fleur fécondée, « il faut attendre neuf mois avant de récolter la gousse ».
Entre 1,5 et 2 tonnes en 2023
Dans son champ de vanillier, Aboud Hamed, producteur à Dzoumogné, explique qu’il a « toujours fait ça ». Ce passionné « contrôle tous les jours » ses orchidées et chaque année, il continue à en récolter un peu plus. À Mayotte, en 2022, la récolte s’est élevée à 1,4 tonne, achetée auprès d’une quarantaine de producteurs. En 2023, la coordinatrice estime une meilleure production avec une quantité estimée « entre 1,5 et 2 tonnes ». Ce mercredi matin, ce sont 265 kilos de vanille qui ont été récoltés lors de la tournée.
Une fois la vanille verte collectée, arrive l’étape de l’échaudage qui consiste à plonger les gousses dans de l’eau chaude pour arrêter leur vieillissement et permettre l’activation des arômes. S’en suit l’étape de l’étuvage, qui elle, consiste à enfermer les gousses dans des caissons étanches afin de les déshydrater. Pour finir, les gousses sont séchées au soleil, ensuite à l’ombre, puis dans des coffres en bois. L’association, après avoir collecté la vanille verte auprès des producteurs, « la prépare pendant au minimum huit mois avant de la vendre », confirme Julie Moutet.
« Garantir une traçabilité et une homogénéité de la qualité »
Depuis 2018, l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte s’est engagée sur un projet de relance de la filière vanille de l’île aux parfums. « On s’est aperçu que si on voulait garantir une traçabilité et une homogénéité de la qualité, il fallait qu’on centralise la vanille verte et qu’on la prépare nous-mêmes », explique Julie Moutet. Profitant d’un contexte favorable, la filière devrait voir ses quantités encore augmenter au fil des années. Vendue au pôle d’excellence rurale, dans les magasins Baraka Frais à Ouangani, à Kagna Maoré à Kawéni et à l’aéroport, la vanille de Mayotte pourra bientôt être disponible en commande en ligne. En parallèle, une cagnotte en ligne avait été lancée pour précommander cet or noir. « Cette cagnotte, nous a permis d’avoir un maximum de trésorerie à cette période où on a besoin de payer les producteurs », annonce la coordinatrice. De quoi satisfaire les producteurs et les acheteurs, qui pourront ainsi consommer ou offrir cet or noir mahorais.
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