Une serre d’urgence en bambou au lycée agricole de Coconi

Comme la plupart de celles de l’île, les serres du lycée agricole de Coconi ont été détruites par le cyclone Chido. Afin de pouvoir replanter rapidement, l’établissement a profité d’une formation pour construire une serre d’urgence en bambou.

Sur les sept serres du lycée agricole de Coconi, seules deux ont tenu debout pendant le passage du cyclone Chido, le 14 décembre. Deux semaines après, une partie d’une nouvelle en bambou se tient fièrement debout, dans l’entrée de l’enceinte de l’établissement. Alors que le centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) rattaché au lycée avait prévu un stage autour de la construction en bambou la semaine du 16 décembre, les plans ont été adaptés pour faire construire aux apprentis cette structure vouée à sauver les plans de maraîchage. « On a voulu lier cette opportunité à l’utile », indique Eugénie Pelletier, responsable des formations courtes au CFPPA.

Pour ce faire, plusieurs stagiaires pilotés par des membres de Lilo Bambou et l’architecte Tibaut Fung Kwok Chine ont construit au sol la charpente de la serre avant de commencer à l’ériger ce mardi, après avoir travaillé cinq journées dessus. « On a voulu montrer qu’on pouvait être réactifs et construire rapidement », explique Louis Dossal, co-gérant de Lilo Bambou, et travaillant également pour Agrikania, une entreprise de construction agricole. Le lycée agricole a ainsi 100 mètres-carré de serre neuve, qui va lui permettre de replanter salades, concombres et autres produits du maraîchage qui profiteront du reste de la saison des pluies.

Des structures résistantes

Louis Dossal explique que le bambou peut également être utilisé pour des modules urbains et espère pouvoir ainsi participer à la reconstruction de l’île. « On est allé voir les structures qu’on avait construites avant le cyclone, au lycée de Chirongui par exemple, et elles ont tenu », met en avant le co-gérant pour illustrer la résistance du bambou.

Ici, ils ont utilisé ce qui leur restait de bambou traité. Mais Lilo Bambou projette aussi d’utiliser celui tombé pendant le cyclone, sans traitement, pour d’autres structures agricoles d’urgence. « Ce ne sera pas pérenne, mais cela permettra à des serres de durer deux ans, le temps de construire quelque chose de plus solide », ajoute-t-il. Une démarche à laquelle compte participer Tibaut Fung Kwok Chine, venu initialement à Mayotte depuis La Réunion deux semaines pour animer la formation. « La semaine prochaine, on compte aller évaluer le bambou tombé, pour vérifier qu’il est exploitable et quels seraient les moyens humains, techniques et financiers pour le récupérer », prévoit celui qui a décidé de prolonger son séjour sur l’île pour participer à sa reconstruction, via son entreprise Architecture Métissée.

Dans la reconstruction

De l’initiative de Lilo Bambou et de l’architecte est également née une cagnotte, qui a permis de financer le matériel pour la construction de la serre durant la formation et a financé en partie par des fonds européens. Le reste de l’argent récolté doit servir au diagnostic du bambou et aux intervenants d’aller former agriculteurs et constructeurs agricoles, mais aussi les équiper, pour que d’autres constructions en cette matière voient le jour. Pour cela, Thibaut Fung Kwok Chine travaille sur des plans simplifiés, rapides à mettre en œuvre, comme pour la serre du lycée agricole, où bambou, mais aussi bois et métal des anciennes serres détruites, ont été réutilisés. Avec Lilo Bambou, il espère pouvoir aider à structurer la filière, qu’il estime nécessaire à la reconstruction de l’île : « le bambou est un vecteur de résilience ».

 

Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes

À la Une