Une information selon laquelle Mayotte ne ferait pas partie du futur observatoire des agricultures de l’océan Indien porté par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) circule depuis quelques jours sur la toile. Face à ces rumeurs, Isabelle Mialet-Serra, l’animatrice et coordinatrice de la plateforme régionale en recherche agronomique pour un développement durable dans l’océan Indien, tient à mettre les points sur les i.
« Les Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles et La Réunion, les cinq membres de la COI, exclusivement insulaires, sont confrontés au défi de générer une exploitation agricole en faveur de systèmes de production durables et résilients, adaptés aux réalités et contraintes de leurs territoires. » Relayée par outremer360 ce mercredi, l’information selon laquelle le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) travaille sur la création d’un observatoire des agricultures de l’océan Indien a eu l’effet d’une bombe. Car oui, quid de l’île aux parfums dans tout cela ? En coulisse, cette indiscrétion sonne comme une douche froide dans la mesure où le nom de Mayotte n’est pas cité…
« C’est évidemment inacceptable. […] Quand de tels scandales vont-ils enfin cesser ? Qu’attendent les élus et parlementaires pour saisir le gouvernement et lui demander de ne pas donner de suite à ce projet si Mayotte n’en est pas bénéficiaire à part entière et en sa qualité de département français et de régional européenne de l’océan Indien ? », s’insurge-t-on parmi les sympathisants du 101ème département qui y voient un coup de pression de certains pays membres de la commission de l’océan Indien.
Phase de faisabilité à Madagascar
Jointe par téléphone, Isabelle Mialet-Serra, l’animatrice et coordinatrice de la plateforme régionale en recherche agronomique pour un développement durable dans l’océan Indien (PRéRAD-OI), tente de tuer dans l’œuf cette escarmouche ! « Nous avons l’ambition de développer un observatoire régional », explique celle qui pilote le projet. Avant de confier que seul Madagascar se trouve pour le moment à un stade avancé. « Nous avons un volontaire qui fait tout un travail de terrain remarquable. Nous sommes actuellement en phase de faisabilité depuis avril 2021. Nous commençons petit à petit ! »
Devraient suivre l’Île Maurice et La Réunion. Par contre, c’est encore le statu-quo pour l’Union des Comores et les Seychelles à en croire la coordinatrice qui confirme néanmoins que « Mayotte reste éligible et n’est pas du tout exclue ». Pour preuve, une délégation de l’organisme s’est rendue sur le territoire peu avant le début de la crise sanitaire pour présenter à différents acteurs institutionnels l’intérêt de cet outil d’aide à la prise de décision et aller à la pêche aux financements.
Beaucoup de bruit pour pas grand-chose en soi… L’ambition de cet observatoire se résume à construire une connaissance partagée et harmonisée de la diversité des systèmes agricoles, de leurs fonctionnements, de leurs performances et de suivre dans le temps leurs évolutions différenciées et leurs progrès. Mais aussi à proposer des produits et des services pour les acteurs du développement agricole et rural sur un territoire, pouvant aller de la restitution de résultats technico-économiques et de bilans d’exploitations simplifiés, en passant par la mise au point de référentiels technico-économiques et environnementaux par type de système de production, d’un appui au conseil et/ou l’établissement de plaidoyers.
Reste maintenant aux organisations de producteurs et aux pouvoirs publics de se saisir de ce dossier pour ne pas raviver une polémique inutile…
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.