Ce mercredi matin, les agriculteurs mahorais ont manifesté leur mécontentement par rapport à la suppression des aides de la Politique Agricole Commune (PAC). Toutefois, un manque de communication en interne a fait que très peu d’agriculteurs s’étaient déplacés à Mamoudzou pour crier leur ras-le-bol. La petite dizaine présente a toutefois assumé le mouvement et a défilé en cortège jusqu’au locaux de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) où elle a réussi à être reçue.
Un gros dispositif policier était présent sur la place de la République ce mercredi matin pour encadrer la manifestation des agriculteurs de l’île. Preuve que les autorités pensaient sans doute y trouver un grand nombre de personnes. Or, le mouvement a en quelque sorte fait chou blanc puisque les manifestants étaient à peine une dizaine. « Nous avions demandé à Mayotte la 1ère de diffuser un communiqué pour informer de [sa] tenue, mais cela n’a pas été fait. Peu d’entre [nous] ont donc eu l’information », explique Ali Hamada, le président de la confédération paysanne de Mayotte.
Qu’à cela ne tienne, malgré leur faible nombre, les agriculteurs présents ont manifesté comme prévu. Munis de leur banderole « Sauvons l’agriculture mahoraise », ils ont fait le tour du rond-point de la barge avant de monter jusqu’à la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) où ils ont réussi à être reçus par son directeur et celui de la direction des ressources terrestres et maritimes du conseil départemental (DRTM).
La suppression des aides de la PAC à l’origine du mécontentement
Le mécontentement des agriculteurs mahorais trouve son origine dans la suppression des aides de la PAC pour ceux installés de longue date sur des parcelles du conseil départemental. Ces dernières étant situées en zones forestières protégées, la préfecture a donc estimé que leur exploitation par les agriculteurs n’était pas légale, d’où la suppression des aides. Une décision qui a plongé les principaux concernés dans une profonde incompréhension. « Ces parcelles sont exploitées depuis des dizaines d’années par les agriculteurs, ça n’avait jamais posé de problème auparavant d’autant plus que les agriculteurs concernés ont tous un numéro de Siret », s’exclame Ali Hamada dont la confédération a pris le dossier en main, soutenu par la chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte.
« Il est urgent de régulariser le foncier pour que les agriculteurs puissent continuer à recevoir les aides de la PAC », poursuit Anthoumani Saïd, son président. « Ils ne demandent qu’à faire leur travail dans les règles, mais ont besoin d’être soutenus. Or la suppression subite des aides les a mis en grande difficulté », développe-t-il. Apparemment, cette suppression a été faite sans qu’ils n’aient été correctement informés en amont. Les aides annuelles de la PAC s’élèvent à minimum 410 euros, mais se calculent en fonction du nombre d’hectares exploités. « C’est un gros manque à gagner pour les agriculteurs quand nous savons que le secteur a déjà du mal à décoller sur le territoire », déplore Anthoumani Saïd.
Un dialogue a été engagé
Malgré leur faible nombre, les agriculteurs présents à la manifestation ont quand même été entendus par la DAAF et la DRTM qui les ont reçus. « Les directeurs de ces instances nous ont expliqué qu’ils allaient procéder à une régularisation des titres d’occupation, mais que cela se fera au cas par cas », révèle Ali Hamada. Un début de dialogue qui a rassuré les représentants des agriculteurs, sans pour autant véritablement calmer leur colère. « Ils nous ont expliqué que l’Europe ne pouvait pas accorder des aides aux agriculteurs qui exploitaient des parcelles situées en zone forestière protégées, mais les agriculteurs cultivent là où ils peuvent ! », s’indigne le président de la confédération paysanne.