Avant la fête de la Vanille, les 30 novembre et 1er décembre (voir encadré), l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte a organisé une matinée dégustation au lycée des Métiers du goût et des saveurs de Kawéni, ce jeudi. Les jurés y ont dû déterminer la meilleure vanille parmi les productions de Mayotte.
De l’une des salles du lycée des Métiers du goût et des saveurs de Kawéni s’échappent des effluves de vanille, ce jeudi. Assis devant plusieurs gousses, sept fins connaisseurs s’attellent à juger le fruit du travail de huit producteurs de vanilles de l’île. « Le goût est très agréable en bouche », « l’odeur est peu prononcée », « très belle longueur », expriment tour à tour les jurés qui doivent élire la plus belle vanille, qui sera annoncée à l’occasion de la fête de la Vanille à Coconi, le 30 novembre et le 1er décembre (voir encadré). Aucun d’eux n’est producteur, mais tous gravitent autour de la filière. Ils sont professeurs en restauration, membres de la Chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (Capam), étudiant en BTS, et depuis 9 heures, ils dégustent et notent individuellement les extraits. C’est le cas d’Ibrahim Fonte, responsable du service végétal à la Chambre. « Il y a des échantillons qui ont été très bien préparés », commente celui qui est également coordinateur du salon de l’Agriculture. Si les jurés ne viennent pas forcément du même milieu, c’est un moyen d’équilibré les notes attribuées, « en tant que technicien, je ne recherche pas la même chose qu’un restaurateur, par exemple, qui va lui consommer directement la gousse de vanille », explique le technicien.
Un travail minutieux, qui a nécessité une courte formation de trente minutes pour préparer à la notation des vanilles venant de huit producteurs différents. Ils sont parvenus à désigner un lauréat, qui sera annoncé lors de la fête dans un mois.
Susciter l’intérêt des jeunes
Si les producteurs sont encore plus d’une centaine sur l’île, le secteur cherche un nouveau souffle, surtout auprès des jeunes. « La filière est en plein redémarrage », explique le producteur de M’tsangamouji, Abassi Dimassi. Importée à l’époque coloniale, dans les années 1800, la vanille a connu un âge d’or au cours des années 1970, mais elle n’a pas su faire face à plusieurs défis, notamment assurer la relève et susciter l’intérêt. Pour « Foundi Madi », producteur à Tsingoni et heureux gagnant de la médaille d’argent au salon international agricole de 2023, le travail de l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte peut faire changer les choses. Lui, qui a grandi en regardant ses parents et ses grands-parents cultiver l’épice, considère qu’à force de valoriser les activités de la filière, les jeunes seront motivés par les perspectives d’avenir. Pour Abassi Dimassi, elle en a : « Notre seule manière de nous distinguer, c’est de proposer un produit d’une qualité la plus optimale possible ». Des jeunes déjà en partie avertis puisque les élèves du lycée professionnel de Kawéni participent à la fête et ont imaginé des cocktails à base de vanille pour l’occasion. Une idée qui plaît aux acteurs de la filière pour qui le marché local peut encore être développé.
« Il y a tout un travail à faire de mise en valeur de la vanille dans le cuisine mahoraise », fait remarquer Julie Moutet, coordinatrice de l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte.
La fête de la Vanille à la fin du mois
Organisée par l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte, la fête de la Vanille s’installe pour la quatrième fois au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi, le 30 novembre. Depuis 2018, la structure basée au PER tente de relancer la filière en transformant et commercialisant la vanille de ses producteurs adhérents. Le samedi 30 novembre, il y aura donc des animations, la remise des prix des dégustations et des artisans locaux.
Le lendemain, l’événement continuera par des visites d’explantations, qui se concentrent principalement dans le centre et dans le nord de l’île. Ouvertes au grand public, elles se feront sur réservation. Contact : saveursdemayotte@gmail.com
Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.