Le syndicat Jeunes agriculteurs existe en France depuis plus de 60 ans. Sa mission, à Mayotte comme ailleurs, est de renouveler les générations puisque la population agricole est de plus en plus vieillissante. Mais depuis le début du confinement sur l’île, le syndicat doit pallier aux pertes considérables qu’enregistrent les agriculteurs, en mettant à disposition leurs produits en ligne.
C’est un fait, la profession d’agriculteur n’attire plus. La jeune génération ne rêve plus de cultiver les terres ou d’élever des animaux. À Mayotte, “la moitié de la population agricole encore active aurait dû prendre sa retraite”, indique Guillaume Meric, coordinateur du syndicat Jeunes agriculteurs de Mayotte. Et pourtant, les plus jeunes ne se bousculent pas pour prendre la relève, alors le syndicat se démène pour les attirer.
Sa principale mission ? Faciliter la procédure d’implantation des nouveaux arrivants. “Les installations se font en moyenne autour de 28-30 ans. Nous accompagnons les adhérents dans leurs démarches administratives, notamment pour obtenir toutes les aides financières auxquelles ils ont droit”, explique Soulaimana Moeva, président du syndicat. Un accompagnement nécessaire puisque la procédure est souvent complexe et les principaux concernés ne savent pas toujours vers qui se tourner.
Malgré ce coup de pouce, les installations officielles ne sont pas nombreuses dans le 101ème département. Une situation qui s’explique par le manque de considération de la profession. “Ici, tout le monde a un champs et chacun devient agriculteur le week-end, donc le métier n’est pas assez pris au sérieux. Mais nous poussons les plus jeunes à se professionnaliser dans ce domaine”, souligne Guillaume Meric. Cela se concrétise par de la sensibilisation dans les établissements scolaires et par des journées portes ouvertes au sein des exploitations pour découvrir le métier. Dans le futur, le syndicat souhaite développer l’agrotourisme, qui peut être un atout majeur pour les professionnels.
De la vente en ligne au plus près des agriculteurs
Depuis le début de ce deuxième confinement à Mayotte, le syndicat s’est vu attribuer un nouvel objectif : aider les producteurs à écouler leurs marchandises qui ne trouvent plus preneur. “Nous avons mis en place les ventes en ligne. Nous mettons à disposition les produits disponibles chez les agriculteurs sur notre page Facebook et les clients peuvent passer leurs commandes. Nous constituons des paniers et chacun va retirer le sien au point de retrait à Cavani”, détaille Soulaimana Moeva, président des Jeunes agriculteurs de Mayotte. Le système semble porter ses fruits puisque les commandent se multiplient.
Le syndicat veut pérenniser ce dispositif en créant un site web où l’on pourra contacter directement les professionnels. Un dispositif qui permet également de lutter contre l’économie informelle. “Quand les marchés sont fermés, les gens ont encore plus tendance à aller vers les marchés informels. Nous voulons fidéliser les clients pour lutter contre cela. Ils connaîtront ainsi l’origine des produits et sauront ce qu’ils mangent”, selon Soulaimana Moeva.
Sur le long terme, le syndicat aimerait inciter les exploitants à recevoir les consommateurs dans leurs champs pour que ces derniers puissent cueillir et choisir eux-mêmes leurs produits. Mais le chemin sera long puisque les terrains sont difficile d’accès, particulièrement en saison de pluie où les routes sont sinueuses. Même si les exploitations manquent d’infrastructures, le syndicat ne perd pas espoir. La vente en ligne est une grande innovation pour la profession à Mayotte, alors tout le reste est également possible.