“Il y a un trou sur quelques mois sans fruits et légumes disponibles”

Le passage de Chido a dévasté l’agriculture mahoraise, 80 % des productions agricoles sont détruites selon la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf) de Mayotte. Pour assurer la sécurité alimentaire de l’archipel, les importations ont progressé.

Avant le cyclone Chido, l’île aux parfums était presque autosuffisante en fruits et légumes. “Chaque année, environ 30.000 tonnes de bananes vertes sont produites, à La Réunion c’est entre 5.000 et 6.000 tonnes par an”, illustre Eric Bianchini, directeur adjoint de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Daaf) de Mayotte. L’agriculture mahoraise est vivrière, avec une majorité d’agriculteurs qui ne sont pas professionnels et qui cultivent pour leur consommation personnelle, leur production était la base de leur nourriture. Sur 4.312 exploitations recensées en 2020, 2.500 disposent d’un Siret. Désormais “Il faudra attendre six mois pour voir les premiers légumes et d’ici la fin de l’année pour les premières bananes”, indique Eric Bianchini.

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Les premiers fruits et légumes seront disponibles dans 6 mois environ.

L’inquiétude c’est maintenant, “il y a un trou sur quelques mois sans fruits et légumes disponibles”. Par ailleurs, le Ramadan commence dans quelques jours, “une période où la consommation s’intensifie, il y aura donc une forte demande alimentaire alors qu’il n’y aura que de l’import qui apportera l’alimentation”, poursuit-il.

Importer des noix de cocos

Alors que la sécurité alimentaire est compromise, un arrêté préfectoral a été pris fin décembre après le cyclone pour alléger celui de 1995 relatif à l’importation des végétaux. Si les productions de bananes vont repartir sans intervention, ce n’est pas le cas des cocotiers par exemple. La cocoteraie mahoraise a été massivement détruite, “70 % des cocotiers sont morts et il faut attendre 6 à 7 ans pour que les arbres donnent des fruits”. Ingrédient important de la cuisine mahoraise, il est donc envisagé d’en importer des pays d’Asie. Toutefois, pour cela les pouvoirs publics veulent être très vigilants pour ne pas introduire des pathogènes extérieurs qui peuvent être mortels pour la cocoteraie de Mayotte.

Pour relancer la production, encore faut-il que les agriculteurs reconstruisent leurs équipements. De nombreux éleveurs et producteurs ont leurs bâtiments à terre, c’est le cas de Mhamadi Abdallah, propriétaire de l’EARL Fleury Coq située à Vahibé qui était le deuxième producteur d’oeufs de l’île avec 11.000 oeufs par jour. Aujourd’hui, il ne reste que les armatures de ses bâtiments, il a perdu ses 11.000 poules. Pour relancer sa production, il doit repartir de 0. “Est-ce que je vais me relever ? Honnêtement je n’y crois pas”, confie l’agriculteur abattu qui s’occupe de cette exploitation depuis 15 ans. La loi d’urgence pour Mayotte adoptée le 13 février prévoit quinze millions d’euros pour relancer la filière. La Daaf a également ouvert un fonds de secours pour les outre-mer (FSOM) avec une aide qui peut atteindre jusqu’à 50.000 euros.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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