La filière de la vanille se structure à Mayotte

L’association Saveurs et Senteurs, qui réunit 37 producteurs de vanille, s’est donné pour objectif de relancer la filière à Mayotte en assurant la transformation et la commercialisation de l’orchidée. En quatre ans, elle a fait passer ses quantités de 65 kilos à 1,4 tonne.

« Auparavant, les producteurs n’avaient pas vraiment de débouchés », assure Julie Montet, coordinatrice de Saveurs et Senteurs. L’association née en 2011 réunissait, à ses débuts, les exploitants de vanille pour leur donner plus de poids lors d’événements comme le salon de l’agriculture. Avant de prendre un tournant en 2017. Son objectif : relancer la filière à Mayotte. « A cette époque, de nombreux producteurs mahorais avaient arrêté leur production ou ne produisaient que pour leurs proches », détaille la coordinatrice. Après avoir réalisé un état des lieux de la filière, l’association est allée à la rencontre de ces agriculteurs pour les inciter à lui vendre leurs gousses. En 2018, seulement 65 kilos, émanant de sept exploitations ont été collectés. Une quantité passée à 750 kilos trois ans après et qui a encore doublé en 2022 pour atteindre 1,4 tonne. Aujourd’hui, 37 producteurs vendent leur vanille à Saveurs et Senteurs.

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Daouirou Siaka, producteur et président de l’association Saveurs et Senteurs, récolte environ 40 kilos de vanille par an sur sa parcelle d’un demi-hectare, où il cultive également des bananes.

Parmi eux, Daouirou Siaka, installé à Poroani, produit en moyenne 40 kilos d’orchidées. Le producteur, également président de l’association, a relancé sa production il y a deux ans. « C’est un produit qui demande énormément de temps, beaucoup d’entretien et il faut faire la fécondation manuellement. Mais c’est rentable », assure-t-il.

Les prix du marché multipliés par quatre

Pour convaincre les agriculteurs de vendre leur production à l’association, cette dernière a en effet multiplié par quatre les prix du marché. « Alors que le kilo se vendait entre 15 et 20 euros, nous leur avons proposé un prix d’achat de 30 euros, aujourd’hui passé à 60 euros », indique la coordinatrice. Et l’opération serait payante. « L’objectif pour nous est de faire un produit de qualité. » La structure cible donc les marchés haut de gamme, et vend ses produits dans les épiceries fines, à l’aéroport ou dans les commerces de fruits et légumes comme le magasin Baraka frais, à Ouangani. « Nous trouvons facilement des débouchés, nous n’arrivons d’ailleurs pas à satisfaire la demande. L’enjeu pour nous est plutôt de collecter davantage de vanille », insiste Julie Montet.

La filière profite toutefois d’un contexte favorable et devrait voir ses quantités encore augmenter dans les années à venir. « Chaque producteur double sa production chaque année. Ils profitent d’une très bonne floraison », poursuit la salariée de l’association qui prévoit déjà de collecter près de deux tonnes de gousses en 2023.

« Développer la vente en ligne avec la métropole »

Dans les locaux de l’association, situé au sein du pôle d’excellence rurale de Coconi, seuls Julie Montet et un apprenti assurent les différentes étapes de transformation. Une fois la vanille verte collectée, il faut procéder à l’échaudage qui consiste à « plonger les gousses dans l’eau chaude pour stopper leur vieillissement et créer un choc thermique afin d’activer la formation des arômes ». La deuxième étape est l’étuvage qui consiste à enfermer les gousses dans des caissons étanches, pour les déshydrater. Ces dernières sont ensuite séchées au soleil pendant dix à quinze jours, puis durant un à deux mois dans des coffres en bois. « Il faut au minimum huit mois avant de pouvoir les commercialiser », précise la coordinatrice.

Pour continuer à se développer, la structure, qui commence à être à l’étroit dans ses locaux, envisage de déménager d’ici la fin d’année prochaine, dans un local plus grand, toujours sur le site de Coconi. Et espère recruter une personne supplémentaire. « Notre objectif est de réussir à satisfaire la demande locale et à développer la vente en ligne avec la métropole », poursuit la coordinatrice.

Car même si la vanille de Madagascar – beaucoup moins cher – est vendue sur le territoire, les gousses de Mayotte ont rencontré leur public. « Les touristes veulent ramener des produits mahorais », souligne la jeune femme. « Et c’est aussi un cadeau que font les habitants, quand ils vont en métropole par exemple ».

 

La fête de la Vanille organisée ces samedi et dimanche

Samedi 26 novembre, trente exposants se réuniront à Coconi pour vendre des produits locaux à base de vanille. Des artisans, pâtissiers, glaciers et restaurateurs qui commercialiseront des confitures, des achards ou des jus. « L’idée est de mettre la vanille à l’honneur, sous toutes ses formes », indique Julie Montet, coordinatrice de l’association Saveurs et Senteurs, à l’initiative de cette journée. Des visites du jardin du pôle d’excellence rurale seront également organisées ainsi qu’une conférence sur la vanille de Mayotte et la diversité des vanilles du monde. Le lendemain, dimanche 27 novembre, trois producteurs organiseront des visites de leurs exploitations. Les visiteurs peuvent dès à présent s’inscrire via la page Facebook des Jeunes agriculture de Mayotte.

Samedi 26 et dimanche 27 novembre, de 9 h à 14 h, sur le site du pôle d’excellence rurale de Coconi.

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