Ce pépiniériste fournit les agriculteurs qui ont perdu toute leur culture

Calvin Picker a été très réactif. Au lendemain de Chido, l’agronome a ramassé les noyaux et graines pour les replanter et redémarrer la production à Mayotte. Deux mois après Chido, il fournit les agriculteurs en plants. Reportage chez un agriculteur de M’tsangamouji.

Depuis Chido, Calvin Picker est débordé. Le conseiller pour le développement de l’agriculture biologique s’occupe d’une pépinière dédiée à l’agriculture biologique créée par l’Etablissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) à Ironi-Bé (Dembéni). Alors que les pépinières de l’île n’ont pas survécu à Chido ou ont subi des dégâts considérables, celle de l’Epfam a résisté. Cela grâce aux serres photovoltaïques flambant neuves achevées en avril 2024 par l’énergéticien Akuo avec lequel L’Epfam s’est associé pour le projet.

L’agronome s’est tout de suite mobilisé, dès le lendemain du cyclone. “Quand j’ai vu tous les arbres par terre, j’ai tout de suite pensé au besoin qu’il allait y avoir en matériel de replantation”. Il se met alors à récupérer toutes les graines et noyaux qu’il trouve par terre avec l’aide des enfants de son quartier à Sada pour les mettre en pépinière immédiatement. Il fait alors pousser jacquiers, papayers, arbres à pain, manguiers, prunes de cythère, cacaotiers.  “Je me suis dit qu’il était déterminant et primordial de replanter rapidement si on veut éviter une perte de production alimentaire très importante sur le territoire”, raconte-t-il.

“Il était déterminant et primordial de replanter rapidement”

Deux mois après Chido, les papayers sont prêts à être plantés. “Là, on va amener 100 plants chez un agriculteur de M’tsangamouji”, explique-t-il au volant de son pick-up. Au bout d’une piste entre les villages de Dzoumogné et Mt’sangamouji, l’exploitation à flanc de colline de Moudjitaba Daoud Attoumani a été ravagée. “Les cultures de cocotiers, vanille, bananiers, manioc sont perdues”, décrit l’agriculteur en contemplant son champ nu. Calvin Picker connaît bien l’exploitant, il l’a accompagné dans ses démarches vers la certification Agriculture biologique. Dans son travail, Calvin Picker accompagne 60 professionnels installés en bio. Depuis le cyclone, chaque jour il leur rend visite et leur amène des plants pour les aider à se relever.

Ce jeudi matin, l’agriculteur a creusé 100 trous sur son terrain pour accueillir les jeunes papayers. Ils sont plantés dans la terre mélangée avec des fientes de poules, “un engrais naturel issu de la société de production d’oeufs Avima-Ovoma”, relate Calvin Picker. Les papayers devraient donner leurs premiers fruits d’ici huit à neuf mois.

Néanmoins, la regénération naturelle des plantes de Mayotte ne sera pas suffisante selon l’expert en agriculture biologique. Il milite pour “importer du matériel végétal pour reconstituer les stocks de cultures vivrières” mais qui doit être fait “dans un cadre avec des arrêtés préfectoraux”. Selon lui, pour cela il faut travailler avec des centres de recherche agronomiques. “Le risque, si ce n’est pas réglementé, c’est que par exemple les noix de coco rentrent quand même par des voies clandestines à Mayotte et là le risque est réel d’importer des pathogènes inconnus sur l’île et qui seraient capables de ravager ce qui reste de la cocoteraie mahoraise”.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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