À Barakani, le jeune agriculteur Latouldine Madi cultive les terres de ses grands-parents avec amour et passion. Respectueuse de l’environnement, son activité est en pleine expansion. Prochaine étape : accueillir des curieux dans une maison traditionnelle en torchis construite sur son exploitation, et ainsi pouvoir véritablement vivre de son métier.
Depuis la classe de troisième, Latouldine Madi rêve d’agriculture. Aujourd’hui, il cultive ses 3.000 mètres carrés de terrain à Barakani et espère pouvoir développer une activité d’agrotourisme. Ananas, fruits de la passion, vanille, curcuma ou encore bananes… L’agriculteur dispose d’une collection d’espèces végétales en tout genre qu’il souhaite encore davantage étoffer. “Ici, je voudrais créer une sorte de jardin forêt, avec des arbres et différentes strates d’espèces végétales”, précise-t-il d’un ton enjoué. Avant d’ajouter : “Je n’ai pas encore atteint mon objectif, je ne cultive ici que depuis deux ou trois ans. Sur Youtube, j’ai vu des jardins qui m’ont inspiré et c’est comme ça que j’ai été attiré par la permaculture.” Sur son exploitation, pas d’intrants ou de produits phytosanitaires, Latouldine s’emploie dans le respect des sols et de la nature qui l’entoure. “Je me suis tourné vers une agriculture qui ne nécessite pas trop de travail de la terre. Au temps de ma grand-mère, il fallait labourer chaque année les parcelles, alors qu’aujourd’hui, nous savons qu’en enrichissant jour après jour la terre, le sol est en meilleure santé et les plantes aussi…”
Un parcours atypique
Bon élève au collège, les professeurs de Latouldine lui conseille de suivre une voie technologique au lycée de Sada, mais son envie de nature ne le quitte jamais. “Après mon bac, j’ai suivi plusieurs formations dans le tourisme, l’agroalimentaire ou encore l’hôtellerie qui m’ont permis de voyager et de perfectionner mon anglais. Puis j’ai travaillé au sein d’une exploitation agricole et j’ai décidé de concrétiser mon projet en créant ma propre exploitation”, rembobine-t-il, avec une certaine nostalgie des années passées. Depuis, Latouldine produit essentiellement pour sa consommation personnelle et vend à quelques observateurs qui viennent lui rendre visite dans les champs. “Mon objectif est de développer mon activité et d’accueillir des personnes qui souhaitent découvrir mon modèle agricole. Mon dernier projet a été la construction d’une maison traditionnelle en torchis », détaille-t-il en pointant la bâtisse du doigt. Un futur logement où il projette d’accueillir les curieux voulant profiter d’une nuit en toute simplicité dans la campagne mahoraise.
Un travail rigoureux
Chaque jour, Latouldine se rend sur son exploitation pour tenir un carnet de bord dans lequel il réalise un suivi de chaque nouveau plant. “Je note la date et l’endroit où je l’ai planté mais aussi si elle est exposée au soleil, à l’ombre ou encore sur une parcelle en pente. J’écris ensuite quand la plante fleurit et enfin quand je procède à la récolte”, énumère les étapes tout en méthodologie. De la mise en culture des espèces en pépinière jusqu’à la consommation des fruits et légumes, Latouldine est attentif à tous les paramètres afin de savoir quelle espèce est la mieux adaptée à ses besoins. “Je n’ai pas fait de formation professionnelle agricole, mais je me renseigne en permanence et fais des expérimentations”, conclut l’agriculteur. Aujourd’hui, il est plus que jamais décidé à vivre de sa passion et à la partager.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.