Le footballeur El Fardou Ben Nabouhane foule les pelouses européennes

On ne présente plus El Fardou Ben Nabouhane, le joueur de foot qui fait rayonner Mayotte à l’étranger. Première Ligue des Champions avec l’Olympiakos, attaquant vedette de l’Étoile Rouge de Belgrade, Capitaine de l’équipe des Comores lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021… Le footballeur mahorais a su se faire une place au-delà nos frontières.

Du haut de ses trois ans, El Fardou Ben Nabouhane avait déjà commencé à dompter le ballon rond à Barakani, commune qui l’a vu naître. Puis c’est à Passamainty, dans son village maternel, qu’il a grandi. Une enfance durant laquelle le football a parfois pris la place de l’école coranique, admet El Fardou Ben Nabouhane, qui se souvient être arrivé plusieurs fois en retard en cours, le temps de finir un match avec ses amis. « C’était l’insouciance de l’enfance », se rappelle le joueur, qui rêvait déjà, alors, de jouer la Ligue des Champions. Et il voyait juste.

À dix ans, il s’envole pour La Réunion et rejoint la JS Saint-Pierroise. Là, il joue dans toutes les catégories, jusqu’à rejoindre l’équipe première du club à l’âge de 15 ans. Un an plus tard, un autre départ attend l’adolescent : à 16 ans, il est recruté par le Havre Athletic Club, avec lequel il signe son premier contrat en tant que joueur professionnel. L’aspirant champion évolue ensuite dans différents clubs de métropole.

« À ce moment-là de ma carrière, je voulais mieux »

Mais les opportunités qui l’intéressent ne sont pas sur les pelouses françaises. « Mon objectif était de rester professionnel, et on ne me proposait pas de meilleure opportunité que ce que j’avais déjà eu. À ce moment-là de ma carrière, je voulais mieux, et on m’a proposé un club en Grèce », explique le joueur de 34 ans, qui a alors un objectif en tête : intégrer le plus grand club grec, l’Olympiakos. Mais pour cela, il doit d’abord faire ses classes. C’est ainsi qu’il rejoint le club grec PAE Veria.

La vie du jeune homme change alors du tout au tout : nouveau pays, nouvelle langue. C’est d’ailleurs là-bas qu’il apprend l’essentiel de l’anglais qu’il connaît aujourd’hui. « Maintenant, je vois l’importance que cela a eu dans ma carrière », souligne rétrospectivement celui qui a depuis fouler les terrains de plusieurs pays.

Après deux bonnes saisons, El Fardou Ben Nabouhane se fait remarquer et signe enfin avec l’Olympiakos pour une durée de trois ans. Mais alors qu’il touche son rêve du bout des crampons, une grave blessure vient ternir le tableau. « Au moment où je signe, je me blesse et doit rester six mois sans jouer. » Un souvenir amer. À son retour de convalescence, il est prêté à l’APO Levadiakos pendant six mois, puis au Paniónios GSS pendant un an, ce qui lui permet de reprendre confiance en son jeu. « Là-bas, j’ai rencontré un coach qui a changé ma vie et ma carrière, Vladan Milojevic. » El Fardou Ben Nabouhane recroisera la route de Vladan Milojevic, mais en attendant, il effectue une très bonne saison avec Paniónios. Cette performance lui vaut de jouer enfin avec l’Olympiakos, qui ne sera pas déçu. Et pour cause : « Début de saison, je joue, je marque et on se qualifie pour la Ligue des Champions ! »

L’enfant en rêvait, l’adulte l’a fait. El Fardou Ben Nabouhane se souvient qu’il y a toujours cru, et que c’est cette confiance en lui qui l’a amené à ce moment précis. « Tout ce dont je rêvais était enfin là. C’est ce qui m’est venu à l’esprit en foulant la pelouse et en entendant la fameuse musique. Se dire qu’on est face aux joueurs qu’on regarde depuis toujours à la télévision, c’est incroyable. » Il en profite pour affirmer qu’avec travail, confiance en soi et persévérance, tout est possible, que ce soit dans le foot ou ailleurs.

S’adapter au froid pour poursuivre son but

Après cet accomplissement, son chemin a bifurqué vers la Serbie pendant cinq ans. C’est le coach Vladan Milojevic, devenu entre-temps entraîneur là-bas, qui lui propose de rejoindre l’Étoile rouge de Belgrade. « J’ai accepté sans hésiter car c’est quelqu’un que j’admire. » Si l’adaptation au climat froid est compliquée lorsqu’il arrive en plein hiver, le rêve du mahorais va jouer les prolongations : cette fois, la Ligue des Champions, il va la jouer comme titulaire à tous les matchs. Une qualification historique pour le club, qui n’avait pas participé à ce championnat depuis 20 ans. « On joue contre Paris, Liverpool, Naples, donc des gros clubs. Liverpool gagne cette année-là. Se dire qu’on a joué contre les vainqueurs, c’est juste énorme. En plus je suis un grand supporter de Liverpool, donc c’était incroyable de jouer ces matchs », décrit El Fardou Ben Nabouhane.

D’autres matchs d’envergure attendent le joueur. En 2021, il est capitaine de l’équipe des Comores lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) : « Le fait d’y être, c’était quelque chose d’extraordinaire. Sachant que c’était la première CAN du pays. »

En janvier dernier, le footballeur est parti rejoindre un climat plus clément, à Chypre, après avoir signé avec l’Apoel Nicosie. Malheureusement, il s’est gravement blessé en fin de saison et est actuellement en convalescence. Ce nouveau pays lui rappelle Mayotte, avec ses plages et son beau temps. Quand on lui demande s’il envisage un jour de revenir vivre sur son île natale, le joueur est partagé. D’un côté sa mère, toujours à Mayotte, ses proches, le ciel bleu, ses souvenirs d’enfance et la nourriture mahoraise, de l’autre, la Serbie, pays dans lequel il envisage de retourner à l’avenir, où il a fondé sa famille et dont il a obtenu la nationalité.

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