Mardi soir, un nouveau tremblement de terre a secoué l’île. D’une magnitude de 5.3, il fait partie des séismes les plus puissants enregistrés dans le 101e département depuis le début de l’essaim. Une habitation a dû être évacuée.
Il est 20h17 quand la terre tremble à nouveau ce mardi soir. Très rapidement, les premières estimations font état d’un séisme d’une magnitude supérieure à 5. Finalement, il sera évalué à 5.3 par le Bureau de recherches géologiques et minières.
La secousse, qui fait suite à près de 150 tremblements de terre ressentis par la population depuis le début de l’essaim de séismes il y a bientôt quatre semaines, a fait des dégâts dans une habitation de Cavani. Cette maison, située au sud du quartier, a dû être évacuée en raison de fissures inquiétantes, sur décision des sapeurs-pompiers.
L’un des habitants, qui réside à l’étage avec six autres adultes et un enfant, et qui dormait au moment de la secousse, s’est tout de suite inquiété : « On a senti que le séisme était plus fort que d’habitude et on a vu une grande fissure. On a appelé les secours qui ont pu constater les dégâts ». Au total, 15 personnes ont été directement menacées par ce risque d’effondrement : huit à l’étage donc, ainsi qu’une personne seule au rez-de-chaussée (qui a trouvé un hébergement de son côté), et enfin un adulte et cinq enfants habitant dans une case en tôle en contrebas.
Huit évacuations depuis le début
Les autorités ont rapidement décidé de ne prendre aucun risque : « Quand on a vu que c’était un logement sur deux étages et que le premier était sinistré, on a préféré évacuer. Il y avait un risque d’effondrement important », a jugé l’un des sapeurs-pompiers présents.
Quelques minutes après, des représentants de la Ville sont arrivés sur le site, dont le premier adjoint Bacar Ali Boto, pour constater l’ampleur des dégâts. Il a confirmé la volonté de reloger les familles pour la nuit : « Il est important de ne prendre aucun risque et il est préférable qu’elles ne restent pas là ». L’heure tardive et les hôtels complets ont compliqué la tâche de la municipalité. C’est finalement un gîte sur les hauteurs de Cavani qui s’est chargé d’accueillir une partie des habitants évacués.
« Ce n’est pas la première évacuation », précise le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet. En tout, « huit relogements ont fait suite à différents épisodes sismiques », révèle-t-il. En cause, des maisons trop fissurées après les nombreuses secousses. « Une capacité d’hébergement d’urgence a été mise en place », déclare le sous-préfet. Il rappelle que « les pompiers sont formés depuis une semaine, pour être plus facilement à même de repérer » les risques vis-à-vis de la stabilité des habitations. Mayotte compte 600 soldats du feu volontaires et 214 professionnels.
Un blessé léger
Par ailleurs, la secousse de 20h17 a également fait un blessé léger sur l’île, pris en charge par les services de secours, informe la préfecture. « Une interprétation et traitement détaillés des données (et ce malgré des incertitudes) montrent une migration plutôt dans la partie Sud et Est de l’essaim (Le séisme de 20h17 reste dans la zone de l’essaim ou très proche de celle-ci) », précise le Bureau de recherches géologiques et minières sur son site internet. L’essaim pourrait s’être déplacé d’une dizaine de kilomètres. Mais il pourrait plus simplement s’agir d’un défaut de l’un des capteurs qui enregistre les secousses, situé au Kenya, qui aurait faussé l’interprétation. Seule certitude : le train d’ondes observé était plus long que d’ordinaire, en termes de durée. De quoi occasionner un ressenti plus fort, alors même que la magnitude restait modérée. Deux autres tremblements de terre se sont produits mercredi, à 01h02 et 03h33, de magnitudes respectives 4.0 et 4.3.
Par ailleurs, la mission du Groupe d’intervention macrosismique déployée cette semaine à Mayotte s’est rendue ce mercredi à Koungou et Bandraboua, indique Mounirou Boinahery, responsable du pôle administratif de Koungou. « Ils sont venus pour nous accompagner sur le relevé d’informations par rapport aux dégâts (…) La commune va leur fournir une carte pour localiser les bâtiments fissurés ». Concernant l’arrêté de péril ordinaire pris le 6 juin par le maire de Koungou sur l’un des bâtiments de la résidence Canellia Palm aux Hauts-Vallons, où d’importantes fissures sont apparues sur les coursives, Mounirou Boinahery précise : « Il va permettre au tribunal administratif de désigner un expert, pour que soit levé cet arrêté ou que le bâtiment soit évacué si l’expert estime qu’il représente un danger immédiat ». Des travaux de consolidation, que les propriétaires doivent réaliser dans un délai d’un mois auraient d’ores et déjà été imposés. « L’État est intervenu au tout début pour qu’un diagnostic rapide soit fait », rappelle le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet.
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