Au regard de son passé cyclonique, Mayotte n’est pas à l’abri d’un événement hydro climatique majeur comme celui qui vient de toucher nos compatriotes de St Martin et St Barthélemy.
Quand on évoque les cyclones à Mayotte, la mémoire collective revient sur l’ouragan Kamisy. Cet événement a beaucoup marqué les Mahorais avec les 25.000 sans abris et les dégâts matériels considérables, estimés à plus de 200 millions de francs (environ 30 millions d’euros). C’était considérable à l’époque. Au début des années 1980, Mayotte mettait à peine les pieds dans la modernité qu’elle fut durement fauchée le 12 avril 1984. Mais avant Kamisy, l’île a connu de véritables cataclysmes. La mémoire collective semble avoir oublié des épisodes qui pourtant ont changé le cours de l’histoire de l’île.
Dans ce passé méconnu, le dimanche 27 février 1898 survient l’une des plus grandes catastrophes naturelles qui a dévasté l’archipel mahorais. Ce jour là, un vent commence à souffler en brise fraîche du sud de Mayotte. Ce phénomène « anormal pour la saison » inquiète Mr Mizon, l’administrateur de Mayotte. Il pose son regard sur le baromètre, celui-ci affiche un inquiétant 751 hectopascal (hPa) . Retenez juste, pour simplifier les choses, que la pression atmosphérique « normale » doit tourner autour des 1013 HPa. Quand elle baisse, c’est synonyme de dépression et si elle monte c’est l’anticyclone, c’est le calme, le contraire du cyclone. A 21, le baromètre de Mr Mizon atteint le chiffre de 742 HPa. Le doute n’est plus possible : un cyclone va traverser l’île. Mais il est déjà trop tard pour prévenir la population. L’administrateur est impuissant face au désastre qui s’annonce. Déjà « les gros arbres sont arrachés, les toits volent dans les aires, des maisons s’écroulent ». A 4 heures 45 du matin, le baromètre est à 735, les éléments sont déchaînés. A 8 heures du matin le baromètre remonte à 751 hectopascals. Mais les vents sont encore trop forts, ils sont suivis de pluies diluviennes.
Sans abri et sans vivres
En Petite-terre, le spectacle est apocalyptique : « La digue qui relie Dzaoudzi à Pamandzi est en partie détruite. La jetée de l’Est n’est plus qu’un souvenir tandis que celle de l’ouest a été en partie rasée ». Tous les bâtiments ont perdu leurs toitures, d’autres se sont écroulés. Il ne reste plus que les quatre murs du magasin général : tous les approvisionnements matériels et vivres qu’il renfermait sont perdus. La population se retrouve sans abri et sans vivres.
« Le lagon, tant vénéré pour ses rades protectrices, a connu son lot de désolation. Toute la flottille de l’île est détruite. Le trois-mâts La Pauline et deux boutres de 150 tonnes ont fait naufrage sur les côtes de la Grande-Terre… « C’est une véritable catastrophe car La Pauline transportait l’approvisionnement annuel en vivres des grandes plantations : son chargement est irrémédiablement perdu », note Mizon. Il ne reste que 2 maisons à Mtsapéré, la seule véritable grande ville de Grande-terre. « Le cyclone a dépassé en violence tout ce qu’il est possible d’imaginer et (…) a surpassé le cyclone qui assaillit Maurice en 1891 (…) Les pentes ont été dénudées […] Tous les villages indigènes ont été complètement rasées, cases et arbres », conclut l’administrateur de Mayotte dans son rapport. Le cyclone tua une soixantaine de personnes. Il mit à genoux toute l’économie de l’île en ravageant les plantations. L’industrie qui accumulait déjà des difficultés, après un premier événement passé en 1858, a été définitivement engloutie. Cette catastrophe fut suivie d’une épidémie de variole qui fit 2.300 victimes en 1898 sur une population d’environ 12.000 habitants.
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