Réunis comme au premier jour place de la République lundi matin, quelque 300 manifestants ont défilé dans les rues de Mamoudzou en tractant les entreprises et les administrations afin qu’ils participent aujourd’hui à une opération « île morte ». En parallèle, une réunion s’est tenue entre les élus afin de décider d’une réponse à donner à la colère populaire qui s’exprime depuis près d’une semaine.
Ils se sont assagis, mais ils sont toujours aussi nombreux. Réunis ce lundi matin place de la République, les manifestants menés par des délégués syndicaux de FO et de la CFDT ainsi que par le collectif des associations de Mayotte ont ensuite défilé dans les rues de Mamoudzou. Objectif : distribuer des tracts aux commerçants et administrations afin qu’ils rejoignent l’opération « île morte » prévue aujourd’hui. « Ce mardi 27 février 2018, fermez les administrations, vos magasins et vos entreprises et [rejoignez] la marche en soutien [aux] victimes de l’insécurité à Mayotte », peut-on lire sur ces tracts.
Cependant, au cours de la distribution lundi, la foule a marqué un temps d’arrêt de près d’une vingtaine de minutes en haut de la place Mariage, hésitant à se rendre devant le service des migrations et de l’intégration de la Préfecture, toujours verrouillé par des grilles anti-émeutes. Mais les délégués syndicaux se sont interposés et ont appelé les manifestants au calme. « Il ne faut pas que ça pète », estime Anli Rigotard qui ajoute : « L’objectif n’est pas de se prendre la tête avec les forces de l’ordre ». Changement de direction donc, après les violences de vendredi et les trois gardes à vue qui s’en sont suivies. Les manifestants ont ensuite bloqué le rond-point de la barge dans l’après-midi durant près de deux heures. Des bus de lycéens en sortie extrascolaire n’ayant pu passer, plus d’une quarantaine d’enfants ont dû faire le trajet barge / Kawéni à pied.
Renfort d’un peloton de gendarmerie de La Réunion
Cependant, ce calme relatif n’entame pas la prudence à laquelle s’astreignent les autorités depuis plusieurs jours puisqu’un peloton de gendarmerie de l’île de La Réunion serait arrivé en renfort le matin même. En parallèle, une partie des maires de l’île ainsi que des conseillers départementaux, soit une douzaine d’élus, se sont réunis lundi matin sous la houlette du président du Conseil départemental afin de définir leur propre mode d’action commun face à cette grogne sociale qui prend de l’ampleur. « La population nous pousse à réagir ; il faut qu’on le fasse, c’est notre devoir », estime Ahmed Darouechi, maire d’Acoua. « On a atteint la limite, on est sûrs que ça va déraper. Et ce qui chauffe la population, c’est notre silence », a renchéri Anchya Bamana, maire de Sada. Une entrevue devrait se tenir aujourd’hui entre ces élus et l’intersyndicale dans l’après-midi. Au préalable, le président du Conseil départemental aurait demandé aux membres de l’intersyndicale de « mettre sur papier une plateforme revendicative, commune et cohérente ». Soibahadine Ibrahim Ramadani a par ailleurs ajouté : « La chose tourne à la chasse aux étrangers. C’est peut-être un problème majeur mais ce n’est pas le seul ». Les élus ont également rédigé un « appel d’urgence au gouvernement », qu’ils n’avaient toujours pas cosigné ce lundi matin. Dans ce courrier, ils requièrent : l’affectation de 100 postes de policiers et de gendarmes à répartir sur le territoire, la mise en place du « groupe de contact » avec la population au niveau du commandement de la gendarmerie nationale, le positionnement de deux sites d’accueil délocalisés de la brigade de gendarmerie de Mamoudzou à Dembéni et Koungou. Ils demandent également que la procédure pénale soit réformée « en renforçant le pouvoir des enquêteurs et l’effectivité des sanctions judiciaires afin de mettre un terme au climat d’impunité qui incite à la récidive, encourage les actes de délinquance juvénile et aggrave la criminalité sur le territoire ».
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