Les LR en tête du premier tour avec Chakrina et Kamardine

Le 1er tour des élections législatives s’est tenu hier. L’abstention a été le principal vainqueur du scrutin avec 42,53% de participation. Elad Chakrina s’impose de justesse devant Ramlati Ali (PS) dans la première circonscription. Dans la 2ème circonscription, c’est Mansour Kamardine qui l’emporte largement devant Ibrahim Boinahery (centriste – MDM). Les députés sortants Boinali Saïd et Ibrahim Aboubacar ont été tous les deux éliminés. Au niveau national, c’est le mouvement de la République en marche qui l’emporte largement.

 

L’ancrage à droite du 101ème département s’est de nouveau confirmé hier soir. Les candidats des Républicains Mansour Kamardine et Elad Chakrina ont fini en tête de leur circonscription avec respectivement 36,85% et 16,82% des voix. Le dernier cité est talonné par Ramlati Ali avec seulement 0,01% de différence en termes de bulletins de votes obtenus. Un score très serré donc. Grosse déception pour Daniel Zaidani (13,37%) qui était pendant quelques heures, pressenti pour être second selon les résultats partiels avant finalement de tomber à la 4ème place derrière Bacar Ali Boto, l’adjoint au maire de Mamoudzou qui a récolté 15,57%. N’étant pas joignables après la diffusion passé 23h des résultats définitifs, ces deux candidats n’ont pas encore réagi face au verdict des urnes.

Ramlati Ali, la candidate surprise?

La qualification au second tour de Ramlati Ali (PS) dans la circonscription du nord pourrait faire quelque peu figure de surprise, mais pas tant que cela au vu de l’aura de la candidate au sein de la société mahoraise de part son poste de chef de service au sein du centre hospitalier. Quoi qu’il en soit, elle est la première femme dans l’histoire des élections des législatives à Mayotte à se hisser au second tour. « Je remercie les électeurs qui ont voté pour moi. J’appelle les autres à voter pour moi au second tour. Le combat continue », s’est contenté de réagir la candidate sur les ondes de Mayotte 1ère. Le terrible sentiment de solitude de cette soirée est venu du député sortant Boinali Saïd (divers gauche) qui a péniblement réussi à obtenir 1% des votes dans la circonscription du nord. La déception était palpable dans les paroles et le visage de l’ancien parlementaire invité de la 1ère: « je prends acte du verdict des urnes. C’est une défaite cinglante. Il faut croire que mon bilan n’était pas bon. J’ai peut-être commis l’erreur de vouloir travailler sur le long terme et de ne pas pouvoir présenter les résultats de mon action dans l’immédiat. Il me faut désormais travailler davantage afin d’espérer être entendu à un moment où à un autre. »Le député mabawa (surnom qui lui a été donné à l’issue de sa victoire aux législatives de 2012 du fait de son combat contre la vie chère) a livré ainsi un constat sans détour qui laisse quelques interrogations quant à son avenir politique. Le Front national contrairement aux résultats nationaux du parti, n’a pas brillé à Mayotte. Le candidat frontiste du sud M. Anli a à peine remporté 1% des voix. Son homologue de la circonscription du nord S. Ali-Mansoib a fait un peu mieux en récoltant environ 3% des voix.

 

La France insoumise n’a pas confirmé l’engouement de la présidentielle dans la première circonscription avec seulement 1,96% pour C. Raharijaona. Autres candidats notoires et déçus du premier tour dans le nord, l’actuel conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2 Chihabouddine Ben Youssouf, qui n’a obtenu qu’un peu plus de 6% des voix et l’ancien vice-président du Département Saïd Ahamadi dit Raos qui s’est contenté d’un petit 4,01%.

 

Mansour Kamardine : le retour en grâce

 

Dans la deuxième circonscription et ses 53,98% d’abstention, Les Républicains se placent aussi en tête, mais bien plus largement avec la personne de Mansour Kamardine. L’ancien député signe là un retour sans difficulté avec 36,85 % des suffrages. Tout en restant prudent quant à l’issue du second tour, il n’a pas caché sa satisfaction : « Le « Tous contre Mansour Kamardine » n’est pas une politique de développement de Mayotte, a-t-il déclaré chez nos confrères de Mayotte 1ère. Je l’ai toujours dit. Les cinq années qui viennent de passer le montrent. Les Mahorais s’en sont rendu compte(…). Ils souhaitent désormais confier les responsabilités à des gens qui sont prêts. (…) Je veux dire aux Mahorais qu’il faut une voix forte pour être entendu à Paris. Je prends l’engagement solennel d’être digne de les représenter. » Il devance Ibrahim Boinahery pour le MDM et ses 12,03% Ce dernier s’est réjoui du fait que « Les Mahorais ont désormais compris que les partis avaient un sens. Les initiatives individuelles n’ont plus leur place dans l’échiquier politique français. Il faut un représentant qui sorte d’un parti à même de rassembler tous les Mahorais. Notre slogan « S’unir pour Mayotte » va en ce sens : les Mahorais ont besoin de cette union pour défendre la départementalisation. (…) Au second tour, la question qui se posera est « Qu’est ce que les uns et les autres ont fait pour Mayotte, qu’est que les uns et les autres sont prêts à faire pour Mayotte ? » Ibrahim Aboubacar, actuel député socialiste de la circonscription, est éliminé de la course avec 11,38% des suffrages exprimés. Plus loin derrière, c’est une mauvaise surprise pour le candidat de la France insoumise, Adrien Theilleux, dont le parti avait, au niveau national ou local, réussi une jolie performance lors des présidentielles, mais qui ne réunit ici que 2,14% des voix. Un résultat qu’il relativise toutefois : « C’est un score honorable pour une première participation, et pour un tout jeune mouvement. On parvient à faire passer des idées, preuve en est avec la délégation de service public du port, que le Département envisage d’annuler. C’est une idée que nous portions déjà. J’invite les Mahorais à rejoindre notre mouvement, appelé à être un mouvement d’opposition. » Échec également pour le mouvement En Marche, représenté dans le sud par Jacques- Martial Henry et qui cumule 2,9% des suffrages : « Je constate que la population n’a pas suivi la tendance nationale, mais a choisi des candidats d’opposition. Je me sens libéré, car ces élections ont été très difficiles : ce ne sont pas des programmes qui ont été considérés, mais des « On dit » et des personnes. (…) D’ailleurs, je regrette que la préfecture n’ait pas acheminé les programmes assez tôt. Je n’impute pas notre score à cela, mais dans ces conditions, il est clair que la population n’a pas voté sur des propositions. Pour le second tour, je me prononcerai pour un candidat, soit de manière collégiale avec le mouvement En Marche, soit en mon nom, mais je le ferai publiquement. » Enfin, le candidat UDI et ancien président du Conseil général, Attoumani Douchina, atteint les 9,56%. Son soutien, Soulaimana Abdoul Karim, s’est exprimé : « On remarque que les électeurs ont plutôt fait confiance à des candidats des partis traditionnels à Mayotte : MDM et Républicains. On note aussi un nombre élevé de candidats qui démontre un certain mécontentement dans la population : cela se confirme par un taux de participation très bas, qui montre un désamour vis-à-vis des hommes politiques qui ne portent pas assez fort la voix de Mayotte. On l’a vu avec les décasages, la pénurie d’eau, etc. : la population s’estime abandonnée. »

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