La commission des lois de l’Assemblée nationale, en visite à Mayotte pour la semaine, a rencontré mercredi les associations qui militent pour les droits des femmes, dans les locaux dédiés à l’accueil de jour de l’Acfav (Association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes). Matriarcat, parentalité, grossesses précoces, violences conjugales et/ou sexuelles… Les élus ont pu poser de nombreuses questions aux acteurs de terrain sur les problématiques spécifiques aux femmes du 101ème département.
La réunion prend une résonnance particulière à la lueur des derniers textes de lois sur les droits des femmes, récemment entrés en vigueur.”Ce sont des questions qui nous intéressent et cette rencontre fait partie des compétences de la commission des lois », indique en préambule de la rencontre Yaël Braun-Pivet, présidente de cette institution dédiée à l’amélioration du travail législatif. La réunion de mercredi, qui rassemblait les députés de la commission des lois en visite à Mayotte et plusieurs acteurs associatifs impliqués dans la défense des droits des femmes – dont le planning familial et l’association Soroptimistes – se tenait dans les locaux de l’accueil de jour de l’Acfav (Association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes), à Cavani. “Mayotte est une société matriarcale. Ici ce sont les femmes qui portent le pantalon !”, lance la présidente et fondatrice de l’Acfav, Faouzia Kordjee. Et Yaël Braun-Pivet de répliquer : “C’est bien pour ça que je suis venue !” L’association Acfav, qui a intégré France Victime l’an dernier, a débuté ses activités il y a trente ans. “À l’époque c’était la première association qui œuvrait pour les droits des femmes à Mayotte”, explique sa présidente. D’abord concentrée sur la condition féminine, ses missions se sont rapidement diversifiées et s’étendent désormais à l’accès au droit, à l’hébergement et à l’aide aux victimes. Si son public est essentiellement féminin, ses actions de médiation familiale et de conseil conjugal amènent aussi des hommes à pousser les portes de ses différentes permanences, installées aux quatre coins de l’île.
De plus en plus de viols de mineurs sur des mineurs
La question des violences sexuelles restent toutefois l’une de ses priorités. “Les victimes sont majoritairement des victimes de violences conjugales ou de viols sur mineurs, c’est un fait prégnant à Mayotte”, indique la psychologue de l’association. À cet égard, les choses ont évolué au cours des dernières années. Évoquant le cas de ce foundi jugé en début de semaine pour des viols sur mineurs, la présidente de l’Acfav s’insurge : “Depuis que je suis à la tête de l’association, j’ai connu au moins six foundis qui avaient abusé de leurs élèves !” Quant aux viols intrafamiliaux “Ça c’est tous les jours !”, et qu’en serait-il si la totalité de ces actes étaient dénoncés ? À la question de savoir si les femmes portent plainte relativement facilement, la psychologue de l’Acfav relève qu’outre la honte et le cadre familial, “la grande majorité des viols sur mineurs sont perpétrés sur des enfants qui n’ont pas de papiers”, vulnérables et dont les proches redoutent tout contact avec les forces de police. Autre phénomène inquiétant, l’augmentation, depuis “six ou sept ans” selon Faouzia Kordjee, du nombre de viols de mineurs par d’autres mineurs. Un phénomène que la présidente explique par la vulgarisation de la sexualité à des âges de plus en plus précoces et par la misère de certaines familles, contraintes de vivre dans des logements exigus où le respect de l’intimité passe au second plan.
Programme “1,2,3, Bass” : un succès, mais…
Autre sujet brûlant à Mayotte : les naissances. Un sujet sur lequel la trésorière du planning familial de Mayotte, Djihadi Anrabia, et Sanya Youssouf, de Soroptimistes, ont été longuement questionnées par les élus. Citant les derniers chiffres de l’Insee, qui font état de près de 10.000 naissances dans le département, la première a tenu à insister sur le fait que les trois quarts d’entre elles sont le fait de mères étrangères, qui viennent à Mayotte “alors qu’elles sont déjà presque à terme”. Si la campagne de sensibilisation “1,2,3, Bass” visant à sensibiliser les femmes sur les grosses multiples a été “un succès” d’après tous les associatifs réunis ce mercredi, les choses ont de nouveau commencé à dégénérer à partir des années 2010, selon Sanya Youssouf, de Soroptimistes. Lors de ses opérations de sensibilisation sur la question des grossesses multiples, le planning familial indique notamment cibler “les quartiers où il y a beaucoup de gens en situation irrégulière”, comme Kawéni.
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