À l’occasion de l’assemblée générale ordinaire de l’association Hawa Mayotte chargée de l’observation de la qualité de l’air dans le département, nous avons interrogé Bruno Brouard-Foster, directeur de l’association. Si la qualité de l’air à Mayotte n’est pas critique sur le plan sanitaire, il insiste pour prendre en compte les différents types de pollution afin de prévenir les risques futurs.
Flash Infos : Pouvez-vous nous présenter Hawa Mayotte et ses prérogatives ?
Bruno Brouard-Foster : Hawa Mayotte est une association agréée de surveillance de la qualité de l’air dans le département. L’État met en place une surveillance de la qualité de l’air dans les DOM, comme en métropole. Cette surveillance est établie grâce aux différentes associations régionales. Il existe 18 associations réparties sur tout le territoire français, et Hawa Mayotte est la dernière ASCA (association agréée de surveillance de la qualité de l’air) créée sur le réseau. Notre travail se concentre également sur la sensibilisation et la communication auprès des populations. Nous menons des actions auprès des jeunes dans les groupes scolaires, mais aussi au sein des entreprises et des institutions. Nous avons aussi un devoir d’alerte en cas de pic de pollution préoccupant.
FI : De quels indices dispose-t-on quant à la dégradation de la qualité de l’air à Mayotte ?
B.B-F : Le simple fait de se balader à Kawéni en heure de pointe est un indice marquant. Les embouteillages et les fumées des pots d’échappement sont suffocants et révélateurs. De manière générale, les particules fines et la pollution par les poussières sont un phénomène à prendre en compte en termes de préoccupation écologique. Celui-ci étant la conséquence du trafic automobile, mais aussi du brûlage de déchets, y compris des déchets verts.
FI : Quelles mesures peut-on prendre au quotidien pour améliorer la qualité de l’air ?
B.B-F : Tout le monde peut agir à son échelle pour améliorer la qualité de l’air. En termes de déplacements, il suffit de ne pas prendre sa voiture pour les trajets courts. Vous pouvez privilégier la marche à pied ou la bicyclette. À la maison aussi des actions sont possibles : limitez les bombes déodorantes et les produits odorants de manière générale tels que l’encens. Enfin, n’oublions pas la fumée de cigarette qui reste la pollution de l’air la plus connue. L’homme respire en moyenne un volume de 15 000 litres d’air par jour, ce qui représente un ballon de 3 mètres de diamètre. On peut facilement imaginer l’effet de filtre de nos poumons vis-vis de cet air vital que nous respirons quotidiennement. Plus cet air sera propre, moins il causera de maladies aux Mahorais et aux Mahoraises.
FI : Que peut-on espérer en termes de mesures politiques pour favoriser cette amélioration ?
B.B-F : Nous attendons des actions fortes, notamment concernant la mise en place de transports en commun. Il faut également espérer un meilleur suivi au niveau des contrôles techniques automobiles et des contrôles de pollution. Je reviens aussi sur le brûlage, avec les cultures sur brûlis qui sont monnaie courante. Il faudrait des actions de police de l’environnement plus fortes. Les lois existent puisqu’un arrêté a été pris pour interdire la pratique du brûlis. Mais il faut que les moyens de répression soient assez conséquents pour l’appliquer.
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