Biodiversité | Près de 500 espèces mahoraises protégées

À Mayotte, 470 espèces sont protégées : 220 animaux et insectes, ainsi que 250 végétaux. La préfecture vient d’établir la liste quasi exhaustive de ces espèces, un texte inédit pour la biodiversité mahoraise. À condition que les efforts politiques suivent. 

La liste est longue. Et à Mayotte, elle est la première à recenser tous les types d’espèces végétales et animales protégées, souvent endémiques. Au total, elles sont près de 470 à faire l’objet d’une mesure de protection, officialisée par l’arrêté préfectoral du 14 décembre qui abroge tous les textes antérieurs pour les spécimens cités. De quoi accélérer la stratégie « biodiversité pour le développement durable de Mayotte 2013-2020 », élaborée entre autres par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). 

À noter toutefois : les populations marines interdites à la pêche ne sont pas mentionnées, puisque déjà référencées dans un arrêté de juin dernier, à l’initiative de la Direction de la Mer Sud Océan Indien (DMSOI). Exception faite pour les tortues vertes et imbriquées, qui sont parmi les dix reptiles à bénéficier d’une attention toute particulière. Ainsi, la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la mutilation, la destruction, la capture ou l’enlèvement de l’animal ainsi que la perturbation intentionnelle, la naturalisation, le transport, le colportage, l’utilisation, la détention, la mise en vente ou l’achat sont strictement interdits, mentionne l’arrêté préfectoral. Pour rappel, les peines pour braconnage peuvent s’élever à 750.000 euros d’amende et sept ans d’emprisonnement. La destruction, l’altération ou la dégradation des aires de reproduction et de repos des tortues et de neuf autres reptiles, dont les couleuvres et les geckos, sont également interdites, contrairement à toutes les autres espèces protégées. Six autres rampants, dont les serpents des cocotiers et les caméléons, sont également protégés, à un moindre niveau. 

En mer et sur terre

Le panorama des espèces protégées est vaste : cinq catégories de mammifères terrestres, parmi lesquels makis et roussettes ; huit crustacés terrestres et d’eau douce dont différentes espèces de crevettes et le bernard l’hermite ; cinq mollusques terrestres ; 33 insectes, dont le phasme ; 10 arachnomorphes (ressemblant à des araignées) et 138 oiseaux. 

S’y ajoutent près de 250 espèces végétales – près de la moitié des plantes locales – contre 106 recensées en 2006, date du dernier arrêté préfectoral sauvegardant la flore mahoraise. Leur protection se divise en deux niveaux : 91 familles ne peuvent être ni détruites, coupées, arrachées ou cueillies, ni transportées, colportées ou commercialisées. Quatre autres sont uniquement interdites à l’achat et à la vente. Problème : l’arrêté, disponible en accès libre sur le site de la préfecture, ne mentionne les plantes protégées que sous leur nom scientifique, qui deviennent donc difficilement identifiables par le grand public.  

De l’acté à l’action

« Ma principale préoccupation, c’est comment faire passer le message auprès de la population », insiste Michel Charpentier, président de l’association des Naturalistes de Mayotte. Pour celui qui est également  vice-président du conseil de gestion du parc naturel marin de l’île, l’arrêté, plus exhaustif que les précédents, est un point de départ « très positif » pour la biodiversité locale. Toutefois, pour obtenir les résultats escomptés, il doit s’inscrire dans une démarche pédagogique et de communication. 

Comment informer le public des aires de repos et de reproduction dédiées ? Comment lui permettre d’identifier les espèces concernées ? Et, surtout, comment sensibiliser les agriculteurs et les éleveurs, qui travaillent au plus près des espèces protégées ? Contactées à maintes reprises par notre rédaction, ni la préfecture, ni la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) n’ont donné suite à nos sollicitations. En janvier dernier, les Naturalistes saluaient la signature d’un arrêté anti-brûlis. Mais près d’un an plus tard, la pratique persiste encore largement sur le territoire. En sera-t-il de même avec la destruction de la biodiversité mahoraise ? 

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