Diplôme Universitaire « animateur en santé communautaire » : une première nationale

Ce lundi avait lieu le lancement du premier Diplôme universitaire (DU) « animateur en santé communautaire » sur le territoire français au Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni. Élaboré par l’ARS Océan indien en partenariat avec l’Institut Renaudot, il répond à des besoins en santé beaucoup plus importants à Mayotte qu’ailleurs sur le territoire nationale, notamment en raison des situations de dénutrition observées.

« La création d’un réseau d’animateurs de santé communautaire est primordiale à Mayotte ». Dans le cadre du Plan de santé 2018-2028 qui est une « feuille de route » pour la politique de santé régionale, l’Agence régionale de santé de l’Océan indien (ARS OI) a entrepris d’engager une nouvelle politique en santé communautaire sur l’ensemble du 101ème département français. « Il s’agit de soutenir les actions de prévention et promouvoir la santé auprès de la population », avait annoncé Xavier Monserrat, directeur général adjoint préfigurateur de l’ARS Océan Indien (voir encadré), lors d’une réunion au CUFR le 30 novembre 2017. Dans cette optique, se tenait lundi dans l’amphithéâtre du Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni le lancement du premier Diplôme universitaire (DU) « animateur en santé communautaire » au niveau national. Ce DU a été préparé par l’ARS OI, en partenariat avec l’Institut Renaudot et en collaboration avec CUFR de Mayotte. Des parlementaires présents ou représentés, des maires, des élus et les étudiants de la formation étaient présents lors de l’ouverture de ce diplôme. 

Des besoins en santé importants

« C’est le quatrième DU que j’élabore. Parmi les axes forts du Centre universitaire, l’un de ses principaux défis est d’articuler son offre globale de formation avec les besoins identifiés sur le territoire. C’est dans cet esprit qu’a été créé ce nouveau diplôme. C’était une volonté affichée par l’ensemble des acteurs de santé du département », explique Aurélien Siri, Directeur du CUFR de Mayotte, avant d’ajouter : « Il faut souligner que sa construction s’est faite en moins d’un an ». La santé communautaire vise donc à accompagner les habitants, usagers, citoyens, professionnels, élus, associations et institutions à obtenir des réponses adaptées aux problèmes de santé, reconnus comme prioritaires. « L’un des enjeux est de promouvoir la santé communautaire en sensibilisant et mobilisant les usagers. À Mayotte, les besoins en santé sont plus importants que partout ailleurs », souligne Huguette Yong-Fong, responsable communication de l’ARS OI.

Dans le département le plus pauvre de France, cette approche communautaire a été déployée dès les années 1990-2000 pour « prendre en compte les spécificités sociologiques et culturelles de l’île », selon l’ARS. « En considération des bouleversements sociaux en cours à Mayotte et de l’impact des conditions de vie souvent précaires sur la santé de la population, les acteurs locaux se rejoignent sur l’impératif de rendre les habitants acteurs de leur santé », a détaillé l’ARS OI. Parmi les quatre domaines touchant à la santé communautaire, la santé nutritionnelle a été retenue pour être approfondie durant l’année scolaire notamment en raison des situations de dénutrition observées chez les enfants et à une prévalence élevée de la surcharge pondérale et de l’obésité à Mayotte.

Une formation de 120 heures

« Je travaille pour une association qui vient en aide aux déficients sensoriels. Je voulais rester dans le social et cette formation permet d’avoir un diplôme supérieur. C’est un secteur d’avenir et Mayotte a besoin de former du personnel. Nous (les futurs animateurs, ndlr) allons apporter de la plus-value grâce à des projets de réflexion communs sur le territoire. Je suis native de l’île et je souhaitais contribuer au développement de Mayotte. Je pense qu’avec ce diplôme, je vais pouvoir le faire », affirme Cédia Msoili, une des seize étudiantes de la formation. 

Sélectionnés au mois de juin dernier par les équipes de l’Institut Renaudot, ils étaient 23 au départ après un appel à candidatures lancé en mai 2018. « Ce sont principalement des professionnels des collectivités locales, des professionnels de la santé, du champ médico-social ainsi que des bénévoles ou militants d’associations. Ils deviendront les porte-paroles des communes, des opérateurs et de la population mahoraise », annonce Aurélien Siri. Financé à hauteur de 90 000 euros par l’Agence française de développement (AFD), la formation se déroulera en quatre sessions de quinze heures, espacées de deux à trois mois, soit une formation de cent vingt heures découpées entre enseignement et stage. « Les connaissances seront évaluées sous la forme d’un contrôle continu, au moyen d’un livret de suivi, et avec la rédaction d’un mémoire s’appuyant sur les expériences du stage et les acquisitions de connaissances », informe le Directeur du CUFR de Mayotte. Le règlement d’examen et le montant des droits d’inscription a été fixé à 120 euros par étudiant. Ce diplôme étant destiné à « s’inscrire dans le temps », les candidats recalés cette année pourront être acceptés l’année prochaine.

 

Création d’une ARS à Mayotte en 2020

Annick Girardin, ministre des Outre-mer, avait annoncé la création d’une Agence de santé « de plein exercice » à l’horizon 2020 à Mayotte lors de son déplacement sur l’île aux parfums le 15 mai dernier. Un groupe de travail inter-administrations a été mis en place pour s’atteler notamment à quatre priorités propres à Mayotte : la gouvernance locale en santé, le développement de politiques de santé publique et de prévention, des mesures spécifiques sur l’offre de soins et des mesures en matière de ressources humaines en santé afin de renforcer l’attractivité de l’île.

Xavier Montserrat, ancien directeur de la délégation de l’île de Mayotte, a été nommé directeur général adjoint préfigurateur depuis le 1er septembre 2018. Dix postes supplémentaires seront aussi créés à Mayotte en 2019. Ces créations d’emplois permettront la mise en place de la future agence. En outre, pour développer la prévention sur l’île, le fonds d’intervention régional dédié à Mayotte a été augmenté de 50% dès 2018 et le sera également en 2019. 

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