Dimanche, le navire Julie Delmas a dû repartir du port de Longoni au Mozambique avec plus de quarante conteneurs frigorifiques et vingt tonnes de médicaments à son bord. Le quai 2, qui devait accueillir le navire, est resté bloqué pendant plusieurs jours par les agents de la Société mahoraise d’acconage représentation et transit (SMART ). Les salariés protestent contre Mayotte Channel Gateway (MCG), gestionnaire du port, qui tente selon eux de régenter toute l’activité portuaire de Longoni par le biais de leur filiale Manu-port.
Le conflit s’éternise. La CMA-CGM, leader mondial du transport maritime qui avait choisi de travailler avec Mayotte Channel Gateway (MCG) pour décharger le navire Julie Delmas, s’est vu dans l’obligation de le faire repartir du port de Longoni au Mozambique, dimanche, sans avoir pu décharger ses conteneurs sur l’île. En effet depuis plusieurs jours, les agents de la Société mahoraise d’acconage représentation et transit (SMART ) bloquent le quai 2, sur lequel devait accoster le porte-conteneurs, pour protester contre MCG délégataire du port. Ils dénoncent une volonté du gestionnaire de régenter toute l’activité portuaire et d’essayer d’effacer le seul manutentionnaire agréé (la SMART ) par le biais de leur filiale Manu-port alors que celle-ci s’est vu retirer son agrément de manutentionnaire le 17 juillet dernier. « MCG gestionnaire continue son activité contre l’avis de son autorité de tutelle. Il n’a pas à s’immiscer dans la manutention. Ce n’est en aucun cas son travail. La SMART est la seule à disposer d’un personnel qualifié et expérimenté », a expliqué Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT -Ma, ce mardi matin en conférence de presse. Dans deux courriers du 17 et du 23 juillet derniers, le Conseil départemental avait signifié à la société Manu-port, dirigé par Ida Nel, l’abrogation de l’exercice de son activité de manutention, suite à l’avis défavorable donné par le Conseil portuaire. « J’ai demandé un certain nombre de pièces indispensables dans le cadre de l’examen du maintien de l’agrément, notamment les qualifications professionnelles de la société Manu-port et de son personnel […] En l’absence de toute réponse de la part de la société, j’ai décidé de procéder à l’abrogation immédiate de l’agrément », a annoncé le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, dans le courrier daté du 23 juillet. De son côté, la MCG affirme que cette abrogation n’est pas du ressort du Conseil départemental mais du délégataire du port, à savoir la MCG elle-même, appartenant également à Ida Nel. Un conflit qui dure depuis près de deux ans et qui pénalise fortement la population mahoraise.
Cinq tonnes de médicaments en attente
Construit en 2002, le navire de près de 196 mètres de long transportait des conteneurs avec des marchandises et des produits périssables. Dans un communiqué, Ida Nel affirme que le Julie Delmas avait notamment à son bord « quarante-trois conteneurs frigorifiques dont treize urgents avec des denrées périssables destinés aux commerçants, vingt tonnes de médicaments et treize conteneurs de farine ». Selon la MCG, ce sont six cent conteneurs qui ont aussi été pris en otage par ce blocage, ce que dément la SMART . Pour la société, le navire était chargé d’une centaine de conteneurs seulement. Même si le chiffre exact n’est pas encore connu, de grandes difficultés d’approvisionnement pour les prochains jours, voire les prochaines semaines, sont à prévoir notamment pour les produits de première nécessité. « J’attendais cinq tonnes de médicaments avec une centaine de produits différents pour plus de trente fournisseurs. Ce blocage pénalise tout le département. Nous avons trois à quatre mois de stock mais il ne faudrait pas que cette situation dure », a expliqué Frédéric Turlan, président de la Médétram à Mayotte et responsable de la société pharmaceutique Copharmay. Le blocage pénalise surtout la population mahoraise en termes de retards et de surcoûts des livraisons. « La situation est dommageable pour les Mahorais car le coût de la desserte va augmenter. Nous sommes une entreprise privée, le coût final va se répercuter sur le client donc sur les Mahorais », avait rapporté Franck Magarian, vice-président Procurement ports & terminals de la CMA-CGM à nos confrères de Linfo.re. Ce blocage pose également problème en pleine période de manzarakas (festivités du mariage traditionnel mahorais). Ce mardi matin, la MCG a renforcé la sécurité au port pour éviter de nouveaux incidents. Pour le moment, personne ne peut encore dire si le Julie Delmas pourra ou non revenir accoster à Longoni d’autant plus que la compagnie CMA-CGM aurait déjà dérouté ses deux prochains navires. .
Plusieurs mois de conflit
En novembre dernier, les deux sociétés de manutention étaient déjà en conflit. En cause, l’ordre du déchargement de deux navires. Pour les salariés de la SMART , le positionnement, sur le deuxième quai, de trois grues utilisées exclusivement par MCG était une manière de bloquer l’accostage de leur navire. Le retard occasionné par ce blocage avait pénalisé l’économie du territoire à l’approche des fêtes de fin d’année.
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