Non entretenu depuis 1992 selon l’actuel délégataire Mayotte Chanel Gateway (MCG), le quai n°1 du port de Longoni sera fermé fin juin sur décision préfectorale. « Ça va poser un énorme problème », estime MCG qui pointe du doigt la responsabilité du Conseil départemental. Contacté, ce dernier n’a pas souhaité réagir.
Le port de Longoni dans le creux de la vague… Le délégataire de service public, Mayotte Chanel Gateway (MCG), cumule les difficultés depuis plusieurs semaines. Le site a d’abord été paralysé par la grève générale, avant que la maison refuse de faire crédit aux transitaires, provoquant un bras de fer avec ces derniers. Prochain désagrément : l’un des deux quais va devoir fermer le 30 juin en raison de sa vétusté. La préfecture est à l’origine de cette décision, via un arrêté en date du 28 mars, signé par l’ancien préfet de Mayotte, Frédéric Veau.
« Considérant la nécessité de sécuriser les installations portuaires situées sur le domaine public de l’État et de prévenir tout risque d’accident du fait de la vétusté du quai n°1 ; considérant qu’il revient au Conseil départemental de Mayotte d’entretenir les ouvrages situés sur le domaine public de l’État et transférés en gestion ; considérant que le Conseil départemental n’a jusqu’à présent pris aucune mesure de réhabilitation du quai n°1, malgré une mise en demeure et bien qu’alerté depuis plusieurs années par le commandant du port, sur proposition du chef d’unité territoriale de Mayotte de la direction de la mer Sud océan Indien ; (…) l’utilisation du quai n°1 (…) est interdite à partir du 30 juin 2018 », stipule le document. Contacté par téléphone, le Conseil départemental a déclaré ne pas souhaiter réagir à ce sujet.
« Pas une surprise »
« Ça n’est pas une surprise« , réagit Jacques-Martial Henry, chargé de mission chez MCG. « Depuis 1992, le quai n’a jamais fait l’objet d’un entretien quelconque ni par le Conseil général ni par le délégataire de l’époque. » La centaine de pilotis, « enfoncés directement sous l’eau« , s’est notamment dégradée. « Nous estimons le coût de remise en état du quai n°1 à 35 millions d’euros minimum« , quantifie Jacques-Martial Henry.
« La dernière réunion [à ce sujet] a eu lieu en novembre 2016« , précise-t-il. « On était en pourparlers avec le Conseil départemental. Le principe avait été acté de déléguer à MCG les études et les travaux mais ça n’a jamais été formalisé« , affirme-t-il. Aucune mission n’a débuté depuis.
La fermeture de l’un des deux quais du port va « poser un énorme problème« , poursuit Jacques-Martial Henry. « Si des bateaux viennent au même moment, ça veut dire que l’un doit rester au mouillage pendant qu’on travaille sur l’autre. C’est une perte de temps pour les armateurs.«
Le risque : « L’autre armateur va se dire +Je vais faire mon transbordement à Maurice ou à La Réunion+. Ça va ralentir l’économie de Mayotte. Il y aura une perte pour tous les acteurs du port, y compris pour le Conseil départemental lui-même. 75% des redevances sur les marchandises sont versées au Conseil départemental« , déclare Jacques-Martial Henry.
Selon ce dernier, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur l’état du quai n°2, « deux fois plus grand que le quai n°1« , qui est fonctionnel.
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