Le collectif des Citoyens de Mayotte, accompagné de manifestants, s’est uni samedi dernier à Pamandzi pour militer pour la piste longue de l’aéroport. L’allongement de l’actuelle piste est un sujet qui suscite toujours autant d’émoi.
Ils étaient environ 300 à manifester samedi dernier. Le collectif des Citoyens de Mayotte, composé de onze associations dont le Codim, les Assoiffés de Mayotte, Civirevos, les Femmes Leaders, ont entamé la marche à partir du rond-point du Four à Chaux et ont ensuite pris la direction de l’aéroport. Comme à l’époque de Zéna M’déré et de Younoussa Bamana durant les manifestations, le maulida shengue (chant traditionnel) était au cœur du cortège. Sur les banderoles, on pouvait lire : « Les Mahorais ne sont pas les vaches à lait d’Air Austral » ou encore : « Oui à la piste longue, non au bac à sable à la con ».
Entre chants et discussions, on pouvait également entendre le discours de ceux qui ne comprenaient pas pourquoi les Mahorais ne s’étaient pas mobilisés en masse comme durant la manifestation au sujet de la feuille de route : « On s’attendait à ce qu’il y ait autant de monde [que pour la feuille de route]. C’est vraiment dommage. Lorsqu’il faut manifester pour une chose utile, les Mahorais restent chez eux et croisent les bras en espérant que le peu de personnes qui se sont réveillées fassent le travail de tout monde », regrette un manifestant. Du côté des organisateurs, les avis divergent. Certains sont mécontents et auraient aimé voir une marée humaine à la manifestation, d’autres sont satisfaits, à l’instar de Soufiani Malide, membre du collectif des Citoyens de Mayotte : « Notre objectif n’était pas d’atteindre un nombre de personnes donné mais de passer un message. Et on pense que le message est passé car le Préfet est là et les médias aussi », commente-t-il.
Trois points ont été soulignés durant cette manifestation : la sécurité des usagers, le développement économique et le désenclavement de l’île. Pour Dhoimrati M’trengoueni, membre du collectif, contribuer à cette journée c’est « montrer et dire à nos élus qu’on est avec eux. Alors, qu’ils prennent les choses en main ! » Quelques élus avaient d’ailleurs fait le déplacement pour accompagner la population tels qu’Anchya Bamana, maire de Sada, Hafidati Mkadara, conseillère départementale de Bouéni, et Daniel Zaïdani, conseiller départemental de Pamandzi. « Le devoir d’un élu est d’être aux côtés de sa population. Donc, notre rôle est d’être ici et de soutenir cette initiative, d’autant plus que derrière l’élu se cache un citoyen qui connaît les mêmes difficultés que nos concitoyens », explique Issa Abdou, conseiller départemental de Dembéni.
Entre espoir et pessimisme
Un drame n’est certainement pas loin, craint Issa Abdou : « Il y a un problème manifeste de sécurité ici, il n’y a qu’à voir la descente des avions pour se demander non pas si un accident est possible, mais quand arrivera-t-il ? C’est donc une chose qui doit nous toucher et surtout nous faire agir et réagir ».
Entre les élus et les quelques citoyens qui gardent espoir quant à la révision du dossier, il y a ceux qui ne cachent pas leur pessimisme comme Oustadh Abdourahim, participant à la marche : « Cette manifestation est pour nous une très bonne chose même si le résultat est assez décevant. Nous avons besoin de cette piste longue pour justement participer à l’économie de Mayotte », déplore-t-il. « Mais je ne pense pas que cette manifestation changera quoi que ce soit à la décision de l’Etat », conclut-il.
La manifestation a touché à sa fin vers midi à l’aéroport de Dzaoudzi. Les membres du collectif ont pris le temps de remercier tous les participants. La pluie, synonyme de bon présage dans la tradition mahoraise, est venue arroser les manifestants. Reste à voir si elle apportera réellement de bonnes nouvelles.
Mansour Kamardine pour l’allongement de la piste
En déplacement à Paris, le député de Mayotte a montré son soutien aux manifestants du 20 janvier, à travers un communiqué en faveur de la piste longue : « La construction de la piste longue permettra le désenclavement de Mayotte, une importante baisse des tarifs aériens et favorisera le développement économique et social du 101ème département français, département riche de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Sa construction est une nécessité. Parmi les grands investissements structurants dont Mayotte a besoin, la piste longue est « la » priorité. C’est pourquoi je souhaite, afin que sa réalisation intervienne au plus vite, que nous sollicitions la mobilisation des fonds européens pour couvrir la plus grande partie de son financement, qui est évalué à 200 millions d’euros environ ».
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