Comores : la gestion des fonds pour le Covid épinglée par la Cour des comptes

C’est à la suite d’une demande du Fonds monétaire international, qui a octroyé aux autorités comoriennes près de 5 milliards de francs comoriens, qu’un contrôle a été effectué, par des auditeurs de la section des comptes, lesquels ont découvert que ces fonds ont majoritairement financé d’autres objectif que le coronavirus.

Les Comores comme les autres pays du monde ont été touchées par le coronavirus, apparu pour la première fois en Chine, fin 2019. L’archipel, qui a enregistré à la fin de la pandémie 161 victimes, a déclaré son premier cas le 30 avril 2020. Depuis, les partenaires extérieurs se sont mobilisés pour aider le pays à organiser sa riposte sanitaire. C’est dans ce cadre, que le Fonds monétaire international a débloqué 5,4 milliards de francs comoriens (11,1 millions d’euros), versés en deux tranches dans des comptes de la Banque centrale des Comores. Mais, d’après un rapport produit par la section des comptes, le 23 juin 2023, rendu public le mois dernier, ces fonds du FMI auraient été utilisés en violation à de nombreuses dispositions institutionnelles, mais pas seulement.

D’abord la répartition des montants n’a pas respecté l’objet de l’aide, selon le rapport.  » La cour a constaté que 58.66%, plus de 3 milliards de la contribution du FMI ont été utilisés dans le secteur social et le budget de l’État« , a noté le rapport qui s’étalait sur la période de 2019 à 2021 et dont Flash Infos a obtenu une copie. A lire les conclusions des auditeurs, ces 5 milliards ont financé entre autres les secteurs de la santé avec 982 202 794 de francs, les frais d’hébergement et de rapatriement de Comoriens, à hauteur de 335,9 millions de francs, la sécurité et mesure barrières, avec 190,5 millions. L’argent a aussi payé des intérêts auprès d’Exim Bank Comores, ainsi que des arriérés de salaires à l’Assemblée nationale.

Code de passation de marchés publics non respecté

Les dépenses du Covid, seraient seulement d’environ plus de 3 019 665 d’euros. Toutefois, pointent les enquêteurs, beaucoup de marchés ont été attribués à des sociétés sans le respect du code de passation de marchés publics, ni la note signée à l’époque par le ministère des Finances pour alléger les procédures en raison de l’urgence sanitaire du moment. Au niveau de la santé, une entreprise a hérité d’un marché de plus de 1 334 070 d’euros pour la construction d’un centre d’imagerie et la réhabilitation d’un laboratoire d’analyse médicales au sein de l’hôpital El-maarouf, sans oublier les équipements du centre.

Le bémol, pendant cette enquête, le rapport d’exécution des travaux n’était pas disponible, officiellement, du mois selon la version de l’entreprise parce qu’une partie du contrat n’avait pas encore été exécutée.  Ce contrôle, sollicité par le FMI a relevé le cas de l’achat d’un amplificateur de brillance à hauteur de 60 990 d’euros et dont la facture est signée bizarrement par un médecin qui n’est même pas gérant d’une société. Les mêmes pratiques concernent les travaux de réhabilitation d’une route qui menait au centre d’isolement de Samba Kuni, situé au nord de la capitale Moroni, où étaient transférés les malades graves atteints du coronavirus. Excepté un reliquat de 50% du montant, soit 188 150 69 d’euros, la cour n’a pas pu consulter le contrat de marché, mais seulement un état de bordereau des prix unitaires et devis estimatif. De nombreux manquements sont à déplorer toujours dans le volet lié à l’utilisation des financements d’urgence du FMI alloués au Covid.

Paiements sans signatures

Parmi eux, les paiements en espèces sans signature des bénéficiaires, des virements sans numéro de compte, ou encore des dépenses engagées sans pièces justificatives, qui se chiffrent à 480 382 25 d’euros, dont une partie a financé des nouvelles installations pour la réouverture des aéroports.  Sur le plan institutionnel, les auditeurs ont constaté une carence documentaire chez la plupart des autorités concernées et une indisponibilité de certaines personnes responsables acteurs du processus. « Le ministère des finances, n’a pas établi ni publié en liaison avec le comité nationale de coordination du Covid un rapport trimestriel et annuel sur la gestion, l’utilisation des financements extérieurs « , lit-on dans le rapport qui a révélé que l’État comorien a reçu de la part des partenaires, en tout, 37 408 847 d’euros dont des prêts pour faire face à la crise sanitaire. La section des comptes n’a pas non plus pu mettre la main sur les conventions signées entre le ministère des finances et le FMI. Ce n’est pas tout. « La cour a relevé que les financements du Fonds monétaire ont été déposés dans un compte du trésor au lieu du compte spécifié, destiné à recevoir les fonds du covid venant des partenaires« , note le rapport.

Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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