Après quelques échanges tendus avec les Mahorais lors de sa visite au lendemain de Chido, Emmanuel Macron a souhaité revenir à Mayotte notamment pour renouer avec la population. Il s’est offert un bain de foule à Tsingoni où il a été accueilli avec le sourire.
À peine descendu de l’avion présidentiel sur le tarmac de l’aéroport à 8h30 ce lundi, le chef de l’Etat Emmanuel Macron a rappelé son “engagement pris en décembre de revenir quelques mois plus tard. Je reviens pour faire un point de la première réponse à la situation d’urgence”, a-t-il déclaré. Pour illustrer son engagement, il s’est d’abord rendu à Tsingoni. Lors de sa venue en décembre il avait entendu la détresse des habitants de la commune, qui n’avaient alors pas d’électricité, pas d’eau, pas de réseau.
Il s’y est rendu en compagnie de la première dame, Brigitte Macron, et d’une délégation de ministres (Manuel Valls, ministre des Outre-mer, Annie Genevard en charge de l’Agriculture, Yannick Neuder, le ministre de la Santé et Thani Mohamed Soilihi, ministre en charge de la Francophonie). Très chaleureusement accueilli par la population au rythme de Mawlida shenge, il a déambulé pendant une heure dans la foule, a salué les notables, embrassé les doyennes du village, porté les enfants.
Une ambiance qui tranche avec sa dernière visite au lendemain du cyclone où ses échanges avec la population avaient été tendus, avec une phrase polémique qui avait marqué les Mahorais : “si ce n’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde”.
“L’eau ça va ?”
Au-delà des selfies et des accolades, les habitants ont pu lui faire part des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. “Quand on a souscrit une assurance, on nous a rien demandé seulement le nombre de pièces”, s’inquiète une femme qui peine à être indemnisée. Le président lui demande quelle est l’assurance, puis fait venir une conseillère. Un peu plus loin, une habitante se demande comment les personnes non assurées vont faire. “On m’a dit qu’il y a des prêts à taux zéro, avant le gouvernement parlait d’un fonds spécial pour ceux pas assurés. Comment vont faire les personnes qui sont au chômage ou les retraités ? Les banques ne vont pas leur accorder le prêt”, s’inquiète une quarantenaire. Plus tard dans la journée, Emmanuel Macron, alors au conseil départemental, a demandé à ce que les banques et les assurances s’en tiennent aux textes de loi, et qu’elles fassent “au plus vite et au plus simple”.
Un travailleur des bâtiments et travaux publics interpelle un peu plus tard Emmanuel Macron, “on est à la traîne par rapport à ce que vous avez fait pour La Réunion”, lui lâche-t-il. Le président continue sa visite alternant les sourires et les questions aux Mahorais. “L’eau ça va ?”, questionne-t-il.
Alors qu’il arrivait à la mairie de Tsingoni, le président a appris la mort du pape François (voir par ailleurs). Il a alors pris un temps pour faire une réaction sur son décès à la presse avant de reprendre dans la bonne humeur sa rencontre avec la population.
Cent places de plus au CRA en 2027
Depuis le port de Longoni, Emmanuel Macron a embarqué à bord d’un intercepteur, un bateau semi-rigide qui possède un radar permettant de détecter tout mouvement suspect sur l’eau. Il s’agit de l’un des moyens utilisés par les forces de l’ordre pour lutter contre l’immigration clandestine. A son arrivée à Longoni, Jérôme Malet, le sous-préfet chargé de la lutte contre celle-ci, lui a présenté les moyens mis en place dans ce cadre. L’un des rôles des forces de l’ordre est de détecter les kwassas-kwassas, “la traversée peut se faire en moins de quatre heures depuis les Comores”, souligne le sous-préfet. L’ensemble des radars maritimes dédiés à cet objectif ont “été détruits par Chido. En attendant qu’ils soient rachetés, nous utilisons quatre radars de la Marine”, expose-t-il. Alors que c’est plutôt une mission des policiers, les gendarmes font désormais davantage de lutte contre l’immigration clandestine a expliqué Jérôme Malet. “L’année dernière, cela représentait 20 % de leur activité, aujourd’hui, cela en représente 40 %”. Sur le même thème, il est prévu d’augmenter la capacité du centre de rétention administrative pour passer “de 250 places à 354 d’ici 2027.”
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.