En dépit du communiqué de démenti publié par l’ambassade de France aux Comores, la société civile et des partis politiques ont organisé une manifestation ce mercredi contre l’installation d’une base navale militaire à Mayotte au cours de laquelle certains discours sont allés jusqu’à prôner la fermeture des ambassades.
L’Union des Comores s’apprête à célébrer les 50 ans d’indépendance d’ici trois mois. Beaucoup dressent un bilan plus que mitigé avec des problèmes criants qui perdurent. Une situation dont certains accusent l’ancienne puissance colonisatrice d’être en partie responsable. C’est du moins ce qui ressortait ce mercredi, lors du sit-in organisé dans la capitale, Moroni. Le but de la manifestation appelée par le Comité Maore, et soutenue par des forces politiques du pays est de dénoncer le projet d’installation d’une base navale militaire à Mayotte. Une annonce faite mi-mars, par l’actuel ministre des Outre-mer, Manuel Valls avant que ses proches essayent de démentir cette information. Mais visiblement, du côté de l’Union des Comores, ce n’est pas suffisant même si les autorités comoriennes à l’instar du chef de la diplomatie de l’Union ont déjà exprimé leur mécontentement. Ce mercredi matin, à la place de l’Indépendance, des gendarmes ont été déployés pour contenir tout débordement à un moment où les manifestations, surtout politiques, sont systématiquement interdites par le pouvoir en place. Empêchés de faire une marche, les manifestants ont dû se réunir devant l’ancien bâtiment qui a servi d’Assemblée Nationale, durant la période coloniale.
Rupture des accords économiques
La plupart des discours tenus à cette occasion s’inscrivaient sur la même ligne, notamment celle d’adopter une politique sévère envers Paris. L’ancien ministre des affaires étrangères qui a été élu député lors des dernières élections législatives, Ibrahim Ali Mzimba, ne s’est pas empêché de tirer à boulet rouge sur la France ainsi que sa présence à Mayotte. L’île est depuis 2011 devenue 101ème département français, mais les Comores n’arrêtent pas de réclamer son retour. « Notre amitié avec la France ne peut pas primer sur nos intérêts. Je préconise même de mettre une parenthèse à nos relations afin de trouver une solution pour la récupération de Mayotte. Il y a eu par exemple le cas de Maurice avec les îles Chagos« , a plaidé, l’avocat Mzimba qui préconise carrément la fermeture des deux ambassades tout en gardant seulement des consulats pour « libérer notre diplomatie après 50 ans d’indépendance« . Le parlementaire appelle les autorités à solliciter une consultation du peuple pour déterminer le comportement à adopter envers Paris et va jusqu’à demander le renoncement aux aides de la France et la rupture des accords économiques. Ce sit-in intervient une semaine après une conférence de presse toujours des forces vives qui consistait à dire non au projet d’installation d’une base navale qui selon l’ambassade de France à Moroni, n’existe pas en réalité. « L’ambassade de France souhaite clarifier des informations non vérifiées qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux au sujet d’une nouvelle base militaire navale à Mayotte. Contrairement aux rumeurs, le gouvernement français n’a pas annoncé la construction d’une nouvelle base militaire navale à Mayotte. Ceci est une contre-vérité que nous démentons formellement« , a réagi, ce 16 avril, la chancellerie par voie de communiqué de presse.
Contre l’intégration de Mayotte à la COI
Une première réaction de la chancellerie depuis que le sujet s’est invité dans le débat public. Toutefois, ce projet de base navale ne constituait pas le seul thème de la mobilisation d’hier. Les manifestants ont également mis en garde contre l’intégration de Mayotte au sein de la Commission de l’océan Indien (COI), dont le 5ème sommet des chefs d’État et de gouvernement s’ouvre, le 26 avril prochain à Antananarivo, la capitale Malgache. « On ne veut pas de cela au sein de la COI, ni de base sur le sol de Mayotte. La France n’a jamais été une amie de l’archipel des Comores même pendant la colonisation. Cette base navale militaire annoncée ne sert pas à développer l’île plutôt les intérêts de la France, notamment le pétrole découvert entre autres », a déclaré le président du Comité Maoré, le Docteur Mohamed Monjoin devant la foule. Notons que dans une interview accordée le 23 mars à Flash Infos, le ministre de la francophonie, l’enfant de Mayotte, Thani Mohamed Soilihi, a rappelé que « Mayotte est la pierre à l’édifice qui manque à la commission de l’océan Indien« , le tout en assurant que c’est quelque chose qui tient à cœur au président Français, Emmanuel Macron, qui présidera le sommet. Dernier à prendre la parole, le secrétaire général du bureau exécutif du parti Juwa, Ahmed Hassane El-barwane a appelé toutes les forces politiques à mettre de côté leurs divergences pour « défendre cette cause » à l’origine de la mobilisation. Après celle-ci, un courrier a été remis au bureau des Nations Unies avec les mêmes revendications.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
, 1er journal des ?? / @Reuters @el_Pais @mayottehebdo ??