Pour son deuxième jour de visite, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est rendue sur différents points stratégiques pour couvrir la question de la ressource en eau.
Approvisionner Mayotte en eau “de manière structurelle”, c’est l’objectif affiché de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche en visite dans le département ce mardi. Avec une première étape à la retenue collinaire de Combani, Agnès Pannier-Runacher a notamment échangé avec le responsable de production à la SMAE, François Iemolini, qui redoute l’influence de Chido sur la ressource en eau, déjà insuffisante. Il craint les effets potentiels de la perte du couvert végétal, qui joue un rôle majeur dans l’infiltration de l’eau dans le sol pour nourrir les nappes. Il indique qu’avec la ressource actuelle, on a de quoi “tenir jusqu’en janvier”. Karl Morin, dirigeant de la SMAE, indique que pour l’instant “nos nappes sont à un très bon niveau” et que la retenue de Combani est “presque pleine”.
Il est davantage inquiet concernant les embâcles (obstruction de cours d’eau) après le cyclone qui a fait chuter de nombreux arbres. Si une rivière est obstruée, l’eau est déviée et se perd. Karl Morin insiste sur la nécessité de désobstruer les cours d’eau, même s’il s’agit d’un travail “titanesque”. Plus tard dans la journée, Agnès Pannier-Runacher a rappelé que 1,2 million d’euros et l’armée étaient mobilisés pour cette mission, comme elle a pu le constater lors d’une opération de désembaclage sur la rivière Ourovéni. Là plusieurs dizaine de militaires, dont la moitié de Mahorais pour avoir l’avantage de la connaissance du terrain, étaient, ce mardi, en train de détruire un barrage formé par les arbres.
“Anticiper un risque de sécheresse”
C’est en visitant l’usine de dessalement de Pamandzi, en Petite-Terre, que la ministre a souhaité rappeler l’engagement de l’État. “L’objectif c’est de continuer à dérouler le Plan eau Mayotte de manière accélérée”, indique-t-elle à la presse. Pour ce faire, elle est intervenue personnellement pour que les procédures environnementales soient traitées plus rapidement concernant les projets de troisième retenue collinaire et de deuxième usine de dessalement, à Ironi Bé. Pour cette dernière, la construction doit commencer en mai et s’achever en 2027, soit deux ans après ce qui avait été initialement prévu. “Nous serons précautionneux dans la gestion de l’eau parce qu’avec le dérèglement climatique il faut anticiper un risque de sécheresse”, affirme la ministre, qui ajoute qu’en parallèle de ces grands projets de construction, le travail se poursuit sur l’accès à l’eau atmosphérique, la réutilisation de l’eau pour des usages de type arrosage ou irrigation des cultures.
Une convention entre les Offices de l’Eau de Mayotte et de La Réunion
Au cours de la visite de la ministre de la Transition écologique à la retenue collinaire de Combani, l’Office de l’Eau de Mayotte et l’Office de l’Eau de La Réunion ont signé une convention, qui doit favoriser la coopération et l’échange des savoirs entre les deux instances qui assurent notamment le suivi de la ressource. Pour “répondre aux besoins des Mahorais dans cette crise de l’eau […], on se doit de multiplier les différentes actions”, insiste Nadjayedine Sidi, président délégué de l’office mahorais. “On va vous accompagner dans la mesure de nos possibilités. Cette convention nous fera gagner du temps”, Gilles Hubert, président délégué de l’office réunionnais. La ministre a salué cette avancée dans la coopération entre les deux offices, insistant sur l’importance de la solidarité et de la coopération pour veiller sur la ressource.
Une aide pour les pêcheurs
La ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, a profité de sa visite pour annoncer qu’un dispositif de la Commission européenne allait venir en soutien dans les prochains jours aux pêcheurs mahorais dont les embarcations ont été dévastées par Chido. Cette aide ne concernera que les pêcheurs dont l’activité est déclarée.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.