Répondant à une invitation de l’Université des Comores, pour animer une conférence sur la place des Comores avec l’évolution actuelle des relations internationales, l’ex-député de la circonscription des Bouches-du-Rhône, Saïd Ahamada, s’est attiré les foudres dans le pays voisin. L’actuel président de Ladom (L’Agence d’outremer pour la mobilité), par ailleurs franco-comorien, a déclaré que le fait que Mayotte soit française est un avantage pour le reste des îles de l’archipel des Comores.
Épargné pendant seulement quelques bonnes heures après ses propos, l’ancien député français d’origine comorienne, Saïd Ahamada, n’échappait toujours pas à la controverse qu’il a déclenchée, lundi. L’ancien élu La République en Marche (devenue depuis Renaissance) de la septième circonscription des Bouches-du-Rhône a, en effet, crée un tollé qui agitait la toile comorienne en laissant entendre que le fait que Mayotte soit française était une opportunité pour le reste de l’archipel, alors que le territoire est toujours revendiqué par l’Union des Comores. Avant qu’il n’essaie de clarifier ses déclarations, ayant constaté le tollé né sur les réseaux sociaux, beaucoup de militants et politiciens n’ont pas tardé à le clouer au pilori. Ce 7 avril, en présence d’étudiants et d’enseignants, l’actuel directeur de l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (Ladom) animait une conférence débat sur la place des Comores, avec l’évolution actuelle des relations internationales. « Ceux qui attaquent les étudiants pour n’avoir pas réagi, n’ont sûrement pas écouté mon discours encore moins le contexte, voilà pourquoi je suis là pour rétablir la vérité », s’est d’abord justifié l’ancien député dans une courte vidéo postée lundi soir pour tenter de mettre les points sur les i.
« Pas à moi de faire de la politique intérieure »
Le natif de La Réunion a poursuivi. « Je m’exprimais en mon nom personnel. Ce n’est pas à moi de faire de la politique intérieure. Je laisse ça à ceux qui sont sur place. Ce pays leur appartient. Je ne m’exprimais pas non plus en tant que Français car la France a ses représentants aux Comores. On parlait d’économie. J’ai donc expliqué que les quatre îles de l’archipel ont chacune des avantages comparatifs », a -t-il dit. C’est à ce moment-là qu’il a cité l’exemple de la Grande Comore qui détient le plus grand aéroport, Mohéli les terres agricoles fertiles au point d’être qualifiée de grenier, pendant que Mayotte se distingue pour son pouvoir d’achat, qui constitue ainsi une opportunité pour les autres îles, selon les éclaircissements de Saïd Ahamada.
S’il trouve que la polémique déclenchée est blessante à la fois envers les étudiants et les universitaires présents, accusés d’être restés silencieux, l’intervenant n’a pas fini de faire parler de lui, en dépit de sa vidéo de clarification. Les réactions de militants, politiques et juristes pleuvaient encore ce mardi. Le ministre de l’Éducation, récemment élu député, Bacar Mvulana a été le premier à réagir. « Je dénonce avec la plus grande vigueur cette position qui relève d’une vision cynique et profondément déconnectée de la réalité historique, politique et identitaire de notre nation. Mayotte est comorienne (sic). Elle l’a toujours été, et elle le restera pour l’éternité. Aucune logique économique, aucune stratégie dite « de coopération » ne saurait justifier ou légitimer l’occupation illégale de ce territoire comorien par une puissance étrangère. Il n’y a pas, et il n’y aura jamais, de prix ni de compromis possible sur la souveraineté comorienne de Mayotte », a dénoncé le parlementaire comorien alors même que les Mahorais ont plusieurs fois choisi de montrer leur attachement à la France.
L’Université se désengage des propos
Constatant que la polémique enflait, l’Université des Comores a sorti un communiqué ce mardi 8 avril pour se désengager des propos de son invité franco-comorien. « Certaines des déclarations de l’ancien parlementaire ont été perçues comme une remise en cause de l’unité nationale, en particulier sur la question de Mayotte. L’Université des Comores tient à rappeler avec force et clarté sa position constante, en parfaite harmonie avec celle de l’État comorien. L’Université regrette profondément qu’un certain discours ait pu heurter ou prêter à confusion, et tient à rassurer les autorités ainsi que l’opinion publique nationale sur sa fidélité sans faille aux principes de l’indépendance, de l’unité et de la souveraineté des Comores », lit-on dans la déclaration publiée par l’administration de l’Université.
Ce tollé apparaît alors que les relations entre Paris et Moroni étaient un peu tendues mi-mars, après l’annonce de l’ouverture d’une base navale à Mayotte. Le directeur de cabinet chargé de la défense, Youssoufa Mohamed Ali, répète à qui veut l’entendre qu’il n’y a aucune crise entre les deux pays. Ce proche collaborateur d’Azali Assoumani rappelle aussi, ces derniers temps, que les Comores sont souveraines et libres d’autoriser l’ouverture d’une ambassade d’un pays ami faisant allusion à la venue annoncée d’une mission diplomatique russe sur le sol comorien. Une décision qui est loin de plaire à Paris.
Journaliste presse écrite basé aux #Comores. Travaille chez @alwatwancomore
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