Solidarité : des dons bloqués sur le port de Longoni

[AJOUT réponse de la préfecture de Mayotte] L’association Solidarité Saint-Martin Moselle, aidée du sénateur Saïd Omar Oili, fait des pieds et des mains pour empêcher des conteneurs remplis de dons de rester bloqués à Longoni, pour des raisons financières. Car les frais demandés pour les sortir sont exorbitants pour les expéditeurs.

“Il n’y a pas 36 solutions, j’ai demandé des réquisitions à la préfecture de Mayotte”, raconte Arnaud Gufflet. Le président de l’association Solidarité Saint-Martin Moselle, née en réponse au passage de l’ouragan Irma en 2017, est désemparé. Deux conteneurs envoyés par des associations et des entreprises de métropole à destination de la population mahoraise touchée par le cyclone Chido demeurent bloqués sur le port de Longoni. Les transitaires, l’un de Mayotte et un autre de La Réunion, avaient pourtant promis qu’ils ne factureraient pas l’envoi de dons sur l’île aux parfums à destination de deux structures locales, la Ligue d’haltérophilie et de musculation de Mayotte et Mayotte Presta. Sauf qu’à l’arrivée au port de Longoni, c’est une autre partition qui se joue.

Ceux qui se sont démenés pour collecter les dons ont eu la désagréable surprise de recevoir des devis salés des transporteurs locaux pour des contenants regroupant de l’aide alimentaire, de l’eau et des vêtements. Car si l’octroi de mer et les frais de douanes ne sont pas applicables dans le cas de dons, les tarifs demandés par les transporteurs, la société gérant le port et celle assurant la manutention sont bien au-delà des capacités financières des expéditeurs. Pour le premier envoi par exemple, destiné à la Ligue d’haltérophilie, le devis est estimé à 3.896 euros, ce qui comprend le tarif de la redevance sur les marchandises (RSM) qui est calculé en fonction du poids (1.008 euros ici), 370 euros pour Mayotte Channel Gataway (la société qui gère le port), 922 euros pour le manutentionnaire du port, 350 euros pour le transitaire, un bon de livraison de la compagnie MSC de 345 euros et 800 euros pour “la sortie dehors du port”. Le devis pour Mayotte presta est du même acabit (3.637 euros), même s’il comporte une erreur avec la mention d’un octroi de mer à 1.114 euros.

“L’armée sait faire”

Habitué à envoyer des dons en Outremer après son expérience pendant Irma, Arnaud Gufflet, qui compte aussi sur l’aide du sénateur Saïd Omar Oili (voir encadré), ne voit plus que la réquisition des services de l’État* comme solution pour aider les donateurs-expéditeurs. Il en a fait la demande auprès du secrétaire général de la préfecture de Mayotte, Daniel Fermon, et du directeur de cabinet du préfet, Aurélien Diouf, sans avoir eu de réponses jusque-là. Cet ancien militaire estime que l’armée pourrait être mise à contribution, plutôt que laisser le déchargement des dons à des acteurs du port qui se renvoient la balle sur le blocage de l’aide à Mayotte qui arrive par bateau. “Elle sait faire. Il a le matériel pour”, estime-t-il, alertant sur les risques d’embouteillage. “Un autre conteneur de quarante pieds arrive”, prévient celui qui note également d’autres blocages comme celui du matériel scolaire qui pourrit dans la zone militaire de l’aéroport de Pamandzi.

Outre le problème des denrées qui font partie de l’envoi, il rappelle qu’il y a urgence à trouver une solution. Car le stockage des conteneurs sur le site de Longoni, faute de solution, fait lui aussi grimper la note.

*La préfecture de Mayotte fait savoir que « contrairement à ce qui est répandu sans aucune justification, l’État ne réquisitionne pas les containers au port. Réquisitionner reviendrait à perturber les flux logistiques des marchandises habituelles du port de Longoni. Au contraire, on travaille avec les acteurs pour fluidifier la chose : horaires élargis, travail le dimanche. Par ailleurs, la réquisition n’est pas conçue pour supporter des frais financiers de transporteurs : c’est un outil juridique qui intervient dans un cadre précis et limité ».

Saïd Omar Oili soutient les réquisitions

Contacté par l’association, comme les autres parlementaires mahorais, Saïd Omar Oili appuie lui aussi la demande de réquisitions auprès du préfet de Mayotte. Il lui a transmis un courrier pour une demande en ce sens. L’arrêté de réquisition concernerait “l’ensemble des containers de dons humanitaires arrivant sur l’île et destinés aux associations locales. Une telle mesure permettrait de garantir une distribution rapide et efficace des aides aux populations sinistrées et de lever les blocages logistiques actuellement rencontrés”, juge le sénateur qui a déjà alerté l’État sur ce problème.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes

À la Une