Dénonçant leurs conditions d’exercice de plus en plus compliquées depuis le passage du cyclone Chido, le personnel du tribunal judiciaire de Mamoudzou entreprend une grève depuis ce lundi. Il espère attirer l’attention de Gérald Darmanin, le Garde des sceaux, dans une lettre ouverte.
Voulant alerter le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, sur un travail rendu plus compliqué par le passage du cyclone Chido, magistrats, greffiers et personnel administratif du tribunal judiciaire de Mamoudzou, ont débuté une grève, ce lundi. Un mode d’action qu’ils comptent renouveler à raison d’un lundi sur deux. Onze revendications sont portées et ont été transmises par lettre ouverte au Garde des sceaux. Elles concernent aussi bien les conditions d’exercice depuis la mi-décembre que les problèmes récurrents d’effectif, d’insécurité ou de vie chère. “Si la juridiction est encore aujourd’hui en « capacité » de fonctionner, cela est uniquement dû à l’engagement et à la conscience professionnelle du personnel contractuel, des fonctionnaires et des magistrats. Il est devenu « normal » de jongler d’un service à un autre, de prendre une audience au pied levé, et tout cela au mépris de la pénibilité et du manque de formation”, est-il expliqué dans la missive. Ainsi, un seul bâtiment sur trois du tribunal installé à Kawéni est aujourd’hui fonctionnel. “Cette « marche forcée » nous oblige à travailler pour certains dans un local de 25m2 à six ou plus”, font remarquer les grévistes, rappelant qu’une nouvelle cité judiciaire avait été annoncée, il y a trois ans. Concernant la sécurité, ils rappellent que trois agents ont été victimes d’agression et de vol depuis le début de l’année et souhaitent mettre en place un système de navettes pour pallier aux habituels embouteillages de Mamoudzou.
Suivant l’exemple d’autres fonctionnaires sur l’îles, les grévistes espèrent que leur ministère leur octroiera une prime post-cyclone Chido. Selon eux, “l’aide octroyée par la fondation d’Aguesseau n’est qu’une aide qui dédommage des pertes matérielles des agents et tout le monde n’a pas pu en bénéficier”. Ils rappellent aussi qu’il existe une différence d’indexation entre les fonctionnaires mahorais et ceux de La Réunion (elle est de 40% à Mayotte et 53% à La Réunion), alors que la vie est plus chère à Mayotte. En outre, les grévistes souhaitent que Gérald Darmanin, déjà venu plusieurs fois à Mayotte en tant que ministère de l’Intérieur et de l’Outremer, fasse le déplacement pour constater leurs difficultés. Ils rappellent que d’autres ministres, le Premier ministre François Bayrou et le président de la République, Emmanuel Macron, sont venus dans le contexte post-Chido. “Une visite de la juridiction pour se rendre compte de nos problématiques et apporter son soutien est-elle envisageable ?”, demandent-ils.
En attendant, ils invitent leurs soutiens à rejoindre leur mouvement, un lundi sur deux, devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Un centre de détention à plus de 300%
La justice à Mayotte est aussi pénalisée par une prison de Majicavo-Koropa devenue bien trop petite. Les derniers chiffres de l’administration carcérale font état, au 1er février, d’un centre de détention à 303,5% (346 détenus pour 114 places) et une maison d’arrêt pleine à 191,5%. Le quartier des mineurs est lui à 90% de ses capacités.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.