Dans un communiqué daté de ce lundi, et en réponse à un article du journal Le Monde paru le 15 février, la municipalité de Mamoudzou liste les efforts fournis dans l’après-Chido, voulant ainsi défendre ses agents mobilisés.
“La Ville de Mamoudzou applique des règles strictes, et contrôle leur mise en œuvre. Elle assume pleinement ses responsabilités et restera transparente sur l’ensemble des actions menées pour accompagner les sinistrés”, défend Ambdilwahedou Soumaïla. Le maire de Mamoudzou se fend ici d’un communiqué, ce lundi soir, dix jours après la publication d’un article du Monde sur la distribution alimentaire. Celui-ci évoquait des rumeurs de détournement de l’aide apportée, après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, sur la base de témoignages, provoquant la colère des maires mahorais. Le premier élu de la commune chef-lieu n’est pas en reste. Alors qu’il est déjà intervenu dans l’article, y estimant “que les critiques n’étaient pas fondées”, il va plus loin par un texte listant les actions de la municipalité au lendemain du cyclone. Il rappelle que celle-ci a distribué 50.000 encas et plus de 30.000 bouteilles d’eau sur ses fonds propres aux milliers de personnes rassemblées dans les 22 centres d’hébergement d’urgence. Il ajoute que “plus de 50.000 repas chauds ont été distribués chaque jour grâce à un partenariat mis en place par la Ville avec l’ONG World Central Kitchen”, que la municipalité a aidé la Sécurité civile à distribuer de l’eau potable dans les quartiers, que 5.746 foyers sinistrés ont été recensés et qu’une distribution des aides, “notamment des bâches, en quantité très insuffisantes, a été organisée de manière équitable et rigoureuse grâce à un tirage au sort informatique garantissant l’absence de favoritisme”.
“Tous les sinistrés, sans distinction de statut administratif, ont eu accès aux distributions organisées par la Ville. On ne regarde pas à qui on donne. Des points de distribution des colis alimentaires ont été spécifiquement installés à proximité des quartiers informels, pour garantir l’accès à tous les habitants (Gouloué, Cavani Mbarazi, …). Chaque colis alimentaire ou matériel distribué fait l’objet d’un accusé de réception signé et conservé par la Ville. Concernant les bâches, leur attribution a été encadrée par des critères objectifs (habitations endommagées avec toit ou charpente arrachés). Au total, 1.270 bâches ont été réceptionnées, mais ce volume n’a permis d’aider que 23 % des foyers recensés”, égrène-t-il également.
“L’incroyable lenteur des délais”
Comme l’association des maires, Ambdilwahedou Soumaïla renvoie le manque de vivres et d’eau à la gestion de la catastrophe par l’État. “La véritable problématique de cette crise ne réside pas dans la gestion locale des aides, mais bien dans l’insuffisance des volumes d’aide fournis par l’État, ainsi que dans l’incroyable lenteur des délais d’approvisionnement”, vilipende-t-il. Il chiffre l’aide alimentaire obtenue pour sa commune à 27 tonnes, alors que “les besoins alimentaires de Mamoudzou et de ses plus de 80.000 habitants sont estimés à 160 tonnes de nourriture par jour”. Dans le même temps, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville indique que 330 tonnes ont été livrées pour Mayotte sur un mois (voir encadré). Le maire de Mamoudzou cite des exemples avec la première livraison de tomates pelées à Vahibé, deux semaines après le cyclone, des livraisons de l’État “souvent incomplètes”, “l’arrêt brutal sans préavis de la distribution d’eau en bouteille dès le 25 décembre” ou des retards dans la livraison des bâches.
Suivant l’idée portée par le sénateur Saïd Omar Oili, il demande qu’une enquête parlementaire puisse faire le bilan de cette gestion.
“Je n’incrimine personne”
Dans la même soirée, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville était sur le plateau de Mayotte La 1ère. Il a répondu sur la question de l’aide alimentaire, défendant de son côté les services de l’État, avec “330 tonnes de marchandises livrées en un mois et 120.000 litres d’eau distribuées chaque jour”. En revanche, sur la distribution, il fait remonter des difficultés sans désigner ouvertement les municipalités. “Je n’incrimine personne. On peut simplement s’interroger sur les circuits de distribution qui ont été organisés”, soulève le délégué du gouvernement.
Sur les problèmes d’achat de bouteilles d’eau dans les magasins, le préfet dit vouloir prendre des mesures pour “éviter qu’un certain nombre de personnes fassent du trafic d’eau”. Selon lui, il n’y a pas de problèmes d’approvisionnement, assurant qu’il n’y avait plus de réquisition de la part de l’État, mais plutôt un phénomène de spéculation. Contre cela, il compte règlementer le prix de l’eau, “effectuer un certain nombre de contrôles pour savoir pourquoi l’eau est stockée” et augmenter le volume d’importation depuis d’autres pays européens.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.