Le Tribunal de Mamoudzou a débuté son année judiciaire dans des conditions difficiles. Après le passage du cyclone Chido, le tribunal souffre d’un manque de ressources humaines, avec seulement une trentaine d’avocats pour 70 nécessaires. Malgré la situation, la présidente a présenté ses vœux et trois nouveaux magistrats ont été introduits. Les problèmes d’infrastructures et la surpopulation carcérale restent des enjeux majeurs à résoudre.
Le mercredi 5 février, à 14h30, a eu lieu la rentrée judiciaire du Tribunal Judiciaire de Mamoudzou, dans le bâtiment B du palais de justice situé à Kawéni. Un événement solennel et obligatoire, comme dans toutes les juridictions françaises, permettant de dresser un bilan de l’année judiciaire écoulée et de poser les grandes lignes des actions à venir.
Des conditions de travail difficiles après le cyclone Chido
Cette année, la rentrée a pris un tour particulier, notamment en raison des conditions de travail actuelles du tribunal, sept semaines après le passage du cyclone Chido. Le tribunal fonctionne encore en « sous-régime », avec un manque notable de ressources humaines. En effet, alors que le tribunal devrait compter 70 avocats, seulement une trentaine seraient en fonction. De même, le personnel greffier souffre d’un déficit important, et des renforts se font toujours attendre.
Lors de cette séance, la présidente du tribunal, Sophie de Borggraef, a présenté les vœux de la juridiction, en présence du bâtonnier Yanis Samaili et de la procureure par intérim Françoise Toillon. Un moment marquant fut l’introduction de trois nouveaux magistrats dans le cadre de cette rentrée judiciaire : Ariane Balg, vice-présidente chargée des fonctions de juge des libertés et de détention, et Axelle de Laforcade, vice-présidente chargée des fonctions de juge des enfants.
Le bilan de l’activité judiciaire en 2024 a également été dressé, revenant sur la lutte contre la délinquance de rue, l’immigration clandestine, mais aussi la délinquance des élus. La procureure par intérim a exprimé sa volonté de continuer à œuvrer dans ces domaines, malgré son statut d’intérim. Un nouveau procureur doit être nommé dans les semaines à venir. Le tribunal fait face à une baisse de budget tout en ayant un travail croissant.
Le tribunal, déjà impacté par les événements liés à Chido, n’a jamais cessé de travailler. Cependant, une situation particulièrement difficile persiste avec un taux d’occupation des places de détention atteignant 234 %. Cette surpopulation carcérale crée des tensions et complique la mise en œuvre de certaines mesures de semi-liberté et de surveillance électronique, qui peinent à être appliquées dans de bonnes conditions. En 2024, une insurrection au sein de la maison d’arrêt a inquiété l’ensemble des habitants de l’île.
L’infrastructure du tribunal est également en souffrance : l’un des trois bâtiments du palais de justice est complètement hors-service, et les équipes judiciaires travaillent actuellement dans des conditions de promiscuité. Cependant, une bonne nouvelle est survenue récemment : le tribunal a pu obtenir la location d’un local supplémentaire de 120 m², destiné au service civil, bien que l’espace reste encore insuffisant. Enfin, les Assises reprendront en avril 2025.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.