À Mayotte, après le cyclone Chido et la tempête tropicale Dikeledi, l’État et le Syndicat intercommunal de valorisation et d’élimination des déchets de Mayotte (Sidevam) ont opté pour une opération de brûlage de déchets à Hajangoua. 10.000 tonnes de déchets ont été collectés.
Sur les hauteurs d’Hajangoua, dans la commune de Dembéni, des montagnes de déchets jonchent le sol. Deux containers roses se remplissent, dont de la fumée blanche s’évapore. Ce mercredi 4 février, les services de la préfecture de Mayotte ainsi que le Syndicat Intercommunal d’Élimination et de Valorisation des Déchets de Mayotte (Sidevam) ont décidé de procéder à une opération de brûlage de déchets ménagers dans le but de participer à leur réduction suite au cyclone Chido et à la forte tempête tropicale Dikeledi.
« C’est la méthode utilisée à Saint-Martin lors du cyclone Irma ; ISDND (installation de stockage de déchets non dangereux, NDLR), qui est le centre d’enfouissement, récupère 320 tonnes par jour et n’est pas en capacité d’en prendre plus. Ça prendrait beaucoup de temps, tout le monde a envie de voir cet amas de déchets disparaître au plus vite.» explique Maxime Ahrweiller Adousso, secrétaire général pour les affaires régionales auprès des services de la préfecture. Il s’agit aussi d’une mesure d’urgence dérogatoire au règlement sanitaire départemental pris par arrêté préfectoral, recueillant l’avis favorable du ministère du Travail, de la santé, des solidarités et des familles, et du ministère de la Transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche, ainsi que de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris).
Suite à Chido et Dikeledi, 10.000 tonnes de déchets ont été collectées et déposées sur 50 sites tampons répartis sur l’ensemble du territoire. Ainsi, il existe trois catégories de déchets : les ordures ménagères, les déchets verts et les déchets de destruction.
Une méthode encadrée
Loin des brûlis traditionnels mahorais, interdits par arrêté préfectoral, cette méthode expérimentale est encadrée sur les conseils du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis). 30 m³ d’eau sont à disposition pour éteindre le feu si nécessaire. Le site choisi est celui d’Hajangoua, à l’écart des habitations. Le sens du vent s’éloigne vers la mer et le lagon, et non vers le village à proximité. Le feu devra être éteint à partir de 16h. Un gestionnaire de site sera désigné en lien étroit avec la Direction de l’environnement, de l’agriculture, du logement et de la mer (Dealm) et le Sdis, et devra surveiller le feu.
Les déchets sont brûlés au sein de containers pour contenir tout risque de propagation ou d’impact sur le milieu. La qualité de l’air sera mesurée par Hawa Air, dont Nils Paragot, responsable du service, qui observe déjà cette action : « C’est une méthode par défaut. on ne peut pas nier que les déchets s’accumulent à Mayotte, on le voit bien sur le terrain de M’tsapéré. Mais ce qui a été décidé, ce n’est pas la méthode la moins polluante, c’est sûr. Il y aura des impacts. Il faut pouvoir être sûr que ces impacts ne soient pas problématiques pour la santé et l’environnement. »
Une méthode que souhaite encore expérimenter Moudjibou Saidi président de la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et maire de Dembéni : « Rien qu’à la Cadema, il y a 6.000 tonnes de déchets, si on n’anticipe pas les solutions palliatives, il serait impossible d’accueillir ces déchets territoriaux. Ceci est un test. »
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.