Une professeure récolte 43.000 euros pour fournir des repas dans les bidonvilles

Au lendemain de Chido, face au manque d’aide dans les bidonvilles, Sara Minas, une professeure, s’est organisée pour y acheminer avec des bénévoles jusqu’à 300 colis alimentaires par jour. Récit.

Très inquiète pour ses élèves qui étaient dans des cases en tôle pendant le cyclone, Sara Minas est allée dès le lendemain à leur recherche dans les bidonvilles de Majicavo et Kawéni. « Très vite, ce qui est ressorti, c’est que les habitants n’avaient rien à manger », raconte la professeure au collège de Majicavo. « Quand les distributions alimentaires ont commencé, le temps qu’ils descendent des collines, il n’y avait déjà plus rien ». Avant Chido, « les habitants allaient à la campagne chercher du manioc, des bananes et ils vendaient le surplus ». Mais le cyclone a frappé et tous les arbres ont perdu leurs fruits. En voyant des enfants déshydratés et des mamans en pleurs, la jeune femme commence à faire des courses pour aller les distribuer à ses élèves dans les bangas. « Je prenais sur ma propre paie, ce n’était pas viable », analyse-t-elle aujourd’hui.

Johan Reboul, influenceur connu sous le pseudonyme « Le Jeune Engagé » sur les réseaux sociaux (179.000 followers sur Instagram) contacte Sara Minas d’abord pour en savoir plus sur la situation à Mayotte. « Très vite, je lui parle de ce que je vois, notamment l’aide humanitaires qui n’arrive pas dans les quartiers informels ». L’idée de lancer une cagnotte pour acheter des vivres émerge. Une fois en ligne, elle atteint 15.000 euros en 12 heures. « Ca m’a fait peur que ça aille si vite, je me suis dit que toute seule, je ne pourrai pas gérer l’achat et l’acheminement de nourriture, j’ai demandé à Johan de mettre la cagnotte en pause le temps de m’organiser et de trouver des bénévoles ». En parallèle, Sara a lancé un groupe WhatsApp pour communiquer sur ses maraudes. « Ce jour-là, j’ai la surprise de voir 20 bénévoles pour m’aider à distribuer, prêts à faire ça tous les jours ».

Une logistique se met en place pour acheter et acheminer les colis alimentaires. Chacun d’entre eux est composé de 5 kg de riz, de boîte de pois-chiches, sardines, couches etc.. La professeure les a conçus pour une famille de 8 personnes pour tenir une semaine. « En général, entre 6 et 8 personnes vivent dans une case », a-t-elle observé lors de ses maraudes quotidiennes. La professeure a pensé à tout, ses colis sont conçus pour avoir à utiliser très peu d’eau sauf pour le riz  et pour qu’il soit équilibré elle a même calculé le nombre de calories nécessaires par personne pour une semaine.

5.000 euros de courses chaque jour

La machine se met donc en route. Chaque matin, les bénévoles se donne rendez-vous, un premier groupe devant le Carrefour des Hauts-Vallons, un autre au niveau de HD à Kawéni. « Nous dépensons 5.000 euros de courses par jour pour distribuer 300 colis environ. Le directeur de Carrefour a été très arrangeant, ils nous laissaient venir à 7h30 avant l’ouverture du magasin pour faire les courses ». Ensuite, des voitures acheminaient les denrées dans les bidonvilles de Kawéni et Majicavo. Au total, la cagnotte a atteint 43.000 euros. La somme de celle-ci a été dépensée au fur et à mesure pour pouvoir livrer la nourriture tout de suite.

Aujourd’hui, Sara et son groupe ont terminé les maraudes. «On avait dit qu’on arrêterait quand la vie quotidienne reprendrait, nous avions tous des métiers à côté ».Une décision difficile à vivre pour la jeune femme.  « Les habitants de ces quartiers ont toujours besoin de nourriture, même pendant les distributions, nous n’avions jamais assez de colis pour tout le monde ». A la fin de leurs actions, il restait 2,000 euros sur la cagnotte. Les bénévoles ont décidé de les verser à l’association Espoir Majicavo. « Une association du village qui connaît très bien les habitants et les chemins qui mènent vers les bangas et qui saura distribuer aux plus vulnérables », confie-t-elle.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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