Lundi, les sinistrés encore présents au lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, et au collège Zéna M’déré, à Pamandzi, ont été déplacés au collège de Kwalé, à Tsoundzou 1. Depuis, des parents d’élèves bloquent l’accès à l’établissement.
Ce mercredi 22 janvier, plusieurs parents d’élèves bloquaient toujours le portail du collège de Kwalé, à Tsoundzou 1, dans la commune de Mamoudzou, pour protester contre l’installation de sinistrés dans l’établissement. Ce lundi, celles et ceux qui étaient encore hébergés au lycée Younoussa-Bamana, à Mamoudzou, et au collège Zéna M’déré, à Pamandzi, ont en effet été déplacés dans ce nouvel endroit par les services de l’État. Une situation qui a éveillé la colère des parents, qui font blocage depuis. « On n’a rien contre les réfugiés, mais pas ici, alors que nos enfants sont sensés reprendre les cours lundi », déplore une des mères venues mettre une chaîne au portail. « Comment voulez-vous que nos enfants aient cours dans ces conditions ? Avec un campement dans l’établissement ? », interroge une autre.
Plusieurs professeurs attendent devant l’établissement ce mercredi matin, comme ils l’ont fait la veille. Lassés de ne pas pouvoir se mettre au travail et préparer l’arrivée des élèves, la plupart comprend néanmoins l’énervement des parents. «On n’a fait que déplacer le problème », indique un enseignant, qui explique que cela vient éprouver davantage le moral de l’équipe pédagogique. « Personne n’a été prévenu, on dirait que ça s’est fait à la dernière minute », dit un de ses collègues, à propos du transfert des sinistrés dans l’établissement.
Le soir de l’opération de transfert, sur le plateau de nos confrères de Mayotte la 1ère, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville a assuré qu’il ne s’agissait pas d’une « opération en catimini » et que le sujet avait été évoqué « avec tous les élus, notamment le maire de Mamoudzou et les élus départementaux ». Il a rappelé l’objectif des services de l’État d’aboutir à une solution durable, rappelant que le collège de Kwalé n’en était qu’une temporaire.
« On ne sait pas combien de temps on doit rester »
À l’intérieur, dans l’enceinte du gymnase, des centaines d’hommes, femmes et enfants se marchent presque les uns sur les autres. Des lits de camps ont été mis à leur disposition, ainsi que des sanitaires. « On ne sait pas combien de temps on doit rester là », explique Annette, originaire de la République Démocratique du Congo et arrivée à Mayotte après le passage du cyclone Chido. Elle n’est pas seule dans ce cas. Un autre demandeur d’asile, Azim, explique être arrivé dans le département après la tempête. « La police m’avait dit d’aller au lycée Bamana », indique le ressortissant somalien. Si de la nourriture leur a été distribuée à leur arrivée et chaque jour depuis, les rations sont partagées entre les plus de 500 occupants. « De nouvelles personnes sont arrivées mardi », explique Annette.
Lorène, qui est arrivée à Mayotte un mois avant le cyclone, explique que des délinquants sont venus s’en prendre à eux à plusieurs reprises. « Ils nous lancent des pierres », décrit-elle. Des tensions qui sont redoutées par les parents d’élèves bloquant le collège ainsi que par les enseignants présents ce mercredi. Ils craignent en effet que cette situation augmente l’insécurité. Face à cela et à la quantité de nourriture insuffisante, Azim affirme que s’il le pouvait, il ne resterait pas là.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.