Depuis le passage du cyclone Chido sur l’île aux parfums le 14 décembre, ravageant les différentes cultures, il devient de plus en plus compliqué pour les habitants de trouver des fruits et légumes frais. Au marché de Chirongui, il n’y a presque plus que des produits importés. Reportage.
Sur les étals du marché de Chirongui, les produits locaux ne sont plus qu’un souvenir. À part quelques brèdes mafane et concombres qui restent après les passages successifs du cyclone Chido et de la tempête tropicale Dikeledi, le reste a poussé ailleurs. “Ça, ça vient de Madagascar”, indique une vendeuse depuis son stand, en désignant le gingembre et le tamarin. Les pommes, les poires, les carottes, les oignons viennent aussi de l’extérieur, mais la vendeuse et sa sœur, qui les rachètent à d’autres vendeurs, ne savent pas d’où exactement. Les affaires sont rudes pour elles en ce moment. La semaine dernière, elles ont dû acheter 20 kilos d’oignons à 70 euros au lieu des 35 euros habituels avant le cyclone. Une augmentation qu’elles ont dû répercuter sur leurs prix de vente, qui ont tous augmenté d’un euro. C’est comme cela que Velou s’est retrouvé à acheter son kilo d’oignons à cinq euros au lieu de quatre.
“Pour l’instant, il n’y a rien”
Pour lui, la situation n’est pas trop grave, car il “ne mange pas trop de légumes”. Il reconnaît néanmoins que ne plus trouver de bananes, alors que sa famille en avait quelques plants avant la tempête, va être compliqué, surtout avec le ramadan qui arrive, prévu vers la fin du mois de février. “On ne trouve plus de manioc non plus”, déplore-t-il. Une vendeuse qui tient un stand de vêtements sur le marché, s’inquiète davantage. Celle qui ne se nourrit elle et ses enfants que de féculents depuis le passage de Chido, redoute de ne plus trouver de fruits et légumes locaux ou abordables financièrement. “Pour l’instant, il n’y a rien”, constate-t-elle.
Davantage de tentatives de ramener des fruits de voyage
La préfecture a pris un arrêté le 23 décembre 2024 pour faciliter l’importation de végétaux, afin d’apporter une solution à cette situation. Des contrôles de qualité ont toujours lieu, mais le renouvellement des permis d’importation a par exemple été facilité. La mesure semble néanmoins tarder à porter ses fruits : Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), indique que depuis la tempête, les douanes saisissent davantage de plantes que des passagers tentent de ramener de La Réunion et de l’Union des Comores. “Cela risque d’amener des insectes ravageurs sur le territoire”, prévient-il, avant de rappeler que l’arrêté du 23 décembre ne concerne pas les voyageurs particuliers et que les restrictions restent les mêmes aux aéroports.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.