Le mercredi 15 janvier, la Ville de Mamoudzou a organisé une réunion de sensibilisation consacrée à la situation des makis. Depuis le passage du cyclone Chido, qui a frappé l’île le 14 décembre, de nombreux makis errent dans les villages, exposés aux attaques de chiens ou aux dangers des routes.
« C’est un animal emblématique de l’île », rappelle Saïd Mohamed Djanfar, adjoint au maire chargé de l’économie. Face à la situation critique, des acteurs locaux tels que Mayotte Nature Environnement et les Naturalistes de Mayotte se sont réunis pour dresser un état des lieux et réfléchir à des mesures de préservation.
Le cyclone a dévasté les ressources alimentaires des makis, déblayant les fruits et la végétation sur son passage. En conséquence, ces lémuriens frugivores, dont la population est estimée à 20.000 individus sur l’île, peinent à se nourrir. « Ils s’adaptent en mangeant des pousses, des bourgeons ou des fleurs, mais ce n’est pas suffisant », alerte Michel Charpentier, président des Naturalistes de Mayotte.
Ces animaux sociaux, organisés en groupes de six à douze individus, souffrent également d’une perte de repères physiques et sociaux. Leur déplacement, d’ordinaire de branche en branche, est rendu difficile par les dégâts causés aux arbres par le cyclone.
Ne pas nourrir les makis
Lors de cette réunion, les experts ont unanimement recommandé de ne pas nourrir les makis. « Cela risque de provoquer une surpopulation incontrôlée, comme cela a été observé sur l’îlot Mbouzi », explique Ibouroi Mohamed Thani, conservateur de la Réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi. « Nourrir les makis peut aussi favoriser la transmission de maladies entre eux et les humains, car ces lémuriens sont des réservoirs pathogènes », ajoute le président des Naturalistes de Mayotte. De plus, les habituer à recevoir de la nourriture rend difficile tout retour à l’autonomie, au risque d’engendrer un comportement agressif, s’ils n’obtiennent pas ce qu’ils attendent.
Quelles solutions pour préserver les makis ?
Face à l’urgence, plusieurs pistes ont été évoquées pour préserver les makis : notamment celle de laisser la nature suivre son cours pour permettre aux écosystèmes de se rééquilibrer naturellement, réaliser des études diagnostiques afin d’évaluer les taux de mortalité et de déterminer si la population actuelle est viable ou encore sensibiliser les Mahorais, notamment les automobilistes, aux dangers auxquels sont confrontés les makis.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les makis sont déjà considérés comme une espèce quasi menacée. « Même si la population peut s’adapter, cela nécessitera du temps », conclut Ibouroi Mohamed Than.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.