La fédération mahoraise du BTP “en ordre de bataille” pour la reconstruction

Julian Champiat, le président de la fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP) explique les enjeux et les défis de la filière BTP sur l’archipel depuis le passage du cyclone Chido.

la-federation-mahoraise-du-btp-en-ordre-de-bataille-pour-la-reconstruction
Julian Champiat est le président de la fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP). Celle-ci compte une quarantaine d’entreprises adhérentes.

Flash Infos : Dans quelles conditions travaillent les entreprises du BTP actuellement ?

Julian Champiat : D’abord, nous avons pris des nouvelles des salariés des quarante entreprises de la fédération. Fort heureusement, nous n’avons pas de blessés graves ni de décès. Nos outils de production sont par chance tous fonctionnels. En revanche, aujourd’hui, nous rencontrons une problématique avec les branchements d’Électricité de Mayotte (EDM) qui ne sont pas encore terminés (N.D.L.R. 72,5% des clients étaient alimentés, lundi soir). Nous, on attend juste de pouvoir redémarrer nos outils en particulier ceux qui servent à la métallerie, la couverture, l’étanchéité, l’électricité. Ce sont les activités les plus sollicitées en ce moment. Dans nos unités de production, nous avons besoin d’électricité pour découper et modeler des tôles par exemple. Pour l’instant, nous travaillons donc en mode dégradé mais à partir du moment où on sera branché au réseau EDM, on sera à 100 % fonctionnel. Il faut rétablir cela le plus rapidement possible pour pouvoir attaquer les chantiers.

F. I. : Où en sont les travaux pour commencer à reconstruire Mayotte ?

J. C. : Depuis deux semaines, des architectes de l’urgence sont venus de La Réunion pour diagnostiquer les bâtiments, en particulier les établissements scolaires. Maintenant, nous sommes en attente des pouvoirs publics pour nous donner une liste claire des priorités. Au sein de nos entreprises, on a analysé nos capacités de production à la fois en termes de matériel disponible et de main d’œuvre. Ce que l’on souhaite, c’est la continuité économique, qu’on fasse le moins appel possible au chômage partiel. Des travaux ont déjà commencé, nous ne sommes pas restés là, les bras croisés. Pour ma part, avec mon entreprise Étanchéité australe, on a commencé à refaire le toit du collège de Chiconi, des interventions ont aussi commencé sur les écoles, par exemple dans celle de Cavani.

F. I. : Début janvier, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a rencontré des acteurs économiques à La Réunion pour parler de la reconstruction de Mayotte, avez-vous peur qu’elle ne soit pas confiée aux entreprises mahoraises ?

J. C. : Pour la construction et la reconstruction, je souhaite que les entreprises mahoraises soient privilégiées. Avant le cyclone, nous étions à 70 % de notre capacité de production, on peut encore monter en puissance pour répondre aux besoins de Mayotte. Je suis en contact avec le président de la fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics, on est sur la même longueur d’onde sur la capacité des entreprises mahoraises à reconstruire avec l’appui des entreprises réunionnaises. On ne leur ferme pas la porte, toute aide est bonne à prendre, mais les entreprises mahoraises doivent être prioritaires, je l’assume. Le message que je veux faire passer aux entreprises adhérentes et aux pouvoirs publics, c’est qu’on est en ordre de bataille et qu’à partir du moment où ils nous donneront les priorités, on saura répondre au maximum.

F. I. : Pour le moment, rencontrez-vous des obstacles à la reconstruction ?

J. C. : Notre activité est principalement issue de commandes des donneurs d’ordre public et parfois les délais de paiement ne sont pas respectés. Maintenant, si on veut travailler et être très réactifs notamment au niveau de la commande des matériaux, il faut qu’on puisse être payés pour les chantiers qui ont été effectués les mois précédents. Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’argent dehors. Pour que l’on puisse avancer, il faut que ce soit régularisé. A l’instant T, cela ne nous bloque pas pour poursuivre notre activité, car on a un peu de trésorerie. Mais dans les semaines qui viennent, ça va devenir problématique.

F. I. : Avez-vous des revendications en particulier ?

J. C. : Aujourd’hui, tous les chantiers qui étaient en cours ont été endommagés par les intempéries ou par des dégradations causées par des humains, nous souhaitons donc une compensation financière pour celles-ci. Lors des travaux, la maîtrise d’ouvrage a le choix de prendre une assurance tous risques. Traditionnellement sur Mayotte, ce n’est pas fait. Ce sont des choix politiques ou pour faire des économies, je ne porte pas de jugement. La conséquence, c’est qu’aujourd’hui, les dégâts ne sont pas forcément couverts par l’assurance, que ce soit celle de l’entreprise ou celle de la maîtrise d’ouvrage. Donc quid du coût de ces dégâts ? Il faudrait que ce soit pris en charge dans l’enveloppe de la reconstruction.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

Le flash infos du jour

2025-01-12
Lundi 06 janvier

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes

À la Une