Durement éprouvé par le cyclone, le Centre hospitalier de Mayotte fonctionne de manière dégradée depuis le passage du cyclone Chido. Endommagés, plusieurs parties de l’hôpital sont fermées.
Une semaine après le cyclone, les séquelles du CHM sont encore bien visibles, bâtiments aux toits soufflés dont il ne reste que la charpente, préfabriqués éventrés, amas de bois au sol. Aussitôt après la catastrophe, il a fallu tout mettre en oeuvre pour assurer un service minimum. Un groupe électrogène de secours a rapidement été branché pour alimenter l’hôpital. Les informaticiens ont tout de suite été mobilisés pour rétablir les logiciels. L’informatique tient un rôle indispensable “pour gérer les évacuations sanitaires, les entrées aux urgences. Si les systèmes informatiques ne fonctionnent pas, c’est tout l’hôpital qui ne fonctionne pas”, renseigne Rodrigue informaticien aux infrastructures réseaux de l’établissement. Alors que le data center de Mayotte où sont stockées les données du Centre hospitalier de Mayotte a pris l’eau , les équipes des services informatiques s’activent nuit et jour pour permettre de retrouver le fonctionnement pré cyclone. “Une cellule de crise a été montée, nous dormons sur place”, explique-t-il.
Dans la maternité, l’aile qui accueillait les femmes enceintes hospitalisées a été fermée car il n’y a plus d’électricité. Les sage-femmes utilisent la lampe torche de leur portable pour étudier les dossiers. “Entre 40 et 50 % du service n’est pas fonctionnel, les chambres sont endommagées”, détaille Roger Serhal, chef du service de chirurgie obstétrique. Quinze lits sont actuellement disponibles au lieu de 35 habituellement. Conséquence, le personnel peut prendre en charge moins de patientes. Une situation problématique alors que le CHM est la plus importante maternité d’Europe, en 2023 elle a enregistré 10.200 naissances.
Au-delà des services de traumatologie, des urgences ou encore de chirurgie, celui de médecine polyvalente est aussi débordé. “Nous avons doublé le nombre de lits”, souligne Dimitri Kornblum, médecin du service. Une situation qui est le résultat d’un manque d’accès de soins, la plupart des dispensaires ont été fermés pendant plusieurs jours. “Désormais sans toit, des personnes ne peuvent pas être soignées chez elles”.
Un risque d’épidémie
Surtout, le médecin craint les prochaines semaines : “Nous allons voir des décompensations de personnes avec des maladies chroniques car elles n’auront plus accès aux soins et à leurs médicaments”. Plus inquiétant, après le saccage du cyclone, le “risque d’une épidémie se pose”, selon le soignant. En cas de famine ou de dénutrition, la population est plus susceptible de “faire des infections sévères”, le manque d’eau potable présente également une menace, la population se retrouve à consommer des eaux stagnantes. “Le choléra pourrait revenir”, craint-il. Pour soulager le CHM, un hôpital de campagne vient de s’installer au centre de Mamoudzou, il compte 90 soignants qui assureront des soins en en traumatologie, réanimation et néonatologie.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.