À Sada, la population se prépare au passage du cyclone Chido annoncée à Mayotte pour cette nuit du vendredi à samedi et la journée de samedi. Pas de mouvement de panique, mais une prise de précaution par les habitants, qui constituent leurs stocks d’eau, de nourriture et de matériel pour se barricader.
Pâtes, boîtes de sardines, thon, légumes en conserve… “Je fais un stock de tout ce qu’on peut cuisiner rapidement, au cas où les magasins ferment”, indique un homme avec une boîte de champignons à la main, dans un des rayons du Sodicash de Sada, ce vendredi matin. Affirmant ne pas trop s’alarmer, il souhaite néanmoins suivre les consignes de la préfecture dans le cadre de l’alerte cyclonique orange, déclenchée ce vendredi matin, à l’approche du cyclone Chido. “J’ai déjà vécu un cyclone il y a quelques années à La Réunion. Je ne m’inquiète pas trop mais je sais qu’il faut prendre ses précautions et suivre les recommandations.” Dans cette même logique, il prévoit de ranger ce qui traîne autour de sa terrasse en prévention des fortes rafales de vent prévues dès ce vendredi soir.
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Il n’est pas le seul à faire ses réserves. Une bonne vingtaine de personnes font la queue dans le magasin, vers 11h. Le mot “précaution” revient dans chaque bouche en train d’attendre de passer à la caisse. Les paniers ne sont pas pour autant débordants et les achats semblent être raisonnables. Un homme néanmoins se démarque par son chariot rempli de paquets de pâtes. « En 1984, on ne s’attendait pas aux conséquences du cyclone Kamisy. Cette fois, je préfère prendre mes précautions », indique celui qui, à l’époque, s’était réfugié à la mosquée pendant que sa maison se faisait emporter en partie par le vent et la pluie. “On n’y croyait pas à l’époque, on se disait que l’île serait à l’abri, comme pour les autres cyclones. Mais j’ai vu les dégâts, alors cette fois je veux être prêt au cas où”, ajoute-t-il, alors qu’il commence à ajouter des boîtes de thon à ses courses.
Les stocks de sardines s’amenuisent
Si les queues sont plutôt calmes du côté des clients, le passage en caisse l’est moins pour l’employée du magasin que nous interrogeons. “On a beaucoup plus de monde que d’habitude depuis ce matin. Je pense qu’on va manquer de stock pour les sardines”, constate celle qui trouve également les acheteurs plus agités que d’habitude, s’empressant d’emballer leurs emplettes avant de rentrer rapidement chez eux. Le Sodicash restera ouvert tant que l’alerte rouge ne sera pas déclenchée.
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Du côté du Douka Bé attenant aux locaux de la police municipale, pas de clients au moment de notre passage. Mais le rayon de conserves déplumé trahit l’agitation de certains passés par ici. “On n’a pas arrêté. On a plein de clients venus acheter de l’eau, des légumes en boîte, des sardines”, indique le caissier, qui craint lui aussi que ces dernières viennent à manquer.
Les lampes rechargeables écoulées
Si la population se prépare au manque de nourriture et d’eau, elle s’active également pour prévenir les coupures d’électricité et renforcer ses habitations. À la quincaillerie Super Bois, située sur la route départementale, la place dédiée aux lampes rechargeables est vide. “On a vendu la dernière il y a vingt minutes”, lance Ismaël Farsi, le responsable du magasin, vers 11h40. Les panneaux de contreplaqué ont aussi du succès depuis jeudi midi. “Les gens en veulent pour renforcer leurs fenêtres et baies vitrées”, précise-t-il. Niveau stock, ce dernier ne s’inquiète pas pour les panneaux, ayant un entrepôt rempli. Il assure en avoir assez pour celles et ceux qui craignent les dégâts sur leurs maisons. S’il est plutôt serein, il ne voit pas moins l’agitation chez certains de ces clients : “On voit que ceux qui ont vécu Kamisy en 1984 sont inquiets.”
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.