Du fait de l’arrivée probable du cyclone Chido près de Mayotte, ce samedi, la préfecture de Mayotte a annoncé la mise en place de l’alerte orange cyclonique (voir encadré), dès ce vendredi 13 décembre à 7h. Elle enjoint vivement les citoyens à s’abriter dès vendredi soir dans un logement en dur, chez des voisins ou dans un des hébergements d’urgence. De nombreux services de l’État ou des collectivités s’activent déjà.
Fermeture des écoles
Sur décision de la préfecture de Mayotte, qui passe le 101e département en alerte orange cyclone, ce vendredi matin, toutes les écoles du premier et second degré de même que l’Université sont fermées depuis ce jeudi soir. Elles n’accueilleront donc pas d’élèves, vendredi 13 et samedi 14 décembre. Les professeurs des établissements reçoivent au fur et à mesure des mails les informant de la fermeture imminente des écoles. Ces dernières se préparent elles aussi au passage du cyclone. Le collège de M’gombani, par exemple, en appelle à faire le point sur les stocks d’eau et le matériel de premier secours et à la mobilisation du personnel. Chirongui fait savoir que ses écoles libérées pourront « servir de lieux de rassemblement et d’hébergement pour la population en cas de besoin lors des prochains jours ».
Du côté du centre hospitalier de Mayotte (CHM), un plan cyclone est effectif dès vendredi. Une grosse partie du personnel est déjà réquisitionnée et le mot a été passé auprès des professionnels de santé de se tenir prêts.
Les communes s’organisent
Dès ce jeudi, la commune de Bandrélé annonce mettre en place plusieurs centres d’hébergement d’urgence à Dapani (dans l’école élémentaire), à M’tsamoudou (dans l’école maternelle), à Bandrélé (dans l’école maternelle) et à Nyambadao (dans la MJC). « Des navettes seront mises en place à partir du vendredi 13 décembre de 14h à 18h pour l’acheminement des personnes nécessiteuses souhaitant rejoindre ces centres d’hébergement : de Mgnambani et Bambo-Est vers l’école maternelle de Bandrélé et de Hamouro vers la MJC de Nyambadao », fait savoir Bandrélé dans son communiqué. Surtout une permanence physique et téléphonique en mairie sera opérationnelle au numéro suivant : 02 69 62 19 81.
Par le biais de mégaphone et des mosquées, Pamandzi a sensibilisé « les riverains qui habitent sur le front de mer, et tous ses habitants », annonce-t-elle sur sa page Facebook. Elle prévient qu’en cas de cyclone avéré, « un signal sonore sera déclenché, et la cellule de crise sera là à vos côtés pour vous guider et vous aiguiller ». Cette dernière a été déclenchée avec Plan communal de sauvegarde. Elle invite toutes les personnes qui vivent dans un logement précaire à « se prémunir de leurs médicaments de traitement, de couper leur compteur électrique puis de se diriger vers les lieux de replis à savoir, l’école élémentaire Pamandzi 4- Pamandzi 3, le collège ou le lycée de Pamandzi ». Le numéro d’urgence pour contacter la ville : 02 69 60 12 82. Dembéni annule quant à elle l’inauguration du stade Iloni, prévue initialement dimanche 15 décembre « en raison de l’évolution de la situation météorologique ». La mairie de Mamoudzou a annoncé ce soir l’interdiction de manifestation à compter de vendredi. Les lieux d’accueil de la jeunesse (crèches, accueil périscolaires, accueils collectifs) seront fermés dès 7 heures, ce vendredi.
Les particuliers doivent faire de même
Il est donné comme consigne de faire des stocks et se préparer à être isolé quelques heures voire jours. Il faut garder près de soi l’équipement nécessaire (eau, nourriture, lampe de poche, papiers d’identité, trousse de secours) et se préparer à une évacuation potentielle. Il faut aussi préparer son habitation en consolidant et protégeant les ouvertures, et notamment les fenêtres (volets, planches…). Il faut mettre à l’abri tout ce qui pourrait être emporté par le vent, préparer la pièce la plus sûre de l’habitation pour se confiner au besoin pendant le passage du phénomène, faire connaître le choix de son abri à son entourage et s’y tenir, mettre les animaux à l’abri, et garer son véhicule dans un endroit protégé.
Il faut un hébergement en dur, qui ne soit pas en bordure de ravine, de rivière, de mer, ou en zone inondable : chez soi, chez un voisin, de la famille ou dans un centre d’hébergement, pour ceux qui en ont besoin. Plusieurs centres d’hébergement sont en cours de mise en place par les communes et il est possible de se renseigner auprès des mairies pour savoir lesquels sont à disposition.
Pas de barges après 17h30
En lien avec le conseil départemental de Mayotte, il a été décidé l’arrêt complet de la circulation des barges à compter de 17h30, ce vendredi. Les personnes qui voyagent sont invitées à prendre leurs dispositions. Dès ce vendredi soir, il faut éviter de sortir si les conditions météorologiques deviennent trop mauvaises, éviter toute sortie en mer, sur le rivage, dans le lagon.
Les nautiques en première ligne
Les propriétaires de bateaux, entreprises comme particulier, s’inquiètent de voir arriver Chido. Le cyclone peut provoquer des vents violents, qui peuvent produire une puissante houle voire un risque de submersion. L’association May Voile a par exemple lancé un appel à la solidarité hier sur Facebook, « l’idée, c’est surtout de mettre les bateaux à l’abri », explique Romain Lab, responsable technique qualité. Un gérant d’entreprises, qui compte quatre bateaux au port de Mamoudzou, s’inquiète de la situation : « on va jeter les amarres et puis on va espérer que le cyclone ne fasse pas trop de dégâts. On ne peut rien faire d’autres ». De son côté, Mayotte Plaisance est en pré-alerte depuis la semaine dernière et indique avoir prévenu individuellement tous les 44 propriétaires, particulier comme professionnels, de bateaux amarrés à Dzaoudzi.
Du renfort de La Réunion et de l’Hexagone
Face au risque de cyclone, quarante sapeurs-pompiers de La Réunion sont envoyés en renfort à Mayotte, ils arrivent sur le territoire, ce vendredi. Ce sont principalement des unités spécialisées qui vont arriver, « une unité spécialisée dans les soins infirmiers, un groupe de recherche et intervention en milieu périlleux, une unité nautique et une unité de déblaiement », précise le service communication du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de Mayotte. En parallèle, 70 militaires de la sécurité civile de l’Hexagone sont déployés, ce vendredi. L’envoi de renfort a été décidé par le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) et par l’état-major de la zone et de protection civile de l’océan Indien (EMZPCOI).
A Mayotte aussi, les sapeurs-pompiers se tiennent prêts. Au nombre de 600 sur le territoire, ils ont tous été réquisitionnés et seront présents dans les casernes dès vendredi dont les effectifs sont doublés au vu de l’événement. Ils s’organisent actuellement pour pouvoir acheminer de l’eau et de la nourriture si besoin. Depuis le déclenchement de la pré-alerte cyclonique, le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de Mayotte enchaîne les réunions de crises. Le défi majeur sera de pouvoir réceptionner tous les appels du 18, alors que trois pannes ont eu lieu le mois dernier. « Nous collaborons étroitement avec le groupement informatique du Sdis et la préfecture pour que cela fonctionne bien », indique le service communication du Sdis.
Une alerte orange dès ce vendredi
Le cyclone Chido s’intensifie, la pré-alerte cyclonique déclenchée mercredi est passée en alerte cyclonique orange dès ce vendredi, 7h. « Le système dépressionnaire devrait se situer au plus près de nos côtes dans la journée de samedi mais les premiers effets se feront ressentir dans la nuit de vendredi à samedi », indique la préfecture de Mayotte dans un communiqué transmis à 20h, ce jeudi 12 décembre. Selon Météo-France, « une dégradation des conditions météorologiques est attendue à partir de samedi en matinée avec des vents forts, des fortes pluies et des submersions marines possibles ».
Le niveau d’alerte rouge pourrait « probablement » être atteint ce samedi matin, a annoncé le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, sur Mayotte La 1ère, ce jeudi soir.
Saïd Omar Oili en appelle au ministre de l’Intérieur
Le sénateur mahorais Saïd Omar Oili a annoncé, dans un communiqué, avoir demandé au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau de « pré-positionner des moyens humains sur l’île, comme lors de la précédente alerte en 2019 où des moyens similaires avaient été déployés face à une situation d’urgence face au cyclone Belna ». Ce dernier était passé à près de 100 kilomètres des côtes mahoraises, en faisant peu de dégâts. Le territoire était tout de même en alerte rouge.