Face à la perte de la biodiversité aux abords de la rivière Bouyouni et à la dégradation de la qualité de l’eau, la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) a lancé un projet de restauration du cours d’eau ce mardi.
Ce mardi, le projet de restauration de la rivière Bouyouni, dans la commune de Bandraboua, a été officiellement lancé par la communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte (CAGNM) dans ses locaux, avant une visite du site. Ce corridor écologique, qui permet naturellement aux espèces de plantes et d’animaux de se déplacer et de se reproduire, est actuellement dégradé, de par la pollution ou encore par la présence d’espèces exotiques envahissantes (EEE). “Cela entraîne une perte de la biodiversité et nuit à la qualité de l’eau”, explique Fayda Youssouf, directrice du cycle de l’eau à la CAGNM. Un enjeu d’autant plus grand qu’il y a un point de captage et une usine de potabilisation dans le village. Sur plus d’un kilomètre, du pont jusqu’au niveau de ce point de captage, l’intercommunalité va travailler à restaurer les ripisylves (ensemble des formations boisées sur les rives d’un cours d’eau) pendant 30 mois, avec l’aide de partenaires comme la Ville de Bandraboua, le Département, les porteurs du programme Leselam (Lutte contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon à Mayotte) ou encore les associations locales.
Dès maintenant et jusqu’au début de l’année 2025, la première étape consiste à récolter les semences de neufs plantes indigènes directement sur le site, pour préserver leur origine génétique et s’assurer de leur adaptation au terrain. Les graines récoltées seront ensuite cultivées dans des pépinières dans l’objectif de produire 2.500 plants. Les années 2026 et 2027 marqueront la phase de plantation. “En parallèle, nous allons également faire de l’arrachage d’espèces exotiques envahissantes”, ajoute Fayda Youssouf en désignant plusieurs buissons aux abords de la rivière. Tout le long du projet, un travail de communication sera effectué, pour impliquer la population et la sensibiliser à la nécessité de restaurer le cours d’eau.
Lauréat du programme Bestlife2030
Lauréat de l’appel à projets du programme européen Bestlife2030, dédié à la restauration des écosystèmes naturels dans les Outre-mers européens, le chantier est financé à 95% par ce dispositif porté par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sur les 91.287 euros qu’il va coûter. L’Office français de la biodiversité (OFB), qui subventionne l’UICN pour ce programme, va également accompagner la CAGNM en termes de méthodes et de conseils. “C’est bien que les collectivités se saisissent de ce type de projets habituellement portés par les associations. Cela va permettre de mettre en valeur la rivière de Bouyouni”, déclare Jean-Michel Zammite, directeur des Outremers au sein de l’OFB.
“On espère que ce premier projet pourra se faire sur d’autres rivières, comme celles de Dzoumogné, de Longoni ou encore de Koungou”, avance Fayda Youssouf. Le directeur général des services de la Ville de Bandraboua alerte néanmoins sur la nécessité de prendre en compte les problématiques urbaines. “On a des maisons construites sur les bords de la rivière qui sont à un mètre de tomber dans les ravines à cause de l’érosion, il va falloir plus de travaux que de replanter des végétaux”, annonce Soibirdine Hachime, présent pour le lancement.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.