Le conseil départemental de Mayotte devait se prononcer, ce vendredi, sur la convention signée avec l’opérateur Zeop pour le déploiement de la fibre optique sur tout le département. Le sujet, qui a fait l’objet d’un débat parfois houleux, est reporté à la prochaine séance, des élus ayant fait remarquer qu’ils avaient à se prononcer sans même avoir le document sous les yeux.
Que contient la convention avec la Zeop ?
C’est la grande question à laquelle que la séance plénière du conseil départemental de Mayotte, ce vendredi, n’a pu répondre qu’en partie. Malgré des échanges vifs entre majorité et opposition, au sein de l’hémicycle Younoussa-Bamana, le président Ben Issa Ousseni a tranché. Le texte sera examiné une prochaine fois, car la convention en tant que telle n’a pas été donnée aux élus. « On ne peut pas demander aux élus de se prononcer sans la convention que l’on doit signer avec l’opérateur », admet-il.
Quand débutent les travaux ?
Si la convention n’a pas été présentée, quelques éléments permettent d’en apprendre un peu plus sur la délégation de service public (DSP) qui va être octroyée à Zeop. Préféré à Orange, l’opérateur téléphonique réunionnais doit assurer tous les branchements vers les particuliers sur une période de cinq ans et demi, les opérateurs locaux pouvant évidemment s’y raccorder. Les travaux s’effectueront en trois tranches. La première doit permettre de couvrir, « à l’horizon de la fin 2027 », les communes de Mamoudzou (sauf Vahibé), Majicavo-Lamir, les communes de Ouangani, de Dembéni dans un premier temps, puis Dzaoudzi, Tsingoni et M’tsangamouji. Deux câbles sous-marins sont également prévus entre Petite-Terre et Grande-Terre.
D’ici fin 2028, doivent suivre les communes de Pamandzi, Chiconi, Sada, Bandrélé, le port de Longoni, sa zone d’activités à proximité et le village d’Acoua. « D’ici 2030 en principe », la dernière phase concernera Bandraboua, M’tsamboro, Chirongui, Bouéni, Kani-Kéli, le reste de Koungou et M’tsangadoua.
Combien ça va coûter ?
Il s’agit de loin du projet le plus coûteux pour la collectivité locale. 183 millions d’euros vont y être alloués, la moitié par le conseil départemental, l’autre par le concessionnaire. L’État mettra également la main à la poche. « Il faut permettre à l’opérateur d’amortir son investissement », confirme Ben Issa Ousseni au sujet d’une DSP assez longue (trente ans). « Si le délai est plus court, on a le risque que les tarifs plus élevés. »
Est-ce qu’il y a de la fibre optique à Mayotte ?
Oui, l’opérateur Orange dans le nord de Mayotte et le conseil départemental de Mayotte dans le sud de Grande-Terre ont installé « une boucle locale », mais celle-ci doit être complété par le réseau FTTh (« Fiber to the Home »), soit des connexions jusque chez les particuliers. Selon l’Arcep, au 30 juin 2024, « 89 % des locaux du territoire national sont raccordables à la fibre et 5,1 millions de locaux restent encore à rendre raccordables ».
Pourquoi l’opposition s’inquiète ?
La durée envisagée de la DSP, trente ans, a suscité la réprobation des élus d’opposition. « C’est énorme. On met l’avenir des télécommunications à Mayotte sous la cloche de La Réunion pour les trente prochaines années », fait remarquer Hélène Pollozec. Selon la conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3, cela empêcherait un opérateur mahorais (si celui-ci venait à émerger) « d’être acteur du territoire ». « On a déjà délibéré ici. Au moment de signer, c’est maintenant qu’on remet en cause la durée de la DSP, les éléments du marché », s’énerve le président du conseil départemental de Mayotte, soulignant que dix millions doivent être investis dès le mois de décembre.
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.