Visite de Thani Mohamed Soilihi : « un moment de fierté collective » dans sa ville de Sada

A Sada, une foule en liesse a accueilli Thani Mohamed Soilihi, le secrétaire d’État à la Francophonie et des partenariats internationaux, ce samedi. Après un passage par Pamandzi et Dembéni, il s’agissait du premier retour dans sa commune de naissance pour le premier Mahorais à devenir membre d’un gouvernement. Reportage.

« Caribou monsieur le ministre », peut-on lire, ce samedi, à l’entrée de Mangajou, le premier village de la commune de Sada. Au son du maoulida shengue, Thani Mohamed Soilihi a naturellement choisi sa ville natale pour terminer sa première visite ministérielle à Mayotte. Pour accueillir « le fils de Sada, de Mangajou et de Mayotte »– son père vient de Mangajou et sa mère de Sada- la commune a mis les plats dans les grands. « Depuis un mois, on sait qu’il va venir alors on se prépare, ces deux dernières semaines ont été particulièrement intenses », confie un agent de la commune. La cérémonie qui s’est déroulée place Tihoni avait des airs de manzaraka. Une effervescence populaire a accueilli le premier Mahorais devenu membre d’un gouvernement français, à sa nomination, le samedi 21 septembre.

« C’est avec une joie immense et beaucoup d’émotions que je vous accueille ici », lui a adressé Houssamoudine Abdallah, le maire. Pour célébrer cette nomination historique, les femmes étaient parées de salouvas à l’effigie du drapeau français, les drapeaux tricolores flottaient dans les airs et des enfants arboraient des t-shirts « Thani Mohamed Soilihi, TMS ministre ». « Votre présence est bien plus qu’un événement officiel, elle est un moment de fierté collective. Cette nomination est plus qu’une reconnaissance individuelle, c’est une victoire collective. Une victoire pour nos anciens qui ont lutté pour que Mayotte reste dans la République française », a poursuivi l’élu, avant qu’une Marseillaise soit entonnée par les enfants des écoles de Sada et du conseil municipal des jeunes.

« Contribuer à ce que les causes de Mayotte soient entendues »

Thani Mohamed Soilihi n’avait pas foulé la terre mahoraise depuis qu’il est devenu secrétaire d’Etat à la Francophonie et des partenariats internationaux en septembre. « Trois mois sans voir notre magnifique lagon, respirer les parfums de notre île, manger du trovi ya nadzi », raconte-il à la foule. « Enfant, je n’aurais jamais imaginé que je serais le premier Mahorais à entrer dans un gouvernement. C’est le plus bel honneur de ma vie », souligne-t-il, en admettant mesurer aussi « la responsabilité qui en découle ».

Parmi les Sadois présents ce samedi, c’est la fierté qui domine et également beaucoup d’espoir. Yasmine, adolescente, espère que le ministre « pourra aider sur tout ce qui se passe à Mayotte et qu’il pourra faire quelque chose contre la violence ». De son côté, Moizany Ali qui est par ailleurs sa cousine espère aussi que le fait « d’être au plus proche » du Premier ministre Michel Barnier et du chef d’État, Emmanuel Macron, « fera bouger les choses ». Ces fortes attentes, le secrétaire d’État en a bien conscience. « Je ferai tout pour y répondre à ma place mais aussi en tant qu’intermédiaire entre les revendications de nos compatriotes mahorais et mes collègues membres du gouvernement », affirme-t-il. Sa position lui permettra-t-il d’influer pour Mayotte ? Il estime que par sa simple présence dans l’équipe gouvernementale, « les gens savent que je suis de Mayotte et cela contribue à ce que les causes de Mayotte soient entendues ».

Au terme de cette rencontre avec les Mahorais, Thani Mohamed Soilihi n’a pas caché son émotion. « Je m’attendais à un accueil chaleureux, mais franchement pas à ce point, les Mahorais m’ont encore étonné. Mayotte a toujours été championne de l’accueil », s’enthousiasme-t-il.

Un partenariat économique avec le Kenya

La visite du secrétaire d’État à la Francophonie et des partenariats internationaux n’était pas seulement de courtoisie. Elle avait pour but de préparer une convention économique entre le Kenya et Mayotte. A cet effet, dès son arrivée à Mayotte, il a présidé à Pamandzi une réunion de travail avec l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (l’Adim), les élus et les représentants de l’État. Dès dimanche, il s’est envolé pour le Kenya pour signer cet accord avec la Chambre du commerce de du pays d’Afrique de l’Est. Celui-ci vise à développer une coopération économique dans l’économie bleue, l’agroalimentaire, le numérique ou le tourisme.
Interrogé sur ce qu’il peut faire à son niveau sur la Loi Mayotte et la suppression du droit du sol, il a indiqué que ces sujets ne font pas partie de son portefeuille, « ils relèvent de Bruno Retailleau [ministre de l’Intérieur] et de François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer. Vous pouvez compter sur moi pour faire remonter ces sujets sensibles à mes collègues qui en ont la compétence première », a-t-il assuré.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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