Madi Fahar, un président pressé à se mettre au travail

Des trois listes engagées dans la course aux commandes de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte (CMA), il ne pouvait en rester qu’une à l’issue du dépouillement des voix et c’est celle conduite par Madi Fahar qui remporte la mise (277 votants favorables) avec seize sièges au total sur 25 (voi encadré). Des chiffres suffisamment éloquents pour dissuader tout recours en annulation de la part de ces challengers. Les responsables de la plus perdante des trois listes assurent préférer se consacrer à préparer l’échéance de 2026. 

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Le scrutin s’est déroulé un temps dans la cacophonie, ce mercredi.

Madi Fahar a le sourire depuis mercredi soir à l’issue du dépouillement des bulletins de vote. Il ne s’est pas trompé dans ses prédictions de campagne, il est assuré de devenir le nouveau président de la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte. Une très forte majorité d’artisans et de commerçants ont choisi de reporter leurs voix sur la liste qu’il a conduit dans le but de reconstituer une nouvelle majorité et pour poursuivre la destinée de cette chambre consulaire. Sa liste, « Les artisans de Mayotte », sort vainqueur du scrutin en remportant 277 voix contre 220 et 158 pour ses opposants de « Réunir les artisans » d’Abdou Fouadi et « Réussir ensemble » de Madi Baco.

Tout au long de sa campagne, mais aussi devant le bureau de vote, mercredi, durant les perturbations qui ont émaillé la journée électorale, il a répété à qui voulait l’entendre, « il faut mettre de l’ordre dans notre institution et reprendre au le travail au plus vite, il en va de la survie de nos différents secteurs d’activité et de nos entreprises. Il faut tisser un maximum de relations qui puissent nous permettre de faire redécoller l’artisanat et sauver ce qui peut encore l’être ». Madi Fahar est convaincu qu’il est l’homme de la situation pour redonner un nouveau cap à la CMA mise à mal par une année et demie de quasi-inactivité et une tutelle qui n’a résolu aucun problème.

Régler les finances

La nouvelle assemblée ne tardera pas à être convoquée dans les prochains pour élire son président, son bureau et ses commissions. Elle se trouvera aussi devant une réalité, valider les comptes de l’ancienne équipe dont Madi Baco a été le porte-drapeau au cours de ces élections du mercredi 20 novembre. Pour rappel, ce sont ces mêmes comptes qui ont été la source d’un bras de fer entre les services de la préfecture et la majorité sortante à la CMA, en raison des chiffres avancés par les uns et contestés par les autres, s’agissant du déficit budgétaire de l’exercice 2023. Pour les services de l’Etat, ce déficit se monte à seulement 800.000 euros alors que l’équipe qui était aux commandes de la CMA soutient qu’il s’élevait à 2,8 millions d’euros. Comment faire pour sortir de l’impasse quand on sait que seule l’assemblée délibérante est compétente pour entériner ces comptes ? « Wait and see », nous répond un membre de l’équipe Madi Baco, qui confirme avoir reçu des appels du pied des vainqueurs du scrutin de ce mercredi pour renforcer encore leur majorité de seize sièges et travailler ensemble.

« Une trahison » chez les sortants

Très proche de Madi Baco, Soulaïmana Bamana confirme cette main tendue, laquelle a très peu de chance d’être suivie de faits d’après lui. « Outre les manœuvres de l’administration, nous avons été trahis par des gens avec lesquels nous avons pourtant beaucoup travaillé. A croire que les gens ne savent pas ce qu’ils veulent vraiment. Il est certain que nous ne participerons pas à la prochaine majorité car il est hors de question que nous validions les comptes 2023 tels que la préfecture entend les présenter », persiste et signe « Solo » Bamana. A l’instar d’autres membres de sa liste, il exclut toute perspective de recours en annulation contre l’issue de ce scrutin malgré « les nombreux manquements à la loi dont s’est autorisé le préfet dans l’organisation de ces élections ».

Il annonce préférer se retirer pour mieux se préparer à l’échéance de 2026, estimant qu’une année et demie est un timing beaucoup trop court pour permettre à Madi Fahar et ses collègues de réaliser quoi que ce soit. « On va les contraindre à tomber dans l’escarcelle des lobbys réunionnais et alimenter leurs centres de formation avec nos jeunes, au lieu de se battre pour créer à Mayotte nos propres CFA. » Autre membre de la liste et proche soutien de Madi Baco, Midladj Mnémoi enfonce le clou, « l’argent des Mahorais va être distribué aux entreprises réunionnaises à raison de 90.000 euros par an alors que l’économie de notre île qui est sinistrée depuis plusieurs années en a tant besoin. Allez comprendre la logique de ces hauts fonctionnaires sensés sortir Mayotte de ses difficultés ».

Preuve que si la nouvelle majorité veut aller de l’avant, les rancœurs sont toujours là chez les sortants.

Les résultats confirmés

La commission d’organisation des élections s’est réunie, jeudi matin, dans les locaux de la préfecture de Mayotte à Mamoudzou pour proclamer les résultats officiels. Nombre d’inscrits : 5.061 ; Nombre de votants : 657 ; Nombre de suffrages valablement exprimés : 653 ; Taux de participation : 13%.

La liste « Les artisans de Mayotte » obtient seize sièges, « Réunir les artisans pour construire Mayotte » a cinq sièges, et « Réussir ensemble », les quatre qui restent. Pour rappel, lors des élections de renouvellement quinquennal de 2021, le nombre de suffrages exprimés était à 744.

Journaliste politique & économique

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