A M’gombani, une boîte aux lettres pour libérer la parole

Une boîte aux lettres chargée de recueillir les situations de harcèlement a été inaugurée, ce jeudi, au collège de M’gombani, à Mamoudzou, en présence du recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic. Un outil qui s’inscrit dans un programme national de lutte contre le harcèlement scolaire. Une problématique dont les membres de l’établissement ont souhaité se saisir.

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Les parents d’élèves du collège Halidi-Selemani soutiennent cette initiative contre le harcèlement scolaire.

« Ça va permettre aux élèves discrets, ceux qui n’osent pas parler devant les adultes, de pouvoir prendre la parole », énonce l’un des élèves de troisième. Au collège de M’gombani, à Mamoudzou, une boîte aux lettres a été installée dans un but bien précis, lutter contre le harcèlement scolaire. L’objet a été inauguré, ce jeudi, en présence de Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte, et Hélène Pollozec, conseillère départementale du canton de Mamoudzou 3. Disposée dans le sas d’entrée du collège, à proximité du bureau de l’infirmière scolaire et de l’assistante sociale, cette boîte pourra recueillir des témoignages de harcèlement dont les élèves voudront faire part. Une idée qui s’inscrit dans le cadre du programme de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARE) établi par l’Éducation nationale. « C’est une volonté du ministre de contribuer à la lutte contre le harcèlement. Les études en neuroscience montrent que la bienveillance est structurante du cerveau et des apprentissages. Donc on doit aussi le prendre en compte », rappelle Jacques Mikulovic.

Libérer la parole

Les parents d’élèves du collège ont tenu à être présents pour cette inauguration. Dans la cour de l’établissement Halidi-Selemani, Moilimo Sarah, représentante des parents d’élèves, explique : « Pour nous, il est essentiel de sensibiliser les enfants. Sur le territoire, la question de la violence est très sensible. Ça se reflète par le harcèlement et le cyberharcèlement. Ce type d’initiative porté par les tripartite, parents d’élèves, équipe enseignante et enfants peut mettre le doigt dessus, sur un sujet encore tabou ». Deux élèves font d’ailleurs état de faits de harcèlement qui ont pu exister dans leur établissement. Une autre, âgée de 12 ans, se dit satisfaite de cette action : « Je pense que c’est bien ce qui a été mis en place. Des élèves n’ont pas la capacité de s’exprimer alors qu’il souffre beaucoup ». Selon une enquête de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) sur le harcèlement publiée en février 2024, 6% des collégiens seraient touchés par des faits de harcèlement. La même adolescente se confie : « Je me suis fait harceler, je n’ai pas eu l’occasion d’en parler. On ne ressent pas les choses de la même manière, mais certaines situations peuvent amener à des cas mortels ».

Nadège Hoarau, principale adjointe au collège de M’gombani, est déterminée à lutter contre ce fléau. « On ne voudrait pas que ça se passe ici. Nous voulons qu’il y ait un cadre serein. Le harcèlement n’est pas quelque chose d’anodin. On souhaite que cette journée soit le début de quelque chose. On veut que tous nos élèves disent : « non au harcèlement ». »

*Les noms des élèves ont été anonymisés.

Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.

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