L’équipe du plan Ecophyto Mayotte a organisé la matinée de l’agroécologie au lycée agricole de Coconi, ce samedi 2 novembre. Des conférences étaient consacrées aux pesticides dans l’air à Mayotte et aux alternatives à leur utilisation dans les cultures.
Sur le territoire, l’association Hawa Mayotte surveille la qualité de l’air. Ce samedi 2 novembre, son directeur Bruno Brouard-Foster a présenté les enjeux autour des pesticides dans l’air à Mayotte. Utilisés à des fins agricoles (herbicides, fongicides ou encore insecticides), ces produits phytosanitaires peuvent se retrouver dans l’air pour plusieurs raisons : à cause de l’érosion des sols qui en sont chargés, parce qu’ils se sont volatilisés, à la suite d’une dérive lors de leur application, de par leurs transformations chimiques ou car ils ont été transportés avec les conditions météorologiques.
À Mayotte, un site de mesure situé dans le golf de Combani est dédié à la surveillance des pesticides dans l’air. Cet endroit a été choisi car il se trouve sur le bassin maraîcher du territoire et à proximité des premières parcelles agricoles. Alors que les produits phytosanitaires ont de multiples effets sur la santé et l’environnement, et entraînent une toxicité aiguë et/ ou chronique, une campagne exploratoire a été lancée en 2018 pour étudier leur présence et quantité.
Menée sur un an et financée par le ministère de l’Environnement, cette campagne, renouvelée trois ans plus tard entre 2021 et 2023, a permis de rechercher 77 molécules. « Au terme de ces deux études, une dizaine de molécules ont été détectées avec des concentrations très très faibles sous les limites de quantification », souligne Bruno Brouard-Foster. Le lindane, un insecticide, est celle qui revient le plus fréquemment. «Des résultats plutôt rassurants », selon le spécialiste qui se demande néanmoins « si on ne passe pas à côté de certaines molécules ». Pour des résultats plus complets, « il faudrait instrumenter un deuxième site de mesure dans une autre localisation », estime-t-il. Mais cela représente un coût financier important. Pour l’instant, il n’existe pas de réglementation fixant des normes de qualité et des seuils pour les produits phytosanitaires dans l’air. “Il est donc compliqué de comparer les concentrations obtenues sans recommandations sanitaires”, convient le chercheur.
Présents dans les anti-moustiques, sprays…
Hormis l’agriculture, il ne faut pas négliger « l’importance de ces produits dans notre quotidien sur la santé», précise le chimiste. Ils se retrouvent aussi dans les anti-moustiques, les sprays ou encore dans les spirales. « Quand on brûle une spirale, ce qu’on inspire n’est pas bien connu mais est potentiellement dangereux », alerte-t-il.
Pour ne plus dépendre des pesticides, plusieurs alternatives existent, comme la prophylaxie, une technique pour prévenir l’apparition et la propagation des maladies et ravageurs des cultures. “Pour cela, il faut les surveiller régulièrement, couper et détruire les organes touchés et ne pas oublier de désinfecter et nettoyer le matériel”, précise Juliette Paineau, chargée de mission animation du Plan Ecophyto. Il est aussi possible de lutter physiquement contre les ravageurs en installant des filets anti-insectes ravageurs, pour prévenir notamment la présence de la mouche des solanacées qui peut entraîner jusqu’à 100 % de pertes de rendement. Par ailleurs, il y a l’option qui consiste à introduire des espèces auxiliaires qui sont des prédateurs naturels des ravageurs, avec la larve de coccinelle, prédatrice des pucerons par exemple. Ou encore de répandre dans les champs des préparations naturelles peu préoccupantes, fabriquées à partir de matières premières d’origine naturelle et utilisées comme protection des plantes. Si malgré ces techniques, il y a besoin d’avoir recours aux produits phytosanitaires, la chargée de mission rappelle qu’une formation est obligatoire pour les agriculteurs professionnels, elle est dispensée au Centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Coconi.
Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.