Habit’Âme à l’Élysée : « On a pu parler avec le président de la République »

Hannah Dominique, co-fondatrice d’Habit’Âme, s’est rendue avec trois salariés à la Grande Exposition du Fabriqué en France, au palais de l’Élysée, samedi 26 et dimanche 27 octobre. Le rendez-vous était donné aux entreprises, artisans, producteurs et industriels qui produisent et fabriquent en France. Pour l’entreprise mahoraise, qui donne une nouvelle vie aux déchets plastiques de l’île et aide à la réinsertion professionnelle, l’évènement a été l’opportunité de porter fièrement son projet social et solidaire.   

 Flash Infos : Quel projet avez-vous présenté à la Grande Exposition du Fabriqué en France ?  

Hannah Dominique : On a présenté la Plaque’stique, des plaques de plastique recyclé. Celle qu’on a exposé est faite à partir des bennes de collecte de Sidevam. Elle fait un 1m20 sur un mètre, avec un centimètre d’épaisseur et elle est résistante aux ultraviolets. Elle peut être utilisée en matériaux de second œuvre comme pour une paroi de douche, un plan de travail, pour du mobilier urbain, mais aussi de la signalétique… Ce produit est fait pour des promoteurs qui construisent de nouveaux logements comme la Société immobilière de Mayotte (SIM), mais aussi pour des particuliers qui rénovent leur maison par exemple, ou pour construire les nouveaux abris de bus de Caribus, par exemple.  

F.I. : Pourquoi c’est important pour Habit’Âme, entreprise mahoraise, de se rendre à l’évènement ?   

H.D. : Ce qui était présenté à l’Élysée, c’était certes un matériau de second œuvre, mais surtout le projet d’Habit’âme dans son intégralité, qui se base sur une économie sociale et solidaire.  Il tourne autour de trois problématiques.  La production de matériaux de construction locaux sur le territoire, pour pouvoir couvrir l’ensemble des besoins mahorais. Répondre à la prolifération des déchets plastiques, en l’absence de solutions de revalorisation de ces déchets sur le territoire : parce qu’au mieux, ils sont exportés, au pire, ils ne sont pas triés donc enfouis, et au pire du pire, ils sont balancés dans la nature. Et le troisième volet, c’est l’insertion, puisque beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés et le taux de chômage est très élevé. Le modèle qu’on défend est économiquement vertueux car il permet de répondre sur les plan économique et écologique. On voulait porter ce projet nous-mêmes, avec des salariés de l’entreprise. Au total, nous étions quatre à aller à l’Élysée, avec le responsable de production, son second et un salarié en insertion. Et pas n’importe où. Le responsable d’atelier et moi-même avons rencontré le président de la République, Emmanuel Macron, on a pu parler avec lui. Voilà, ça, c’est quelque chose pour nous, de permettre de faire vivre cette expérience à des salariés.  Et en tant qu’entreprise mahoraise, c’est aussi important de faire parler de l’île positivement, de montrer une autre image de Mayotte que celle des médias au niveau national.  

F.I. : Où en est l’entreprise dans son processus d’industrialisation des Plaque’stique ? 

H.D. : Nos échantillons tests vont être envoyés la semaine prochaine en laboratoire. En fonction des résultats, on pourra dire tel type de plastique aura telle utilisation. Par exemple, des bouteilles de yaourt à boire pourront être recyclées en paroi de douche. On a un mois de délai pour avoir une commercialisation fin d’année 2024. Aujourd’hui, on emploie dix personnes, dont sept en insertion. Pour nous, être à l’Élysée, c’était aussi reconnaitre cette évolution sur six mois puisque notre premier salarié en insertion a été embauché en juin. On prend notre temps, on se fixe des objectifs atteignables. On va déménager sur un site plus grand début 2025, pour envisager d’investir dans des machines de plus haute capacité. Actuellement, on a une capacité théorique de 85 tonnes de plastique recyclé par an. Au regard de la situation à Mayotte, ce n’est pas assez. On aimerait atteindre 150 tonnes. Notre idée, c’est aussi de faire monter en compétences nos partenaires, pour que ces machines soient en partie produites à Mayotte. Ce qui permettrait de créer des emplois. Et ce, en continuant notre volet sensibilisation sur le recyclage, notamment dans les écoles.  

Légende : Hannah Dominique, gérante d’Habit’Âme, et Mounibou Cassime, responsable de production et encadrant technique d’insertion, ont rencontré Emmanuel Macron, lors de la Grande Exposition du Fabriqué en France, au palais de l’Élysée, samedi 26 et dimanche 27 octobre. 

 

Fraîchement arrivée sur l’île, je suis journaliste à Mayotte Hebdo et Flash Infos. Passionnée par les actualités internationales et jeunesses, je suis touche-à-tout. Mon allure lente et maladroite à scooter vous permettra de me repérer aisément.

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