Accident mortel à Sakouli : le conducteur du pick-up condamné à quatre ans de prison ferme

Le matin du mercredi 4 septembre, une fratrie a été renversée au bord de la route nationale à Sakouli, dans la commune de Bandrélé, par un véhicule blanc. Deux petites filles de 4 et 5 étaient décédées sur le coup, un troisième enfant âgé de 11 ans est toujours hospitalisé à La Réunion. Sans permis de conduire, le conducteur de 21 ans a été condamné, ce lundi, à quatre ans de prison ferme et une interdiction de passer le permis de conduire pendant cinq ans. Il devra également indemniser les parents des enfants.

« Une voiture blanche qui faisait des zigzags », c’est comme ça que le quatrième enfant se souvient de l’arrivée du véhicule dans le virage qui sépare le village d’Hamouro et Sakouli, le 4 septembre, à 5h30. Ce jour-là, il suivait ses deux sœurs et son frère qui marchaient en file indienne le long de la route nationale, après avoir quitté le domicile de leur père à Sakouli, dans la commune de Bandrélé. Les trois plus jeunes fréquentaient l’école d’Hamouro, où vit leur mère, tandis que le plus grand va au collège de Bandrélé. D’habitude, c’est leur père qui ferme la marche en portant un gilet jaune. Il devait d’ailleurs les rejoindre, ce matin-là. Il n’en a jamais eu le temps, car son fils est revenu en courant pour le prévenir du drame. Le seul véhicule impliqué avait, en effet, traverser la route pour terminer sa course dans la barrière de sécurité, là où la fratrie se trouvait. La chaussée était certes détrempée après un épisode pluvieux, mais les gendarmes ont observé qu’il n’y avait eu aucune trace de freinage.  « C’étaient des victimes qui ne demandaient rien à personne, qui allaient à l’école », rappelle Stéphanie Pradelle, la procureure adjointe. « L’état des corps ajoute à l’horreur. » Avec la violence du choc, les petites filles de 4 et 5 ans sont mortes sur le coup. Le grand frère de 11 ans était lui dans un état grave et a dû être évasané vers La Réunion. En service pédiatrique désormais à Saint-Denis, avec sa mère à ses côtés, il est toujours paralysé au niveau du visage.

« Une certaine loyauté »

Devant les juges du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce lundi après-midi, c’est une nouvelle explication sur les faits que donne Koussoy Achirafi. Sans permis de conduire, ce Comorien âgé de 21 ans, en attente d’un renouvellement de son titre de séjour, avait raconté initialement avoir pris le véhicule à Dembéni, sans l’accord du propriétaire, pour s’acheter des samossas à Bandrélé. Une version qu’il réfute désormais, puisqu’il dit devant les juges qu’il « avait trois personnes avec lui » dans la voiture et qu’ils se rendaient à Kani-Bé sur un chantier de construction. Ce n’est plus lui qui a pris les clés, mais bien le propriétaire de la voiture qui lui a donné pour qu’il emmène ses ouvriers sur leur lieu de travail. « Il a certaine loyauté envers la famille qui l’héberge avec son épouse lycéenne et son bébé », explique maître Jean-Baptiste Kondé, l’avocat du jeune père de famille.

Ce dernier se retrouve face à des juges qui doutent désormais de son honnêteté. « Pourquoi on devrait vous croire maintenant ? », lui demande Ludovic Duprey. « C’est la vérité, la seule vérité », répond le prévenu. Il concède qu’il n’était « pas assez vigilant, peut-être que je roulais trop vite ». N’osant pas regarder derrière lui (le père et son fils qui assisté à toute la scène sont assis sur le banc des prévenus), il soutient qu’« [il] ne sait pas quoi dire. Ce que je peux dire, c’est que j’ai de la peine pour les petits ». Pour la procureure adjointe, « il ne faut pas se tromper du cible ». Même si on a pu lui demander de conduire ce véhicule alors qu’il n’a pas le permis, « c’est lui qui conduit » et ne maîtrise pas son véhicule à la sortie du virage. Si son avocat ne nie pas la faute, il fait remarquer « que ce n’est pas un délinquant, qu’il n’a ni fumé ni bu ».

Koussoy Achirafi est condamné finalement à quatre ans de prison ferme, une interdiction de passer son permis de conduire pendant cinq ans, un maintien en détention et une obligation d’indemniser les parties civiles (le montant des dommages et intérêts sera fixé lors d’une audience sur les intérêts civils en mars 2025). Un supplément d’information a été demandé par maître Kondé et accepté par le tribunal. L’avocat avait fait valoir que faute d’expertise dans le dossier, il n’est pas clairement établi que la vitesse excessive, voire la détérioration du véhicule (il aurait eu un accident un mois plus tôt), ait provoqué l’accident.

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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