Qu’est-ce que le GPO défendu par le préfet de Mayotte ?

Avec les groupements de partenariat opérationnel (GPO), l’idée est de pouvoir se concentrer sur des territoires et des problématiques précises en réunissant forces de l’ordre, associations, la commune et les services de l’État autour de la table. A Mayotte, le préfet François-Xavier Bieuville s’appuie sur ce dispositif pour tenter d’enrayer la délinquance. Explications.

Comment ça marche ?

« On fait travailler tout le monde, le maire, les associations, les services de la commune, la gendarmerie, la police et on essaye de recueillir du renseignement un peu intéressant », défend le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Ce partisan convaincu par le groupement de partenariat opérationnel (GPO) compte développer ce dispositif qui se décline à petite échelle (village ou intercommunalité) pour mettre fin à la commission de faits de délinquance.

Quel est l’intérêt des forces de l’ordre ?

Il part d’un principe simple, il n’y a pas mieux que la population pour faire remonter les problèmes et éventuellement repérer quelles personnes en sont à l’origine. En associant citoyens et associations, gendarmes et policiers peuvent ainsi mieux cibler leurs actions. Pour éviter les représailles, « on protège les personnes qui nous donnent des renseignements avec une confidentialité absolue », assure le préfet, qui a fait un point sur la sécurité et sur l’apport de ces GPO avec les élus locaux, ce jeudi, à Mamoudzou.

Et côté mairies ?

Ce GPO est une réponse à l’une des revendications des maires mahorais d’être mieux associés aux opérations des forces de l’ordre. Ils peuvent ainsi y apporter leur concours. Et pour les associations, « ce qui est intéressant, c’est ce que vous prenez la mesure de votre implication sociale. Ce travail avec les associations est important parce qu’il va nous permettre d’irriguer le terrain », estime le préfet.

Où les GPO sont mis en place ?

La préfecture en comptabilise déjà six et le premier a vu le jour à Combani-Miréréni, deux villages connus pour des affrontements récurrents entre les bandes de jeunes. « On a Tsoundzou, Dembéni-Iloni qui va peut-être être étendu à Tsararano. En Petite-Terre, on s’appuie sur le CLSPD (N.D.L.R. conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) qui fonctionne bien. C’est un CLSPD+ si vous voulez. Tandis que Sada s’est lancé récemment », énumère le directeur de cabinet du préfet, Aurélien Diouf. L’un des derniers GPO est celui de la commune de Koungou, qui se concentre davantage sur les villages de Majicavo-Koropa et Koungou.

Qu’est-ce qui enclenche la création d’un GPO ?

« On commence par un village et une problématique », explique le directeur de cabinet de la préfecture. Il prend l’exemple de Koungou et Majicavo-Koropa, une zone où les caillassages sont réguliers. A Combani, c’est vers les associations sportives que les efforts se sont concentrés au départ, les violences ayant parfois lieu en marge des compétitions.

D’autres créations sont-elles à venir ?

C’est le souhait de la préfecture en tout cas, qui a vu l’interpellation récente des agresseurs des automobilistes, le 11 octobre à Koungou, comme le signe que le GPO de Koungou fonctionne. Deux nouvelles communes se sont montrées intéressées lors de la conférence sur la sécurité de ce jeudi, Bandrélé et Acoua. La première a en mémoire les affrontements entre Nyambadao et Hamouro, d’il y a deux semaines. Alors que pour la plus petite commune de Mayotte, Aurélien Diouf évoque quelque chose de plus cibler, notamment sur des individus avec des chiens.

Pour Mamoudzou, la préfecture de Mayotte ne cache pas qu’elle aimerait la création d’un GPO pour le village de Kawéni.

« Le rideau de fer » maritime pas encore monté

Promis par Gérald Darmanin, l’ex-ministre de l’Intérieur et de l’Outremer, « le rideau de fer » maritime « est en train de se mettre en place », assure le préfet. Il s’appuie déjà sur deux choses, le futur ponton de l’îlot Mtsamboro et la mise en service de deux radars sur des anciennes barges. Le premier servira à réduire le délai d’intervention des intercepteurs. « La zone du nord est celle où les passeurs passent le plus souvent », affirme le délégué du gouvernement. « Il faut 45 minutes pour monter depuis Dzaoudzi quand la mer est bonne. Demain, il faudra cinq ou dix minutes pour arriver à intercepter un kwassa au nord. » Concernant les nouveaux radars, « ils auront une meilleure détection et une meilleure perception ». « Des éléments techniques » supplémentaires seraient en cours de validation par le ministère de l’Intérieur.

Sur les expulsions d’étrangers en situation irrégulière en provenance de l’Afrique des Grands lacs, la préfecture comptabilise six vols réalisés grâce à un accord avec la République démocratique du Congo. « Cela fait 110 personnes exactement. » Une visite de Bruno Retailleau dans cette zone géographique doit normalement déboucher sur d’autres accords de reconduite à la frontière (son prédécesseur Gérald Darmanin avait fait la même promesse).

Une lettre aux habitants

Avant de rencontrer les élus, ce jeudi matin, le préfet de Mayotte s’est fendu d’une lettre « aux Mahoraises et aux Mahorais ». Revenant sur l’agression d’une famille à Koungou, le 11 octobre, il fait état de l’interpellation des auteurs et du téléphone portable retrouvé. C’est ce fait-divers en plein jour et dans le centre du village qui a poussé le collectif des citoyens de Mayotte à bloquer dès le lundi suivant le bureau des étrangers de la préfecture de Mayotte, à Mamoudzou. Louant la mise en place du GPO de Koungou (voir ci-dessus), il défend son bilan en s’appuyant une baisse de 5,8% des faits de violence par rapport à 2023. « Le message des Mahoraises et des Mahorais est très clair et constant : les Mahoraises et les Mahorais ne veulent pas d’un préfet qui commente les violences, ils veulent un préfet qui agit pour améliorer leur quotidien », fait-il valoir. La lettre est à retrouver sur notre site mayottehebdo.com

Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.

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