La compagnie aérienne Air Austral devrait bientôt présenter son plan de retournement à ses employés. Une tentative de sauvetage à laquelle ne souscrit pas par les pilotes regroupés dans le syndicat national des pilotes de ligne. Ils s’estiment écartés alors qu’ils ont déjà consentis à plusieurs efforts. Selon eux, la stratégie de la compagnie ne serait pas sans incidence pour Mayotte puisque le remplacement privilégié des Boeing 787 par Airbus pourrait mettre fin à la ligne directe Mayotte-Paris.
Ce sont encore des bruits de couloirs, mais ils ont été suffisamment entendus pour provoquer la colère des pilotes de ligne d’Air Austral. Ces derniers, réunis au sein du syndicat national des pilotes de ligne, sont bien au fait des difficultés financières de la compagnie aérienne. Ils ont accepté une baisse de salaire via un troisième accord de performance collective d’une durée de deux ans. En échange, ils devaient être associés davantage aux décisions et à la stratégie de leur entreprise. Ce qui n’a pas été le cas. Aujourd’hui, ils souhaitent donc « attirer l’attention de la Région Réunion (N.D.L.R. parmi les actionnaires), de ses actionnaires privés et surtout des Réunionnais, sur la situation actuelle de notre belle compagnie réunionnaise Air Austral, et sur le plan de retournement qui est à l’œuvre ».
Dans leur ligne de mire, ils ont Marc Rochet et son cabinet Aérogestion qui conseille plusieurs compagnies dont la leur depuis des années. Selon eux, depuis l’arrivée de l’investisseur privé Run Air, les experts ont pris peu à peu le contrôle de la compagnie aérienne et cela devrait s’accentuer avec le potentiel futur président du directoire, Hugues Marchessaux. Ils y voient un problème, car le cabinet n’ayant « pas, à ce jour, avoir apporté d’économies significatives » ou « ni proposer de solution pour résoudre, sur le long terme, les pertes financières liés aux problématiques des appareils A220 » qui sont tombés en panne récemment.
Un retour des escales réunionnaises ?
Selon Vivien Rousseau, président de la section Air Austral du SNPL, Aérogestion défend aussi l’idée de remplacer les Boeing 787 par des Airbus. Si les pilotes ne sont pas opposés à changer d’appareils, ils alertent sur les conséquences qui en découleraient, notamment pour la ligne Mayotte-Paris. « Les Airbus A330 ne peuvent pas se poser à Dzaoudzi quand la piste mouillée », rappelle le pilote de ligne, qui suppose que cela déboucherait sur un retour en arrière, avec des passages obligés par La Réunion où les coûts d’exploitation ou de carburant sont moins élevés qu’à Mayotte. Alors que la compagnie aérienne est la seule à faire le trajet direct vers la métropole, il confirme que cela serait « un coup à la continuité territoriale ».
Il s’inquiète également pour une autre ligne pourtant profitable à Air Austral, celle entre La Réunion et la capitale thaïlandaise Bangkok, qui attire des touristes partant de toute la région. « Le cabinet ne veut pas augmenter notre offre sur des lignes fortement demandées en période de pointe et s’oppose également aux affrètements pour assurer le transport de nos passagers en cas de panne d’avion », déplore le syndicat. Il décrit un climat social tendu « sur fond de rumeurs et d’incertitudes, atmosphère qui se détériore encore, engendrant une angoisse constante quant à l’avenir de la compagnie et celui des employés ».
Il dresse d’ailleurs un tableau noir de la situation si la compagnie était amenée à être clouée au sol. « L’attrition, voire la disparition d’Air Austral, qui est un acteur majeur tant pour le rayonnement de la France dans l’océan Indien, que pour la connectivité de l’île de la Réunion et pour son environnement économique régional, et sans oublier le rôle sociétal essentiel pour l’île, serait une catastrophe de plus pour nos Outre-mer. »
Rédacteur en chef de Flash Infos depuis 2022. Passionné de politique, sport et par l'actualité mahoraise, ainsi que champion de saleg en 2024. Passé un long moment par l'ouest de la France, avant d'atterrir dans l'océan Indien au début de l'année 2022. Vous me trouverez davantage à la plage quand je ne suis pas à la rédaction.